Entre quête d’études et vraie fuite…Tous les chemins mènent à Paris

Entre quête d’études et vraie fuite…Tous les chemins mènent à Paris

A la recherche d’une meilleure qualité de formation

Pas moins de 16.000 étudiants algériens postulent chaque année à une inscription dans des universités françaises, à partir de l’Institut culturel français d’Alger.



Face aux difficultés multiples rencontrées au niveau de l’enseignement supérieur, les étudiants algériens quittent le pays à la recherche d’une meilleure qualité de formation, notamment le choix de spécialités non disponibles en Algérie. Ils partent en masse vers l’Europe et optent en premier lieu pour la France. Ainsi, en 2012, ils ont été 16 000 à postuler pour une place d’étudiant dans les universités de l’Hexagone, en raison de la proximité culturelle et de la maîtrise de la langue de Molière.

La majorité des étudiants, soit près de 80% qui s’inscrivent à l’ICF viennent particulièrement de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa. Campus France exige des postulants l’authentification des diplômes, alors que le département de l’enseignement supérieur algérien leur a recommandé de s’inscrire préalablement.

Cependant, d’ici là, le délai d’inscription, dont la date limite est prévue pour mars, serait dépassé. Ils sont déjà partis, se préparent à partir, ou n’ont pas encore obtenu de visa, ce fameux sésame qui leur permet de réaliser un rêve longtemps caressé, parfois reporté, mais jamais abandonné.

Le handicap financier

Le rêve de poursuivre des études supérieures en Europe, plus particulièrement en France les hante depuis qu’ils sont au lycée… C’est l’histoire d’une bonne partie des étudiants algériens qui cherchent à tout prix à quitter le pays natal dans l’espoir de s’inscrire dans des établissements d’enseignement supérieur à l’étranger, synonyme de séjour régulier avec perspectives d’avenir plus prometteuses.

Encouragés par l’état de déliquescence de l’Université algérienne qui ne leur offre aucune des commodités nécessaires à la vie estudiantine, ces candidats à l’exil volontaire se trouvent confrontés aux dures conditions de séjour dans le pays d’accueil, en l’absence d’une prise en charge adéquate. Livrés à eux-mêmes et sans repères, ils se retrouvent parfois dans des situations qui peuvent mettre en péril la poursuite de leurs études en France et la réalisation de leur rêve.

A défaut d’une bourse conséquente consentie par leur pays, des milliers de jeunes étudiants algériens ne tiennent le coup que grâce à leurs parents, parfois simples salariés en Algérie, qui consentent d’énormes sacrifices pour leur faire parvenir de petites sommes d’argent afin de faire face, un tant soit peu, à une situation économique et sociale peu reluisante, tout juste pour ne pas faire la manche.

Ces difficultés financières récurrentes affectent sérieusement l’état psychologique de ces jeunes étudiants abandonnés à leur sort.

Pour Racim, un jeune étudiant algérien inscrit à l’ICF, Université Jules Verne d’Amiens en France, qui a quitté le pays à l’âge de 19 ans, juste après l’obtention du Bac, série sciences avec mention, il raconte que son départ du pays a été, dans une large mesure, motivé par le rejet de l’ensemble de ses choix de filières en Algérie, et son orientation vers une filière non souhaitée.

«Comme tout étudiant algérien, démotivé par l’univers estudiantin chez nous et l’administration bureaucratique et tatillonne des facs algériennes, ainsi que le niveau d’études et les grèves répétées, je me suis senti dans l’obligation de quitter le territoire national pour m’offrir des études à la hauteur de mes ambitions, et m’assurer un avenir meilleur que celui que je pourrai avoir dans mon pays. J’ai eu le soutien de tout mon entourage pour entamer les démarches au CCF d’Alger», poursuit-il.

Le rêve était trop fort

«Je savais que la procédure serait longue et pénible, mais le rêve après l’évasion, avec au bout du compte l’obtention d’un diplôme international, était aussi fort que déterminant dans mon désir de réussite aux tests linguistiques et entretiens, ainsi que la présentation du numéro de compte bancaire en devises grâce auquel j’ai obtenu l’avis favorable tant désiré par tous les étudiants qui caressent le rêve de rejoindre les universités d’outre-mer», ajoute-t-il encore.

Pour Jiji, jeune étudiante originaire de Tizi Ouzou, titulaire d’une licence de français, elle trouve anormal et humiliant qu’on lui fasse passer un test de langue eu égard à son niveau intellectuel.

Mais s’agissant d’une étape obligatoire pour pouvoir postuler à des études supérieures en France, elle ajoute qu’à l’instar de tous les candidats, elle doit se soumettre malgré elle au test de connaissance du français.

Salim, 24 ans, qui a risqué le déplacement en France avant de tout abandonner pour rentrer au pays, raconte son expérience «l’hébergement est une véritable galère pour quelqu’un qui débarque dans une ville où il n’a pas d’attache et ne connaît personne, surtout pour les filles. Avec des loyers très élevés, même en colocation, les étudiants algériens expatriés se débattent dans d’énormes difficultés.»

Il ajoute avec amertume que «les étudiants algériens, notamment les nouveaux venus, sont toujours perdus entre la recherche d’un logement et les difficultés liées aux inscriptions. La quête d’un garant tel qu’exigé par la réglementation française, n’est pas pour faciliter les choses, sachant le regard obtus de nos compatriotes émigrés et leur peu d’engouement à assister des étudiants, pour la plupart démunis».

Sahiri, un jeune étudiant originaire de Béjaïa explique que le fait d’étudier à l’étranger «présente de nombreux avantages, parmi lesquels la multiplication des contacts culturels et scientifiques, l’apprentissage dune langue étrangère ou le perfectionnement, une ouverture sur un monde extérieur en perpétuel changement et une meilleure compréhension de la mondialisation et de ses enjeux». Il tient à souligner que «les diplômes obtenus à l’étranger apportent un réel plus aux CV des candidats à un emploi, puisqu’ils sont mieux cotés auprès des employeurs.»

Sahiri ajoute néanmoins que «les études hors d’Algérie exigent de réels efforts et constituent un véritable défi, qu’il ne faut pas hésiter à relever».

Pour sa part, Sarah nous confie que:«Je veux partir avec pour objectif de faire de l’enseignement et de la recherche dans le domaine de la biologie grâce aux opportunités qu’offrent les universités en France, ainsi que les moyens d’y parvenir. En Algérie, le domaine de la recherche en biologie n’est malheureusement pas bien exploité, les moyens et la pédagogie de travail manquent énormément dans presque toutes nos facultés». Ce sont autant de cas qui illustrent le désarroi des étudiants algériens.