Entre les plaies encore ouvertes et les attentes d’une gestion administrative saine: Ghardaïa met le cap sur l’agriculture

Entre les plaies encore ouvertes et les attentes d’une gestion administrative saine: Ghardaïa met le cap sur l’agriculture

Cette wilaya souffre terriblement de l’exode de ses enfants. Et pour cause, ils n’arrivent pas à faire fructifier leurs affaires.

La capitale de la vallée du M’zab, Ghardaïa, semble avoir renoué avec la sécurité et la paix, et donne l’impression de se tourner vers l’avenir, vers l’investissement et le développement. Après avoir subi les affres de la violence et de la déchirure, qui ont fait des dizaines de morts durant les années précédentes, et tiré vers le bas une région suite à un conflit dit «ethnique», une évolution positive est perceptible que Azzedine Mecheri, le wali de Ghardaïa, a clairemente annoncé récemment: «Aujourd’hui, la wilaya, grâce aux efforts consentis par l’Etat et les services de sécurité, a renoué avec le calme, la sérénité et la paix», a-t-il soutenu.

Effectivement, cette wilaya qui ne faisait l’objet que de l’actualité sécuritaire, reprend son droit de cité et se trouve actuellement au centre des préoccupations des hautes instances, notamment en matière de création de richesse et d’emploi. A cet effet, le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi se trouve en visite aujourd’hui dans la wilaya, pour y inspecter les différents projets de développement, et réamorcer l’activité agricole, minée et réduite presqu’à néant par les évènements qui ont ébranlé la région.

Dans ce sens, en dehors de la problématique de la rareté de la main-d’oeuvre, qui en fait, n’est pas un handicap propre uniquement à la région, cette wilaya souffre terriblement de l’exode de ses enfants. Et pour cause, ils n’arrivent pas à faire fructifier leurs affaires et ce, malgré toute la volonté des pouvoirs publics à réanimer les potentialités de la région, et toute la détermination de ses opérateurs économiques: les projets naissent à Ghardaïa, mais ne tardent pas à faire l’objet d’une délocalisation.

De plus, les investisseurs locaux se plaignent d’un manque cruel de débouchés commerciaux, et surtout des opportunités à se développer «j’ai tout fait pour que mon commerce voie le jour dans ma ville, et mon plus grand souhait était de le développer et contribuer à l’essor de ma région, mais très vite je me suis rendu compte que je fonçais droit dans le mur si je ne délocalisais pas mon affaire», nous confie ce commerçant qu s’est installé récemment dans la région de Rouiba. Il est clair que les opérateurs économiques réclament plus d’ouverture, et une gestion de la situation plus axée sur l’économie, le développement et l’industrie. C’est dire à quel point cette wilaya est devenue une zone essentiellement militaire, vouée uniquement à gérer des situations de conflits, et maintenir l’ordre et la sécurité.

Or, aujourd’hui, devant les différentes richesses que recèle cette région, compte-tenu de la ferme volonté de ses enfants à en faire un pôle agricole par excellence, et au regard de l’intérêt profond que porte l’Etat à son développement, il est plus qu’urgent de trouver les solutions et les médications qui vont lui permettre de revivre économiquement et réduire au maximum les séquelles et les souffrances laissées par la période d’affrontements et de violence. En fait, il s’agit de redonner de l’espoir aux citoyens de Ghardaïa à travers les actions profondes du développement local, en vue de rendre visible l’ouverture économique qui aura pour rôle d’estomper définitivement les craintes et les appréhensions des citoyens.

A ce titre, il est utile de rappeler que la wilaya de Ghardaïa bat des records ces derniers temps, le plus remarquable est celui du taux de chômage qui demeure presque inexistant.

Cela dénote une tradition commerciale et entrepreneuriale qui ne date pas d’aujourd’hui. Dans le même ordre d’idées, Ghardaïa se place parmi les wilayas du Sud qu ont réussi à faire de l’agriculture une vocation à part entière. Bien que la partie ne soit pas gagnée d’avance, la détermination des agriculteurs fait qu’aujourd’hui on enregistre une production de pomme de terre de l’ordre de 300 quintaux/hectare, et le constat est aussi satisfaisant pour les autres cultures maraîchères, les agrumes, la menthe et l’horticulture.

Certainement considéré comme faible, ce rendement est appelé à se multiplier rapidement, selon le responsable des statistiques et du suivi de la production à la DSA, Khaled Djebrit, qui précise que la région d’El Menea se distingue particulièrement par sa richesse hydrique, son rendement moyen qui a atteint les 33 tonnes à l’hectare, et représente 90% de la superficie réservée à la culture maraîchère.

En somme, la wilaya de Ghardaïa a mis le cap sur l’agriculture et ce, malgré les contraintes existantes, indiquant de cette façon que lorsque la sécurité est assurée, le développement ne peut que suivre, dans la mesure où on y apporte les assises nécessaires.