Entre les monarchies du golfe et la France, la diplomatie Rolex: Les moeurs politiques françaises à la dérive

Entre les monarchies du golfe et la France, la diplomatie Rolex: Les moeurs politiques françaises à la dérive
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La diplomatie du chèque que pratiquent les «très chers émirs» a de quoi donner le vertige aux responsables les plus probes de l’Hexagone.

Christian Chesnot et Georges Malbrunot, grands reporters, ont publié un ouvrage sur les relations de la France avec les monarchies du Golfe: Qatar, Arabie saoudite, Emirats arabes unis et Koweït. Son titre: «Nos très chers émirs», aux éditions Michel Lafon, est déjà évocateur et le «brûlot», ainsi qualifié par nombre de critiques friands de tant de révélations fracassantes, mérite le détour. Les moeurs de la classe politique française sont tristement affichées et il n’y a pas de quoi crier à la calomnie. Non seulement, toutes les révélations sont fondées, mais la diplomatie du chéquier que pratiquent les chers émirs a de quoi donner le vertige aux responsables les plus probes de l’Hexagone. Toute la classe politique française a ainsi goûté à la manne du Golfe arabo-persique et pas un seul Don Quichotte n’a résisté à l’appel du distributeur de (gros) billets.

Mais commençons par situer les auteurs, deux journalistes français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot qui furent pris, avec le chauffeur syrien, Mohammed al-Joundi, en otages, en Irak, le 20 août 2004. L’Armée islamique en Irak avait alors revendiqué leur rapt. Mohammed al-Joundi fut libéré le 12 novembre, mais Chesnot et Malbrunot ne le seront que le 21 décembre, après 124 jours de captivité. Ceci pour l’anecdote, mais pas seulement.

Les deux compères sont en effet des baroudeurs du Proche-Orient, ce qui donne du crédit à leurs investigations. Voilà pourquoi leur livre est si instructif sur la relation vénale entre une classe politique prompte à «casser de l’Arabe» en France et douée pour servir de serpillière quand elle pressent l’odeur des pétrodollars. Tout y passe, les quémandes sans aucune dignité, les conférences bidon dont Nicolas Sarkozy fait un usage assidu, les cadeaux somptueux sous des prétextes de bas étage. Comme on y traite du rôle des Saoudiens et des Qataris dans la propagation du salafisme et le financement du terrorisme d’ Al Qaïda et de son pendant Daesh. Mais il ne faut pas oublier les grands contrats signés par les Etats, François Hollande ayant excellé par rapport à Sarkozy pour vendre toute une panoplie de Rafale, de destroyers et autres instruments de rêve. L’Arabie saoudite, imitée par le Qatar et les Emirats arabes unis, n’a pas lésiné sur les dépenses, à coups de dizaines de milliards de dollars. Certains de ces grands contrats ont profité à l’Egypte, avant le coup de blizzard qui a frappé les amours égypto-saoudiennes. Le lauréat du jackpot est indéniablement la France et sa joyeuse équipe de politiciens-démarcheurs tirant profit de la générosité proverbiale des monarchies pétrolières et de leur crise avec les Etats-Unis.

Voici un petit exemple de ces rapports ambigus entre les politiques français et les émirs si chers. Passons sur la danse du ventre de Rachida Dati, très au fait de la chaise qatarie, un temps offerte et sitôt retirée.

La construction d’une dizaine de mosquées, dans la région Provence-Alpes-Côte d’azur, est tout aussi croustillante. Surtout à Cannes, avec sa Croisette et sa campagne impitoyable contre le burkini. Ses édiles n’ont pas sourcillé quand il fallut accueillir les financements de deux mosquées, l’une dite Al Madina al mounawara, financée à 100% par Salah Kamel, propriétaire de la chaîne TV Iqraâ, qui voulait un lieu de prière juste à côté de sa maison et celle, payée 250.000 euros, par Hicham Hafez, magnat de la presse saoudienne, résidant sur la Croisette le même motif. Bruno Le Maire a bien raison, qui veut pour réexaminer les relations diplomatiques entre la France et «un certain nombre d’États du Golfe» s’il était élu en 2017. Il cible l’Arabie saoudite, le Qatar et d’autres pays du Golfe, affirmant qu’ «on ne peut pas combattre l’islam politique en France et remettre la Légion d’honneur au ministre de l’Intérieur saoudien sans faire la moindre critique sur la manière dont l’Arabie saoudite se comporte». Le miracle, s’il est élu, est qu’il sera vite invité en Arabie saoudite ou au Qatar. Au suivant!

En vérité, la France est tenue en laisse par de nombreux créanciers du Golfe. Cela n’est pas dans le livre de Chesnot et de Malbrunot mais à la Bourse, on vous l’expliquera sobrement. En cessant d’acquérir les titres d’emprunts de l’Etat français, ou, pire, en vendant tout ou partie de leur portefeuille, ils feraient grimper vertigineusement la dette française, avec un mouvement de panique à la grecque.

La part des détenteurs de ces titres va, aux deux-tiers, aux non-résidents. On devine aisément où ils résident…

La part de cette dette publique en fonds souverains? Personne ne le sait. Ce que l’on sait, par contre, c’est que les fonds souverains de l’Arabie saoudite, du Qatar, du Koweït et des Émirats arabes unis représentaient, en août 2015, un portefeuille global de 1800 milliards de dollars. Un pactole irrésistible.