C’est une véritable polémique qui enfle depuis plusieurs semaines entre le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et les professionnels du médicament à propos de la pénurie de plusieurs produits pharmaceutiques.
Chacun y va de son explication d’une situation qui, de toute évidence, tend à devenir récurrente dans un pays où les spécialistes de la santé publique n’ont cessé d’alerter l’opinion sur l’urgence de la réforme du système de santé et, par ricochet, celui de l’organisation du marché du médicament. Ce dernier, en effet, souffre de plusieurs difficultés, notamment sa dépendance accrue aux importations qui représentent 70% des besoins du pays, la production locale ne couvrant que 30%. Une donne, selon les professionnels du médicament, que le gouvernement doit inverser en urgence.
Il y a aussi, le manque d’approvisionnement en matières premières pour les laboratoires locaux, un manque d’organisation de ce marché qui est loin d’être maîtrisé, les problèmes liés à la distribution et aux ruptures récurrentes de stocks. Les pharmaciens recourent souvent aux surstockages des médicaments pour faire face à une éventuelle pénurie. Mais cela n’est pas sans risque puisque le surstockage provoque la péremption de plusieurs produits.
D’autres raisons expliquent aussi ce dysfonctionnement notamment depuis l’introduction du crédit-documentaire dans la Loi de finances de 2009 ; ce qui a provoqué des difficultés d’approvisionnement du marché pour les importateurs. Cela s’ajoute à la liste de plus de 350 produits pharmaceutiques interdits d’importation par les autorités afin de favoriser la production locale.
Pour la tutelle, bien que le ministre ait voulu nier l’existence d’une quelconque pénurie du médicament, sa récente déclaration à propos des lobbies dans ce secteur névralgique, laisse le citoyen et néanmoins les malades dans une totale perplexité. «C’est une pénurie (du médicament, ndlr) préfabriquée. Le problème existe plutôt au niveau de la distribution qui se répercute sur la disponibilité des produits au niveau des officines», a déclaré M. Ould Abbès.
Pénurie ou indisponibilité des produits au niveau des pharmacies, le calvaire est le même pour des milliers de citoyens qui se lancent en fonction de leurs moyens à la recherche de la fameuse boîte qui leur permettra de guérir ou de sauver la vie d’un patient cloué sur un lit d’hôpital !
Le ministre de tutelle n’arrange pas les choses et en tout cas n’explique pas grand-chose en affirmant : «Il y a des personnes qui se présentent comme les fils de hauts responsables de l’Etat afin que je cède face à la pression, mais ils se trompent ! Je ne céderai pas». Un véritable pavé dans la mare.
M.T