Entre le rejet populaire des «3B» et la solution préconisée par l’ANP: Une présidentielle dans les 90 jours, une option réaliste ?

Entre le rejet populaire des «3B» et la solution préconisée par l’ANP: Une présidentielle dans les 90 jours, une option réaliste ?

Sans la moindre équivoque, il avait un message d’une grande clarté, l’acte VII des manifestations qui font sortir les Algériens par millions chaque vendredi depuis le 22 février. Un message qui se heurte à celui du général de corps d’armée Gaïd Salah qui, lui, n’entend pas concevoir une solution à la crise en dehors du cadre constitutionnel.

Un cadre constitutionnel dont, apparemment, l’abandon n’incommoderait pas outre mesure le peuple qui sort chaque vendredi, et en cours de semaine, manifester pour libérer le pays de l’ensemble du système qu’incarnait Bouteflika.

Ceci, si l’on se fie aux slogans entonnés et écrits, vendredi, partout à travers le pays où le moins que l’on puisse dire est que Tayeb Belaïz, Abdelkader Bensalah, et Noureddine Bedoui, désormais connus sous les « 3B », sont désignés comme étant la pierre d’achoppement entre les deux options défendues et par le chef d’état-major de l’ANP, d’une part, et par le peuple, de l’autre. Deux « revendications » qui incitent à s’interroger, pour ne pas dire remettent en cause, la tenue d’une élection dans un délai aussi court que le stipule la loi fondamentale du pays, pas plus de 90 jours après la constatation par qui de droit de la vacance du pouvoir. Une situation qui a de quoi mettre dans l’embarras surtout la partie qui s’en tient à l’application stricte de la Constitution, donc l’ANP par la voix de son chef d’état-major et numéro deux du gouvernement Bedoui.

Si l’on doit prendre en compte tous les paramètres qui président à la tenue de cette élection, il y a de quoi douter qu’elles puissent se tenir dans le délai constitutionnellement imparti. En effet, en plus de la question de la légitimité de l’autorité devant présider à l’organisation et la tenue de l’élection présidentielle, qui se pose de façon implacable surtout depuis vendredi dernier, il va falloir également tenir compte de la période avec laquelle coïncide cette élection. En effet, le mois de Ramadhan qui s’annonce et la période de la tenue des habituels examens de fin d’année sont de nature à accaparer une bonne partie de l’attention d’un gouvernement chargé de gérer les affaires courantes.

Et puis, il ne faudrait pas écarter le mécontentement que ferait naître chez les électeurs l’organisation d’une élection qui engage l’avenir immédiat du pays, donc un potentiel fort de taux de boycotteurs qui, irrémédiablement, déteindrait sur la crédibilité du scrutin, ce dont ne voudraient sans doute pas les tenants de l’option constitutionnelle.

Azedine Maktour