Dans les années 2000, sous la menace d’une sécheresse qu’on annonçait imminente, les autorités algériennes s’apprêtaient mêmeà importer de l’eau à partir du Japon. Une dizaine d’années après
ce scénario cauchemardesque, les choses se sont tout de même améliorées quoique le retard en matière d’approvisionnement de la population en eau potable reste toujours d’actualité.
Située dans les zones aride et semi-aride de la planète, l’Algérie est considérée comme étant un pays exposé au problème chronique du manque d’eau. En effet, avec moins de 600 m3 par habitant et par an, l’Algérie se situe dans la catégorie des pays pauvres en ressources hydriques, au regard du seuil de rareté fixé par la Banque mondiale à 1 000 m3 par habitant et par an. Dans les années 2000, sous la menace d’une sécheresse qu’on annonçait imminente, les autorités algériennes s’apprêtaient même à importer de l’eau à partir du Japon. Une dizaine d’années après ce scénario cauchemardesque, les choses se sont tout de même améliorées quoique le retard en matière d’approvisionnement de la population en eau potable reste toujours d’actualité. Hormis les grandes métropoles qui reçoivent de l’eau en H 24, les régions plus ou moins reculées du pays continuent d’être rationnées, notamment en période d’été où les foyers ne sont alimentés qu’une fois par quinzaine. Alors, le calvaire d’aller chercher de l’eau dans des fontaines ou des puits, souvent dans des conditions déplorables et au risque d’être affecté par des ma-ladies à transmission hydrique, constitue des scènes encore visibles à quelques kilomètres seulement de la capitale et des grandes villes. Ceci dit, des réalisations importantes contre la soif ont depuis été achevées. Et pour cause, le secteur des Ressources en eau a bénéficié d’une enveloppe conséquente de 780 milliards de dinars pour régler définitivement ce problème récurrent qui est le manque du liquide précieux. Ainsi, le cas du transfert des eaux d’In Salah vers Tamanrasset en est un bon exemple et ce, en dépit des critiques qui ont été proférées quant aux surcoûts engendrés par ce projet d’un montant de
2 milliards de dollars et s’étalant sur une longueur de 770 km, que les responsables du secteur qualifient de pharaonique. Une réalisation qui permettra dans les jours à venir aux gens de l’Ahaggar (habitant l’une des régions les plus arides au monde) d’étancher enfin leur soif.
Dans les périmètres moins secs tels que les régions steppiques et aussi dans la zone côtière, des barrages ont été édifiés pour renforcer la capacité de stockage de l’Algérie, laquelle avoisine les 7 milliards m3. Selon les chiffres officiels, l’Algérie dispose actuellement de soixante-six barrages pour une capacité de stockage de près de
7 milliards m3. Ce nombre devrait croître (19 nouveaux barrages programmés au titre du plan quinquennal 2010-2014) pour permettre de régulariser, au final, la moitié de l’apport total des oueds, soit 5 milliards m3 par an pour une capacité installée avoisinant les 10 milliards.
La question de l’eau est tellement vitale qu’elle suscite l’intérêt des plus importantes instances mondiales à l’instar de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette dernière tire d‘ores et déjà la sonnette d’alarme. «D’ici à 2025, 1,8 milliard de personnes vivront dans des régions victimes de pénuries absolues d’eau et deux tiers de la population mondiale pourraient être exposés à des conditions de stress hydrique», s’est inquiété un responsable de l’Organisation à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, célébrée hier mardi. Une prévision à prendre au sérieux, laquelle devrait surtout faire réagir les pouvoirs publics pour mettre à la disposition de la population cette denrée rare, mais il appartient aussi aux consommateurs de la préserver.
Par Hafid Mesbah