Entre fêtes et défaites : L’Algérie en compétition officielle au Festival de Cannes

Entre fêtes et défaites : L’Algérie en compétition officielle au Festival de Cannes
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C’est maintenant officiel: l’Algérie sera très présente au 63e Festival de Cannes qui aura lieu du 12 au 23 mai. Faut-il pour autant sortir trompette et zorna ? Il est plus sage de tempérer «les bonnes nouvelles algériennes» annoncées, ce jeudi 15 avril, en conférence de presse par le délégué général du plus prestigieux festival de cinéma, Thierry Frémaux.

Voyons de plus près les choses. Certes, l’Algérie fait partie de la «short list» des pays représentés en compétition officielle du Festival International du Film. «Hors la Loi» le film de Rachid Bouchareb, deuxième volet du typique historique, commencé avec «Indigènes» (et financé à environ 30% du budget par l’Algérie) fait partie des films sélectionnés pour la compétition.

On retrouvera dans «Hors la loi» les protagonistes du premier volet de la trilogie: Jamel Debbouze et Roshdy Zem (les deux comédiens franco-marocains), ainsi que Sami Bouajila (franco-tunisien). Hélas, le comédien franco-algérien, Samy Naceri ne sera pas de la partie pour des raisons qu’aucun tribunal de France et de Navarre n’ignore.

Dans «Indigènes» Rachid Bouchareb évoquait le sort des Maghrébins enrôles par la France pour libérer l’Europe, sous la botte nazie. Le film qui a valu à ces quatre comédiens un prix d’interprétation s’arrêtait à la libération.

«Hors la loi» reprend le fil de l’histoire avec les massacres de Sétif… Sans avoir vu le film on devine pour quelles (bonnes) raisons l’Algérie s’est engagée financièrement dans la production de ce film.

A la manière d’un Costa-Gavras ou, plus récemment d’une Isabelle Adjani, Rachid Bouchareb jouit d’une excellente réputation dans les milieux officiels de l’Algérie. Jusqu’aux portes d’El Mouradia qui lui sont ouvertes.

On comprend qu’Ahmed Bedjaoui, le monsieur cinéma du ministère de la Culture algérien, veuille profiter de la présentation de ce film emblématique pour affirmer la présence algérienne dans cette manifestation mondiale et hyper-médiatisée. Professionnel et fin connaisseur des circuits complexes de la production et la distribution cinématographique mondiale, M. Bedjaoui a entrepris quelques fructueux voyages en France pour rencontrer les professionnels du cinéma.

Ce lobbying -bienvenu du restepour le cinéma national et la préparation d’une fête algérienne à Entre fêtes et défaites L’Algérie en compétition officielle au Festival de Cannes Cannes risquent, néanmoins, d’être gâché par d’autres évènements annoncés et quelques considérations constatées.

Commençons par là : contrairement à Rachid Bouchareb qui observe un silence respectueux vis-à-vis de l’Algérie, ses partenaires financiers dans la production du film disent le plus grand mal du tournage du film «Hors la loi», à Sétif. Pas de techniciens professionnels, bureaucratie étouffante, suivis inexistants, etc.

La plupart des scènes du film tournées à Sétif ont été retournées en Tunisie précisent nos sources pour illustrer leurs propos amers!Mais surtout, un autre film présenté en compétition officielle cette année, sous le drapeau français, risque de jeter un peu plus qu’un froid entre Cannes et Alger et par extension entre la France et l’Algérie.

Il s’agit du film de Xavier Beauvois «Des hommes et des dieux» avec Lambert Wilson et Michael Lonsdale.

Un film inspiré… de l’affaire des moines décapités de Tibhirine. Entre fêtes et défaites, entre l’Histoire d’hier et celle d’aujourd’hui, le Festival de Cannes sera, cette année, plus que jamais le reflet des relations tumultueuses entre la France et l’Algérie.

Tewfik Hakem