Le baril de Brent a atteint, lundi 2 janvier 2017, un peu plus de 58 dollars ; les pays producteurs s’en réjouissent. Mais l’euphorie n’aura été que de courte durée, puisque les cours du pétrole se sont repliés hier, le Brent se situant autour de 55 dollars. Faut-il s’en inquiéter ? L’accord de l’Opep conclu le 28 septembre dernier à Alger, entériné le 30 novembre à Vienne, consolidé le 10 décembre, après la signature d’un accord avec onze pays non-Opep, et entré en vigueur le 1er janvier, est sur le gril. Sa mise en œuvre semble se heurter à l’indiscipline des trois producteurs qui en ont été exemptés : la Libye, le Nigeria et l’Iran.
L’Opep a dispensé de l’accord d’Alger la Libye et le Nigeria, en raison des troubles internes qu’ils vivent. Toutefois, l’organisation leur a demandé, lors de la réunion du 28 septembre dernier, de s’en tenir à un niveau de production qui fasse sens. Cela ne veut pas dire qu’ils peuvent produire autant qu’ils le souhaitent. Dans les faits, ils peuvent avoir la main lourde en matière de production, faisant planer le doute sur le respect des décisions convenues dans l’accord de l’Opep. L’Iran a été autorisé à pouvoir augmenter sa production de 90 000 barils par jour, pour la faire passer à 3,8 millions. Téhéran estime qu’elle doit produire plus de pétrole pour restaurer ses plateformes industrielles très affectées par les sanctions internationales de 2012. Le problème est que l’Irak semble, lui aussi, revendiquer le même statut que la Libye, le Nigeria et l’Iran. Bagdad affirme qu’elle a besoin de revenus pour lutter contre l’EI.
Tout cela donne l’impression que, face au défi des marchés, certains membres de l’Opep ne regardent plus que leurs intérêts propres et non ceux des autres. Évidemment, une telle attitude est fâcheuse. Elle pourrait remettre en question la répartition de l’effort de baisse de la production et, du coup, torpiller l’accord de l’Opep. Inopportune, elle démotiverait le reste des pays de l’Organisation et en dehors de l’Organisation à faire davantage de sacrifices pour stabiliser le marché. L’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe, souvent catalogués de pays peu coopératifs, dès lors qu’il s’agit de respect de quotas, avaient déclaré qu’ils étaient disposés à réduire la production de 4%. Et ils sont en cohérence avec l’esprit de l’accord. Du moins pour le moment.
En pratique, les plus fortes baisses de production sont supportées par l’Arabie saoudite (-486 000 b/j), l’Irak (-210 000), les Émirats arabes unis (-139 000) et le Koweit (-131 000), les plus gros producteurs mis à part l’Iran. L’accord de l’Opep devrait refléter les engagements pris par l’organisation pétrolière fin septembre à Alger où les pays membres s’étaient fixés pour objectif de ramener leur production entre 32,5 et 33 millions de barils par jour. De façon générale, l’accord pourrait faire remonter sensiblement les prix du bruit. Et avec l’effort consenti par la Russie, sa mise en œuvre devrait aboutir à une résorption du surplus structurel de production, qui plombait les cours depuis deux ans.