Entre déclarations et insinuations des responsables européens, L’accord d’association Algérie-UE va-t-il être révisé?

Entre déclarations et insinuations des responsables européens, L’accord d’association Algérie-UE va-t-il être révisé?

A la faveur d’une adaptation aux réalités économiques actuelles, tout porte à croire que l’accord d’association Algérie-UE, en vigueur depuis 2005, devrait connaître des changements dans les semaines à venir.

C’est en tout cas l’impression laissée par Tomas Dupla Del Moral, responsable auprès de la Commission européenne en visite en Algérie depuis mercredi.

A la tête d’une importante mission de la Commission européenne, le directeur chargé de la Méditerranée du Sud et du Moyen-Orient à la direction générale des relations extérieures auprès de la Commission européenne, n’a à aucun moment écarté cette possibilité, allant jusqu’à la justifier auprès des journalistes.

«L’Accord d’association Algérie-UE a la possibilité d’évoluer et de s’adapter à des circonstances nouvelles», a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse.

Elaboré au détriment des entreprises algériennes, selon certains operateurs locaux, cet accord entre l’Algérie et l’UE «devra être discuté en 2010», modère le responsable européen et ce, pour «mieux l’adapter aux réalités et aux potentialités des relations économiques existantes entre l’Algérie et l’UE», dit-il.

D’ailleurs, la visite qu’il effectue en ce moment dans notre pays aurait pour objectif d’insuffler une «nouvelle dynamique» à la mise en œuvre de l’Accord d’association Algérie-UE et de sa feuille de route. Cet accord est «un choix stratégique élaboré par les deux côtés et que nous avons l’intention de développer davantage», a conclu Mr Del Moral à ce sujet.

Circulation des personnes: l’Algérie préfère les accords bilatéraux

Abordant la politique européenne de bon-voisinage, qu’il considère comme «un excellent instrument politique» pour les relations de l’UE avec ses voisins, Tomas Dupla Del Moral continue à louer son efficacité tout en respectant la décision de l’Algérie de ne pas y adhérer.

Par ailleurs, interrogé sur l’épineux problème de la circulation des personnes, le même responsable, qui a proposé que cette question soit traitée à l’échelle européenne, a noté que l’Algérie a préféré, jusqu’à présent, la traiter dans le cadre du bilatéral avec quelques Etats européens.

«Nous avons exprimé, à la partie algérienne, notre avis pour la négociation d’un accord de réadmission, en plus du fait qu’il serait bénéfique pour les deux côtés de traiter cette question à l’échelle européenne», a-t-il expliqué. Une manière de noyer le poisson et d’esquiver encore une fois cette question ô combien importante du côté algérien.

Pourtant, M. Del Moral qui sait se montrer convaincant, a indiqué: «au plan politique, l’Algérie est un pays très important dans nos relations bilatérales pour son rôle en Afrique, notamment dans le Nord du continent et dans le monde arabe».

Un intérêt très relatif et calculé puisque les discussions, elles, ont porté en grande partie sur le commerce, les investissements, l’agriculture, la pêche, et sans que personne n’en doute, la coopération en matière d’énergie. Le reste des sujets a été, pour leur part, relégué aux calendes grecques…

Les investissements européens multipliés par cinq

Les investissements européens en Algérie ont atteint près de 1,1 milliard d’euros en 2008. C’est ce qu’a déclaré Tomas Dupla Del Moral lors de la conférence de presse.

Depuis l’entrée en vigueur de l’accord d’association en 2005, les investissements européens dans notre pays sont passés de 234 millions d’euros à près de 1,14 milliard d’euros en 2008. «Insuffisant mais il y a clairement une tendance à maintenir dans l’avenir», a précisé Tomas Dupla Del Moral. Et si la tendance est à la hausse, elle est également à la diversification.

En effet, alors que 70% des investissements se concentraient jusque là dans le secteur de l’énergie, la tendance s’est inversée depuis.

Aujourd’hui, 70 % de ces investissements sont dans des secteurs hors hydrocarbures. Une tendance imposée, selon le responsable, par des impératifs du ressort du secteur privé.

«Ce que nous pouvons faire, par contre, c’est de faciliter les conditions pour que l’opérateur économique soit attiré par le marché algérien», a-t-il noté. Avant de conclure, le responsable européen a appelé, encore une fois, au respect des procédures liées à l’accord d’association signé entre l’Union européenne et l’Algérie lors de la prise de décisions économiques.

Une insinuation à peine voilée en direction des la LFC 2009 qui ferait grincer des dents de l’autre côté de la Méditerranée et qu’un communiqué vient tempérer: «La partie algérienne a fourni les clarifications au sujet du contexte et des objectifs de ces mesures», précise-t-on dans un communiqué rendu public par la délégation de l’Union européenne en Algérie.

Habib Raouf