Israël met de nouveau à feu et à sang Gaza. Depuis plusieurs jours, frappes aériennes et déluge de tirs au sol par les chars de l’armée israélienne aux portes de l’enclave palestinienne font des victimes innocentes, notamment parmi les enfants et les personnes âgées.
La reprise des hostilités par Israël ne surprend guère, le pays est en campagne électorale et Netanyahu n’a pas échappé à la règle de son pays : faire parler la poudre pour montrer sa détermination à protéger ses électeurs. Les dirigeants israéliens, de droite comme de gauche, jouent sur “l’insécurité” de leur pays : des armes à profusion à la disposition des Palestiniens de Gaza depuis les tunnels creusés sous la frontière séparant l’enclave de l’Égypte depuis ce pays et dominée par les Frères musulmans, “maison mère” du Hamas au Liban, le Hezbollah est doté d’une capacité militaire redoutable, avec missiles et drones et même la frontière avec la Syrie, où la guerre civile fait rage, paraît plus vulnérable. Obama, contrairement à ce qu’il avait promis au commencement de son premier mandat, a encouragé Netanyahu dans son rejet d’une solution politique à la crise israélo-palestinienne et son choix délibéré de solutions militaires.
Le premier président noir américain a, en effet, vite oublié ses congratulations avec le président de l’Autorité palestinienne disposé lui à négocier, pour soutenir la logique de la force et s’inscrit partant dans le camp des irréductibles qui croient fermement aux vertus de la supériorité écrasante d’Israël, oubliant que l’invincibilité de son armée s’est fondée sur l’impunité de son occupation et de ses exactions, passibles des tribunaux internationaux. Mais le temps commence à changer. Israël a accepté une trêve pendant la visite du Premier ministre égyptien à Gaza.
Netanyahu s’est vu contraint de suspendre son offensive aérienne pendant la visite vendredi de Hicham Qandil, après une nuit de bombardements intensifs sur le territoire palestinien, décision qui est survenue au troisième jour de l’opération “Pilier de défense” déclenchée mercredi après-midi avec l’assassinat à Gaza d’Ahmad Jaabari, chef militaire du mouvement islamiste Hamas. Le président égyptien issu des Frères musulmans avait, la veille, mis en garde Israël et interpellé son homologue américain lors de leur entretien téléphonique. Morsi avait été appelé par Obama et l’envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, pour intervenir auprès du mouvement islamiste palestinien pour calmer la situation. Washington et Londres ont clairement soutenu “le droit d’Israël à se défendre” contre le Hamas qu’ils estiment responsables de l’escalade, la Russie jugeant, quant à elle, que les raids israéliens étaient une réaction “disproportionnée” aux tirs de roquettes du Hamas considérés également comme “inacceptables”. La France, qui a déployé le tapis rouge au début du mois sous les pieds de Netanyahu, a dit qu’il était “temps d’arrêter cette escalade dangereuse”. À ce niveau, c’est donc toujours le deux poids, deux mesures. Le bilan total depuis mercredi est de 21 Palestiniens tués, dont plusieurs enfants, et 235 blessés. 466 raids aériens sur Gaza depuis mercredi et 280 dans un mouchoir de poche ! Trois Israéliens ont été tués jeudi lorsqu’une roquette de Hamas a touché de plein fouet un immeuble d’habitations dans le sud d’Israël. Pot de fer contre pot de terre : les roquettes de Hamas ont provoqué des scènes de panique jusqu’à Tel Aviv. Jeudi soir, deux roquettes tirées de Gaza étaient tombées pour la première fois dans la région de Tel-Aviv. Quatre années après l’opération “Plomb durci”, offensive dévastatrice contre Gaza déclenchée par Ehud Olmert, qui, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, avait coûté la vie à 1 440 Palestiniens et 13 Israéliens, le sang des Palestiniens coule à flots au même endroit, sans que personne s’émeuve.
D. B