Entre calme,hospitalité et coût de la vie, Tindouf « brade » ses haricots

Entre calme,hospitalité et coût de la vie, Tindouf « brade » ses haricots

La vie est plus clémente au Sud

La ville affiche des prix attractifs, contrairement au nord du pays et incite les gens à venir s’y installer.

Tindouf enchante, attire et séduit. La vie est calme, paisible, le temps s’écoule lentement, cela donne envie de s’y installer. C’est une ville qui attirera alors les touristes, les artistes ou tout au plus les riches, diriez-vous. Eh bien non! Elle a de quoi séduire même les citoyens à très faible revenu. Les prix des produits alimentaires sont abordables et nettement inférieurs à ceux pratiqués au nord du pays. Les légumes secs sont proposés à des prix très attractifs. Tenez-vous bien, les haricots sont cédés à 130 DA, les lentilles à 70 DA et l’huile de table d’origine américaine (excusez du peu) se vend à 200 DA le bidon de 5 litres. Avec de pareilles offres, il faut convenir que Tindouf «risque» de devenir la wilaya la plus peuplée du pays.

Mais pourquoi cette clémence dans les prix? Comment se fait-il que les produits alimentaires sont si abordables à Tindouf? sachant que logiquement, ces produits devraient être vendus un peu plus cher qu’au Nord, vu la position géographique de la ville et le coût du transport.

La réponse obtenue d’un habitant de la ville nous prend de court. La raison majeure qui fait que ces produits sont vendus à des prix relativement bas, n’est autre que la contrebande transfrontalière des produits de première nécessité et le détournement. «Ici, les prix sont bas, parce que la grande majorité de la marchandise provient de la contrebande transfrontalière ou des détournements» nous a dit cet habitant qui estime que «même si ces prix sont bénéfiques pour nous, il n’en demeure pas moins que cela affecte la stabilité macroéconomique de notre pays». En effet, lors de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la wilaya de Tindouf, au mois de juillet dernier, il a mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures strictes contre cette contrebande néfaste pour l’économie du pays, en déclarant:

«La contrebande a dépassé la limite du supportable.» Autres que les produits alimentaires, on peut également trouver des produits cosmétiques et des parfums de marque contrefaits, à la rue Salam Alikoum au centre-ville de Tindouf où les boutiques présentent sur leurs devantures du Gucci, Hugo Boss, Yves Saint Laurent. Tindouf, commune de la wilaya de Tindouf, dont elle est le chef-lieu, est située à 1460 km au sud-ouest d’Alger. Elle est limitée aux frontières par le Royaume du Maroc, la République arabe sahraouie démocratique et la République islamique de Mauritanie. Les wilayas de Béchar et d’Adrar lui sont limitrophes. Cette position géographique lui confère un rôle de carrefour d’échanges avec les pays voisins. A la fin 2011, la population de Tindouf était estimée à 59.852 âmes. De par son histoire et sa localisation, la ville n’offre pas d’intérêts touristiques majeurs a contrario des autres grandes cités du Sahara algérien tels que Djanet, Tamanrasset ou encore Timimoun. La ville est considérée comme une zone militaire et abrite un véritable trésor car elle dispose d’un gisement de fer de plus de 3 milliards de tonnes. Pour l’agriculture dans cette wilaya et selon les dernières statistiques établies par le ministère de l’Agriculture pour l’année 2012: 124 ha sont réservés pour la culture maraîchère comme la pomme de terre, la tomate, le piment et le poivron, avec une production annuelle de 35.604 quintaux. La culture maraîchère sous serres comme la tomate, le piment, le poivron, le concombre, la courgette: 9,56 ha et la production de 6 944 quintaux par an. L’arboriculture majoritairement en dattiers et oliviers: 496 ha, le palmier-dattier avec une production de 6075 quintaux annuels pour 45.206 arbres. Par ailleurs, Tindouf a un autre trésor, qui est mal exploité, c’est l’arganier (argan), qui couvre un territoire relativement important dans le nord-ouest de la wilaya. Cet arbre aux branches épineuses donne des fruits très durs qui servent de nourriture aux chameaux et aux chèvres. Le fruit de cet arbre a un noyau à l’intérieur duquel se trouve une amande, et c’est à partir de cette amande qu’on extrait l’huile d’argan qui est très courtisée et son prix particulièrement cher compte tenu de ses vertus médicinales et cosmétiques, d’ailleurs les plus grandes firmes et sociétés de beauté et cosmétique du monde en raffolent.

Seulement, contrairement à notre voisin le Maroc, l’Algérie n’accorde pas beaucoup d’importance à cette huile. Les arbres sont laissés à l’état sauvage et non entretenus. D’ailleurs, cette espèce est menacée de disparition et les problèmes auxquels elle est confrontée sont: l’arganeraie régresse en termes de superficie et surtout de densité, l’aire de l’arganier se dégrade d’année en année sous l’effet conjugué de l’accroissement de la population qui s’y installe et des besoins en énergie (utilisation du bois d’arganier pour produire du charbon).