Entre 10 et 20 DA, Hausse mystérieuse des prix du tabac

Entre 10 et 20 DA, Hausse mystérieuse des prix du tabac

MaxPPP TagID: maxnewsworld145506.jpg/Photo via MaxPPPLes prix des cigarettes, toutes marques confondues, ont con nu de nouvelles hausses en fin de semaine dernière. Des hausses qui font beaucoup jaser les consommateurs notamment pour leur caractère inexplicable. Pour les cigarettes du label Philip Morris, par exemple, l’augmentation opérée cette semaine représente 10 %.

Une valorisation des prix qui porte la hausse globale de cette marque autour de 80% depuis le début de l’année. Autre fait marquant de cette nouvelle hausse, sa proportion. Si les producteurs de marques étrangères, notamment, la société algéro-émiratie de tabac (STAEM) et la British American Tobacco (BAT) ont augmenté le prix de 10 dinars pour la quasi-totalité de leurs marques commerciales, la hausse répercutée par les bureaux de tabacs (détaillants), représente quant à elle le double, soit 20 dinars par paquet.

Ainsi, des marques comme Marlboro, West ou encore Gauloises sont passées de 200 dinars, 120 dinars et 170 dinars à respectivement, 220 dinars, 140 dinars et 190 dinars. D’autres marques comme Winston par exemple ont quant à elles augmenté de seulement 10 dinars tel que décidé par les producteurs.

Difficile de comprendre pourquoi les bureaux de tabac ont répercuté fidèlement la hausse de 10 dinars pour certaines marques alors que pour la majorité, ils ont décidé de la doubler, la fixant à 20 dinars. Pour certains observateurs, cette dernière hausse des prix des cigarettes n’est qu’un prélude à de nouvelles hausses programmées en 2016. Selon certaines informations, la cigarette Marlboro, par exemple, se stabilisera à partir de janvier prochain à hauteur de 250 dinars.

Avec la hausse de cette semaine, il était donc recherché d’opérer une hausse graduelle pour ne pas trop « choquer » le consommateur par une hausse de 50 dinars opérée en une seule fois. Il est à noter que depuis l’entrée du géant américain Philip Morris dans le capital de la société algéro-émiratie de tabac (STAEM), en association avec la SNTA, les prix des cigarettes produites sous sa marque ne cessent d’augmenter.

Pour certains observateurs, la baisse de la parité dinar/euro explique pour beaucoup ces augmentations continues. Par ailleurs, la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) qui commercialise les marques nationales Rym, Nassim, Afras et Algeria, entre autres, n’a opéré aucune hausse des prix, est-il souligné. Il est à noter que le marché algérien du tabac est l’un des plus florissants en Afrique avec quelque 30 milliards de cigarettes vendues par an, d’une valeur de 2, 3 milliards de dollars.

Un marché dont la croissance prévue fin 2015 doit culminer à 3,4%. Pour beaucoup d’observateurs, ces hausses à répétition des prix du tabac devront à terme constituer un contexte idéal pour le développement du marché de la contrebande et des cigarettes contrefaites. Au niveau mondial, quelque 330 à 660 milliards de cigarettes illicites circulent, soit de 6 à 12% de la consommation mondiale.

Même pour les chiffres les plus bas, le commerce illicite génère de grands trous dans les budgets gouvernementaux. Les pertes sèches en taxes impayées sur le tabac sont de l’ordre de 20 à 40 milliards de dollars au niveau mondial. En Algérie, le marché du tabac reste fortement pénétré par les pratiques illicites.

Durant l’année 2010, les douanes algériennes ont intercepté plus de 3 milliards de cigarettes de contrebande. La contrefaçon est également un phénomène très répandu. Elle représente d’ailleurs 67 % des marchandises contrefaites et elle fait perdre à l’Algérie annuellement, selon la Banque mondiale, 236 millions de dollars, 7.000 emplois et 167 milliards de DA pour le Trésor. Les pratiques illicites prospèrent sur le marché du tabac, car il est soumis à une forte taxation. L’industrie du tabac en Algérie est détenue à près de 73 % par la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA).

La libéralisation du marché en 2004 a permis l’implantation de la STAEM et la British American Tobacco (BAT) qui se partagent le restant des parts du marché. L’Algérie n’est pas un producteur de tabac brut. La surface réservée à la culture du tabac est de 5.000 hectares, selon les données du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, représentant moins de 0.02 % des terres agricoles.