Écrit par Wafia Sifouane
Déchiré par une crise de légitimité qui s’éternise, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), aile Abdelmalek Azzi, et lors de son dernier conseil national le 22 septembre dernier, a dénoncé fortement la dégradation des conditions socioprofessionnelles de l’universitaire algérien, l’état de stagnation que traverse la recherche scientifique et pédagogique, mais aussi les atteintes aux libertés syndicales des enseignants.
Le salaire de près de 70% des enseignants des universités algériennes est de 47 000 dinars, et cela depuis 2008, date de parution du statut fondamental de l’enseignant du supérieur. Avec la baisse du pouvoir d’achat, il est évident que les salaires doivent être revalorisés et passer au moins à 100 000 DA », indique le communiqué parvenu à notre rédaction. Parmi les autres revendications soulevées, la levée du gel sur le programme de réalisation de 10 000 logements destinés aux enseignants du supérieur et leur réserver un quota dans les cités universitaires. Sur le plan pédagogique, le Cnes a appelé la tutelle à lever le gel sur les agréments des laboratoires scientifiques et ne pas céder la gestion de ces structures à l’administration. Le syndicat a aussi dénoncé la fermeture de certaines spécialités, à l’instar des sciences politiques, sociologie politique et traduction, qu’il considère comme « contraire aux attentes de la société, la philosophie du système LMD », indique le même document.
Aussi, le syndicat a déploré le retard observé dans le lancement des cours pour la rentrée 2018-2019 et cela à cause du laxisme de l’administration et l’irresponsabilité des étudiants. Concernant les recrutements, le Cnes a dénoncé le recours aux enseignants contractuels à défaut d’ouvrir des postes permanents et offrir ainsi des emplois stables aux milliers de docteurs que forme l’Université algérienne. Dans ce sens, il a aussi critiqué le recours aux heures supplémentaires dont il qualifie la gestion de « douteuse » en l’absence de transparence.
Par ailleurs, et s’agissant des nombreuses intimidations que subissent les syndicalistes affiliés au Cnes de la part des administrations des universités, le syndicat a appelé à la réhabilitation de l’ensemble des droits de l’enseignant Mokhtar Benguenia, de la faculté des sciences économiques, et dont le salaire a été gelé depuis plusieurs mois. Membre de la section syndicale du Cnes à l’université Alger 3, cet enseignant a été plusieurs fois traduit en justice par le recteur pour calomnies et diffamation, cependant, il a été innocenté à chaque fois. Face à cela, l’université avait décidé de renvoyer l’enseignant sans motif valable avant que ce dernier ne soit réintégré par la justice.