La rentrée scolaire est une occasion pour revenir sur l’enseignement de tamazight. Depuis sa promulgation, l’enseignement de cette langue continue à dépendre du gré des responsables à plusieurs niveaux.
Pour la wilaya de Bouira, seuls les établissements de la région berbérophone dispensent l’apprentissage facultativement. Le manque de volonté manifeste est prouvé par cette décision d’ouvrir 214 postes pour les trois paliers et dans différentes matières, mais sans prévoir de postes pour tamazight. Cette décision a suscité le mécontentement des associations et des diplômés qui comptent recourir à des actions de rue dès la rentrée.
La promesse d’ouvrir 15 postes pour tamazight dès la rentrée de septembre est attendue. Le ministre Benbouzid avait également déclaré lors de sa visite à Bouira, en juin dernier, à l’occasion des examens de 6ème, que les postes pour tamazight sont systématiquement ouverts à condition qu’ils soient demandés par les directions de l’éducation.
S’inscrivant dans cette volonté de remuer les choses, à l’université Akli-Mohand Oulhadj, le département de la langue amazighe avait organisé un colloque international sur le thème. Plus d’une vingtaine d’universitaires ont participé à cette rencontre scientifique pour faire le point sur l’enseignement de la langue amazighe. L’enseignement de celle-ci a été le thème de deux journées de débat et de réflexion, lors d’un colloque international tenu les 18 et 19 avril, à l’université Akli-Mohand Oulhadj de Bouira.
Le département de la langue et culture amazighes, organisateur de l’événement, a invité 23 enseignants chercheurs, venus du Maroc et de France, entre autres. Plus d’une vingtaine de communications ont été présentées durant les deux jours qu’a duré la rencontre où l’enseignement de la langue amazighe dans les universités algériennes et étrangères a été passé en revue. Les débats se sont axés également sur la problématique de la graphie et la standardisation de la grammaire. Même quand les moyens pédagogiques existent, les parents ont le choix d’inscrire ou non leurs enfants.
La matière est au choix lors des examens. A l’occasion du BEM de juin dernier, plusieurs élèves ayant suivi le cursus dans sa totalité, c’est-à-dire les 4 années du moyen, ont composé dans un centre, Ibn Khaldoun en l’occurence, où la composition de tamazight n’a pas été prévue. Même au niveau de la dotation, la matière n’est pas considérée puisque seuls les points au-dessus de la moyenne sont comptabilisés. Ces facteurs assemblés dévalorisent cet enseignement qui n’a pas droit de cité pour les régions arabophones. Les actions menées par les militants de la cause butent sur un manque flagrant de volonté politique parce que cet enseignement ne peut être définitivement institutionnalisé qu’avec une décision des hautes instances du pays. En voulant l’ancrer dans la région berbérophone seulement, tamazight n’a pas encore ce statut de deuxième langue nationale. Un simple regard sur les manuels confirme cette appréhension. Rédigés en grande partie avec les caractères latins, les contenus sont inadaptés à la réalité sociale de la région et aux traditions et us qui distinguent les populations. Les résultats des élèves du CEM Haddouche-Saïd, pour ne citer que cet exemple où des élèves dont la langue maternelle reste l’arabe et ont obtenu d’excellentes notes en tamazight, démontrent que le rejet est à comptabiliser chez les décideurs et non chez les apprenants.