Enseignantes agressées : détails d’un drame qui aurait pu être évité

Enseignantes agressées : détails d’un drame qui aurait pu être évité

La nuit du lundi au mardi, 17 et 18 mai, a été marquée par un crime contre la Féminité, contre le Savoir, et contre les valeurs humanistes de la Société Algérienne. Neuf enseignantes qui habitaient dans une résidence un peu isolée à Bordj Badji Mokhtar, ont été victimes d’une lâche agression perpétrée par une bande d’individus qu’il est difficile de nommer.

Une collègue des neufs enseignantes qui ont fait des centaines de kilomètres pour venir enseigner à Bordj Badji Mokhtar, a tenu à apporter son témoignage. En anonyme, cette femme qui enseigne, elle aussi, dans la même région, a dévoilé des détails qui font froid dans le dos, et qui témoignent de la sauvagerie inimaginable de cette tâche agression.

C’est à l’hôpital de Adrar que cette femme va s’attarder avec les victimes suite à leur agression. Elle assure que les neuf pauvres femmes soufrent « physiquement et psychologiquement » des séquelles de cette agression. « On peut voir les traces de violence à l’arme blanche sur la main d’une enseignante. Une deuxième enseignante a été frappée au visage » indique cette femme, qui semble encore sous le choc.

« Tout le monde était au courant »

« Ce qu’on n’a pas pu supporter, c’est la vue de cette petite fille de deux ans seulement, accrochée à sa maman agressée, refusant que personne ne s’approche d’elle. Il n’y a pas plus ignoble comme spectacle ». C’est ce qu’a déclaré la collègue des enseignantes agressées à 2 h du matin.

« On a su pour l’agression tôt le matin, et c’était prévisible ! Parce qu’avant le mois de ramadan d’une semaine, ces mêmes enseignantes ont subi une première attaque, mais elle n’était aussi grave. Ces enseignantes, quand elles rentraient de l’école, elles trouvaient les portes ouvertes et leurs logements vandalisés ».

Selon le témoignage de cette femme, les victimes ont déjà observé un sit in de contestation et elles ont contacté la direction de l’éducation de Bordj Badji Mokhtar. « Tout le monde était au courant », a fini par lâcher l’intervenante dans une émission de Chourouk News.

Selon cette enseignante, la première phrase d’une des rescapées était adressée aux autorités : « c’est ce que vous attendiez ? Voilà, maintenant le mal est fait ». Et le mal n’est pas du tout minime, d’après le témoignage de la collègue des neuf victimes, selon elle « quatre jeunes hommes, dont les visages étaient cachés avec des « chechs », sont entrés à 2 h du matin. Souffrant de fatigue et de canicule, les enseignantes étaient toutes endormies. Une fois réveillées elles étaient plus que surprises par la présence de leurs agresseurs ».

Elles voulaient payer elles-mêmes un agent de sécurité

« Les jeunes individus portaient des couteaux et d’autres objets tranchants. Ils ont commencé par violenté les enseignantes, puis à les frapper. Ils les ont aussi menacé avec des armes. Meme la petite fille de deux ans a subi l’agression, un couteau lui a été posé sur la gorge », déplore la collègue des victimes qui précise que les agresseurs ont confisqué les téléphones de leurs victimes, afin de couper tout contact avec l’extérieur. Les pauvres femmes pouvaient crier comme elles le voulaient, personne ne pouvait les entendre. Leur logement était à 7 km de tout signe de civilisation.

Les agresseurs ont fait subir une nuit d’horreur à leurs victimes. Cette agression a duré presque deux heures selon cette intervenante qui a bien fait de souligner qu’il n y avait pas d’agent de sécurité, et que les résidentes ont tant réclamé d’en embaucher un. Mais les instances concernées faisaient la sourde oreille. « Les filles étaient prêtes pour le payer de leur propre argent ! » ajoute l’intervenante.

Pour finir, la collègue des victimes indique que les agresseurs « faisaient entrer les filles l’une après l’autre dans la chambre ». Ont-elles étaient violées ? L’intervenante répond à cette triste question qui a été posée par la présentatrice de l’émission en disant que « les neuf enseignantes ont demandé l’expertise d’un médecin légiste ».