Manger bio, cette phrase est dans l’air du temps. Dans les pays dits développés, on s’inquiète de plus en plus du contenu des assiettes. Les étals ornés de fruits et légumes issus de la culture biologique attirent de plus en plus de consommateurs. Manger bio est un art de vivre qui a également un coût.
Les légumes et fruits cultivés sans pesticides coûtent plus cher. Chez nous, la culture du bio en est à ses premiers balbutiements.
L’idée d’une nourriture saine commence à peine à faire son petit bonhomme de chemin. De plus en plus de restaurants ont flairé le bon filon. Les bars à salades ainsi que les enseignes détox commencent à pointer le bout du nez à Alger. Moins de pesticides, plus de vitamines pour une meilleure santé semble être l’une des préoccupations de beaucoup de personnes interrogées. Témoignages des uns et des autres.
Zoubida, 49 ans
«La culture du bio nous touche de plein fouet. On en parle beaucoup, notamment dans les médias occidentaux. Tout le monde est à la recherche de produits frais, sains, sans pesticides, sans conservateurs. Dans notre pays, nous trouvons encore pas mal de fruits et légumes issus de la culture biologique dans nos marchés. Personnellement, je fais en sorte de privilégier les plats cuisinés avec des produits frais, sans additifs ni conservateurs. J’ai transmis cette culture de manger sainement à mes enfants. Il ne faut pas aller chercher loin. La cuisine algérienne est bio. Il suffit de revisiter légèrement les recettes traditionnelles de nos grands- mères en les allégeant en matières grasses et le tour est joué ! Lorsque je n’ai pas le temps de faire de la ‘‘kesra’’ par exemple, j’achète des pains spéciaux, sans améliorant. On en trouve de toutes sortes : pain noir, pain de seigle, pain d’orge… Bien sûr, ils coûtent plus cher que les sacro-saintes baguettes à base de farine mais lorsqu’il s’agit de santé, je ne réfléchis pas à la dépense.»
Hassen, 48 ans
«J’ai un jardin à la maison. Cela me permet de planter toutes sortes de légumes : laitue, tomates, épinards, cardes, courgettes… J’ai également un fraisier et un pommier qui me donnent de beaux fruits. Nous profitons de tous ces produits en famille et en offrons à nos amis. Avec ma femme, nous sommes très sensibles à ces questions. Nous pensons que la santé n’a pas de prix et qu’elle passe d’abord par une alimentation saine. Nous avons réduit de manière drastique notre consommation de viande. Les légumes et les fruits bio constituent l’essentiel de notre alimentation. Les produits naturels aussi comme l’huile d’olive, le miel… Mon épouse concocte des confitures artisanales sans aucun colorant. Sain et bio : c’est notre manière de consommer.»
Wassila, 38 ans
«Je suis vegan, c’est-à-dire que je ne mange aucun produit issu des animaux. Ni œuf, ni viande, ni lait, ni fromage. Je bois du lait d’amande. Je mange uniquement des fruits et des légumes bio et je me porte très bien. Il m’arrive d’acheter mes produits directement à la ferme chez les producteurs. Tout est naturel. Il n’y a pas de pesticides. Le goût et les saveurs sont authentiques. Je cuisine beaucoup également. Je mange rarement à l’extérieur et lorsque cela m’arrive, j’opte pour des salades uniquement.»
Samir, 57 ans
«Le drame aujourd’hui c’est que la culture sous serre a massacré le vrai goût des fruits et légumes. Avant, nous consommions ces produits pendant leur saison. L’été, c’était les tomates, les poivrons, les concombres, les aubergines…
A présent, ces légumes sont disponibles sur les étals des marchés tout au long de l’année. Le goût est fade et le charme d’attendre un produit impatiemment n’existe plus. Les agriculteurs se sont mis, eux aussi, à utiliser les pesticides. Toutefois, on trouve encore, Dieu merci, des produits maraîchers de bonne qualité. Manger bio n’est pas un effet de mode uniquement. Il consiste à rechercher des produits frais qui n’ont pas subi de transformations. La santé commence par le contenu de notre assiette, d’où l’intérêt de revenir à des aliments sains, sans colorants, sans additifs alimentaires et sans trop de sucre. J’ai banni toutes les boissons genre soda, jus industriels et autres cocktails nocifs pour la santé. A la maison, nous préparons nous-mêmes les jus : tomate, orange, pamplemousse…
Je constate qu’il y a une prise de conscience autour de moi. Les gens recherchent de plus en plus à manger bio. A nos médias, radio, tv, presse de prendre le relais pour un maximum de vulgarisation et de sensibilisation.»
Signe des temps, de plus en plus de personnes sont plus attentives à leur nourriture. Barres céréalières, soja, lait d’amande, huile d’olive, miel pur, fruits et légumes frais occupent de plus en plus de place dans l’alimentation des Algériens qui ont en les moyens. Car manger bio, faut-il le rappeler, a un prix. Une addition qui n’est pas à la portée de tous.