Elles ont convolé en justes noces avant d’avoir terminé leurs études. Un jour, elles ont regretté de ne pas avoir été plus loin. Armées d’une volonté de fer, ces épouses ont repris le chemin des études. Jongler entre obligations familiales et révisions n’a pas toujours été facile, surtout lorsque bébé s’est invité dans leur ménage. Comment ont-elles réussi à s’en sortir ? Reprendre leurs études a-t-il été épanouissant pour elles ?
Souad, 38 ans
«Quand j’ai décroché mon bac, mon père a estimé que j’avais assez étudié. A ses yeux, une femme n’avait pas besoin d’avoir beaucoup d’instruction pour fonder un foyer. Le plus important est de savoir cuisiner et tenir une maison. Un an plus tard, je me suis mariée. J’ai toujours voulu exercer le métier de notaire, mais mon père avait stoppé mon élan. Après quelques mois de vie conjugale, j’ai remis le sujet sur la table. Contre toute attente, mon conjoint m’a assuré qu’il n’était pas contre le fait que je reprenne mes études. Je me suis donc inscrite à la Faculté de droit. Ce n’était pas évident de concilier ma vie d’étudiante et celle d’épouse. Cependant j’étais animée par une si grande volonté, que j’y suis parvenue. Le maître-mot c’était l’organisation. Puis, je suis tombée enceinte, et cela est devenu plus compliqué. A la naissance de mon fils, j’ai bloqué mon année universitaire. A la rentrée suivante, j’ai confié mon bébé à ma belle-mère et pu reprendre le chemin de la faculté. Mes camarades de promo étaient admiratives. Mariée et étudier n’était pas évident. Je me suis battue pour décrocher ma licence, mais cela n’aurait pas été possible sans le soutien de mon époux. Ses encouragements et son aide à la maison m’ont donné des ailes. Il n’a jamais rechigné à faire le ménage, à préparer à manger ou à s’occuper du bébé. Voilà comment j’ai réussi à m’en sortir. Aujourd’hui, j’ai ouvert mon cabinet de notaire. Je suis fière de mon parcours. Ce n’était pas gagné d’avance, mais j’y suis parvenue !»
Sihem, 28 ans
«J’ai arrêté les études en terminale. J’étais fiancée et pensais que le mariage allait m’offrir une autre vie. Très vite, la déception fut au rendez-vous. Habitant avec ma belle-famille, ma vie devint monotone : ménage, popote, enfermement. J’ai eu l’idée de reprendre mes cours pour passer mon bac en candidate libre. Mon mari n’y voyait aucun inconvénient tant que je faisais cela à la maison. J’ai travaillé comme une folle. J’ai passé mon bac et je l’ai décroché. Il n’était pas question pour moi d’arrêter en si bon chemin. Il fallait convaincre mon conjoint. Cela n’a pas été facile. Je voulais enseigner. J’ai fait valoir mes arguments : des horaires flexibles et une paye qui améliorerait notre qualité de vie. Il a fini par accepter en dépit de l’opposition de mes beaux-parents. Finalement, j’ai réussi à prendre le chemin de la fac. Ma licence de français en poche, j’ai trouvé un job comme prof au lycée. Concilier entre les obligations en tant qu’épouse et les études n’est pas un jeu d’enfant, mais à force de ténacité, on y arrive pour peu que votre compagnon soit de votre côté. J’ai rencontré pas mal de cas similaires et je peux témoigner que les Algériennes sont très combatives lorsqu’elles veulent atteindre un objectif.»
Karima, 37 ans
«Le fait de ne pas avoir pu achever mes études avant mon mariage m’est resté en travers de la gorge. Après une année d’études en pharmacie, j’ai tout arrêté pour convoler en justes noces. A l’époque, mon époux m’a convaincu de tout lâcher. Certes j’avais une situation confortable, mais il manquait quelque chose à ma vie : mes études. Rester gentiment à la maison, à attendre le retour de mon mari, en parfaite maîtresse de maison, est très vite devenu ennuyeux. Après de longues discussions avec mon compagnon, j’ai repris mes études. Deux ans plus tard, j’ai eu un bébé. Je me suis accrochée. Grace à l’aide de ma mère, j’ai pu mener de front études et maternité. J’ai eu à refaire des modules, mais petit à petit, j’ai fini par décrocher mon diplôme. Ce jour-là fut l’un des plus beaux de mon existence. Je prévois d’ouvrir prochainement ma propre officine. J’existe par moi. Je ne suis pas dans l’ombre de mon époux. Je me suis accomplie et je ne regrette pas du tout d’avoir eu le courage de reprendre mes études, même après le mariage.» Elles ont eu la force et la volonté de poursuivre leurs études même après des années d’interruption. Frustrées de ne pas avoir été au bout de leurs rêves, ces épouses ont réussi à franchir tous les écueils et à décrocher leurs diplômes. Comblées, elles mènent désormais une vie professionnelle épanouissante.