Par Sarah Raymouche
Être dans son confort habituel, à la maison ou au bureau, tout en apprenant lorsqu’on le veut et quand on le peut, c’est possible ! Soirmagazine vous propose le témoignage de ceux qui ont tenté le e-learning en Algérie. Ils nous expliquent leur motivation d’y recourir et les contraintes rencontrées.
Redouane S., commercial IT dans le privé : «Une nécessité pour allier boulot et études»
Responsable commercial dans le secteur des IT, Redouane S. est de cette génération que le langage nouveau classe parmi les milléniales, autrement une catégorie qui n’est pas née dans l’euphorie technologique, mais qui s’est vite mise dans le rythme par nécessité professionnelle. «Je travaille dans un domaine constamment en évolution et j’ai besoin d’être aussi vite que régulièrement à jour en matière de connaissance», commence par souligner ce cadre, la trentaine bien entamée. A cet effet, il s’est inscrit récemment dans un master en marketing digital. «C’est une formation à temps partiel qui colle avec mes contraintes professionnelles. Nous avons des cours en présentiel à raison de deux à trois jours par mois et le reste du cursus ce sont des modules en e-learning sur une plate-forme partenaire », explique Redouane qui, vite, tempère son enthousiasme en relevant quelques-unes des incohérences qu’il a constatées au fil des mois. «En fait, poursuit-il, le directeur de l’établissement a fait le choix d’organiser les séances de e-learning in situ tout à la fois en faisant fi de la flexibilité qui caractérise ce type de formation et du respect du rythme individuel d’évolution. Pis encore, l’infrastructure globale et la qualité de la connexion en particulier en Algérie fait que l’apprenant ne peut pas achever une séance de e-learning et la valider dans les délais impartis en raison des lenteurs et des coupures fréquentes. Je dois aussi relever que la partie e-learning, quand elle n’est pas en redondance avec des cours déjà donnés en présentiel, ne corrobore pas avec le contenu du cursus. En fait, ce sont des achats effectués sur des plates-formes étrangères qui mettent à disposition un certain nombre de modules standardisés sans aucune réadaptation ou contextualisation avec la réalité des marchés auxquels ils s’adressent.»
Lyes Z., chef d’entreprise : «Une véritable aubaine»
Lyes Z. est un e-learning addict. Trois week-ends par mois ou presque, Lyes, ingénieur en génie civil et propriétaire d’un cabinet d’études et de suivi dans le BTP, les consacre au elearning. «J’ai commencé à suivre des formations en e-learning deux ans après avoir lancé ma propre affaire. Le dilemme était le suivant : reléguer mes ambitions professionnelles pour retourner en formation puis lancer mon entreprise, me former sur le tas, sous-traiter tout en sachant le peu de moyens dont je disposais…Le e-learning m’a donné cette flexibilité dont j’avais besoin. J’ai fait des formations en management, en finances, en fiscalité, en informatique et logiciels spécialisés, en marketing et communication. Il y a aussi les mooc, ce sont des formations ouvertes en ligne et quiconque peut se former gratuitement. Il y a même des certifications et des diplômes aussi valables que ceux qu’on recevait en classe. Le tout est de savoir ce que nous voulons entre l’acquisition de nouvelles compétences pratiques à usage immédiat en entreprise ou l’accumulation de connaissances académiques. Je ne prétends pas avoir atteint les cimes du savoir, mais je suis entièrement satisfait de mes acquis dès lors qu’il m’est permis de savoir de quoi je parle lorsque je rencontre mon comptable, mon cabinet-conseil ou tout autre client. Outre la modularité, le e-learning permet une actualisation et un suivi de l’évolution des pratiques dans mon corps de métier. Je rencontre souvent des partenaires ravis de voir que nous sommes à la page. C’est un gage de confiance et les certifications crédibilisent notre démarche. Pour moi, le e-learning est un accélérateur de formation et une manière de réduire le gap avec les marchés matures. Être au même niveau de connaissance est une aubaine. Je me rappelle de l’époque où nous devions faire avec les rares ouvrages et revues dans les bibliothèques universitaires.»
Narimène O., formatrice en entreprise : «Il faut se discipliner»
Si Lyes est très satisfait de son expérience en e-learning, Narimène O., formatrice en entreprise, attire l’attention sur un point primordial : la discipline. «Si vous voulez suivre et tirer plein profit d’une formation en e-learning, il faut au préalable s’armer d’un mental d’acier et d’une discipline de fer. La discipline c’est d’abord de ne pas se distraire en se disant que je vais évoluer à mon rythme, que cela soit lentement ou en accélérant la cadence. Le premier fait accuser un retard et un cumul des modules et le second conduit à la précipitation et donc le bâclage du travail demandé. L’un comme l’autre font perdre l’objet même de la formation. La discipline c’est aussi une gestion rigoureuse du temps», conseille notre formatrice.
Lynda K., consultante en développement d’affaires : «Le e-learning m’a redonné goût aux études»
Après une licence en droit, Lynda K. a entamé sa carrière dans un groupe industriel avant de se lancer à son compte en développement d’affaires. Consultante depuis 4 ans, elle a senti, néanmoins, la nécessité d’élargir ses connaissances et c’est ainsi qu’elle a commencé à s’intéresser au e-learning. «Grâce à une amie de l’université, j’ai découvert l’opportunité de faire des formations sans la contrainte de la présence. Seulement, après quelques cours en e-learning, j’ai repris goût aux études et aussi paradoxal que cela puisse paraître cela m’a redonné l’envie et la volonté de retourner sur les bancs de l’école. J’ai choisi une formation hybride et je peux vous dire que c’est complètement différent de ce que j’ai pu connaître lors de mon cursus de formation classique. C’est peut-être l’effet de l’expérience professionnelle alliée à une meilleure connaissance de mes besoins. Mais qu’à cela ne tienne, je sens les programmes plus légers, mieux adaptés à mon rythme et ma vie quotidienne d’autant que je suis également maman. Je recommande vivement.»
Saïd R., en recherche active d’emploi : «Je n’y crois pas» ou presque
Saïd R., en recherche active d’un nouvel emploi dans le secteur commercial, a fait un TS en commerce au niveau d’un CFPA. Il a cumulé plusieurs CDD en tant que commercial ou vendeur sans parvenir à décrocher un poste stable. Interrogé sur le e-learning, il reconnaît ignorer jusqu’à l’existence. Pour lui le Net c’est plus le loisir et les petites affaires, mais pas pour la formation. Même après explication, il n’y croit que vaguement avec une moue qui en dit long sur son désintérêt. Pourtant, Saïd R. est un féru des tuto et des démonstrations professionnelles sur Youtube. Sans le savoir, il est dans une forme, certes basique, mais une forme de e-learning quand même. C’est déjà un bon début