Fraîchement élue au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, l’Algérie vient d’être épinglée par cinq organisations de défense des droits de l’homme.
Amnesty International, le Réseau euro méditerranéen des droits de l’Homme, Human Rights Watch, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme et l’Organisation mondiale contre la torture, reprochent à l’Algérie de fermer son territoire aux enquêteurs des organisations de défense des droits de l’homme.
«L’Algérie reste le seul pays de la sous-région à restreindre de manière générale l’accès de son territoire aux organisations de défense des droits humains.
Depuis 2011, nos organisations se sont régulièrement rendues au Maroc, en Libye et en Tunisie, n’y rencontrant que peu d’obstacles, voire aucun», écrit Eric Goldstein, directeur adjoint pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord chez Human Rights Watch.
Les cinq organisations ont ainsi rendu public aujourd’hui une déclaration dans laquelle, elles demandent à l’Algérie de se «conformer aux valeurs du Conseil des droits de l’homme des Nations unies et permettre aux experts de l’ONU et aux organisations non gouvernementales de défense des droits humains de se rendre dans ce pays».
Ces ONG estiment qu’en tant que membre du Conseil des droits de l’homme, l’Algérie s’est engagée à «coopérer avec les organisations internationales et régionales de défense des droits humains».
Cinq ONG font cause commune
Mais, écrit Philip Luther, directeur pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord chez Amnesty International, «les autorités algériennes n’ont pas autorisé la visite du Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture ni celle du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, en dépit de leurs demandes répétées».
La déclaration souligne par ailleurs que «depuis plusieurs années», les autorités algériennes «refusent» d’accorder des visas à des organisations internationales non gouvernementales de défense des droits humains et «ont violé» de multiples manières le droit des organisations de défense des droits humains algériennes à agir librement.
C’est pourquoi les cinq ONG appellent les autorités algériennes à laisser l’accès en Algérie aux enquêteurs des droits de l’homme. «L’Algérie, qui siège désormais au Conseil des droits de l’homme, doit mettre fin à cette mascarade consistant à refuser tout examen de son bilan en matière de droits humains », commente Karim Lahidji, président de la FIDH.
«Délivrer des visas aux organisations internationales de défense des droits humains et accueillir les experts de l’ONU sur les droits humains serait le signe d’un engagement réel des autorités algériennes au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU », note de son côté Gérald Staberock, secrétaire général de l’OMCT.
Un pays fermé aux enquêtes
«Toutes nos organisations ont transmis plusieurs demandes officielles de visites à l’Algérie jusqu’à l’an dernier, mais les autorités algériennes nous ont soit opposé un refus, soit n’ont pas répondu, soit nous ont imposé des conditions d’accès qui ne nous auraient pas permis de mener notre mission de recherche librement », a déclaré pour sa part Michel Tubiana, président du REMDH.
Les ONG estiment que, en sa qualité de membre du Conseil des droits de l’homme, l’Algérie devrait «satisfaire aux normes les plus élevées en matière de promotion et de protection des droits humains prévues par la Résolution 60/251 de l’Assemblée générale de l’ONU».
Or les rédacteurs de la déclaration constatent que les autorités algériennes ont adopté en 2012 une nouvelle loi sur les associations «plus répressive que le texte précédent».