Enquête de l’ONU sur les femmes algériennes

Enquête de l’ONU sur les femmes algériennes

Les droits des femmes en Algérie feront, à partir de ce lundi jusqu’au 20 novembre, l’objet d’une enquête menée par la rapporteuse spéciale de l’ONU, Rachida Manjoo.

Invitée par l’Algérie, la rapporteuse onusienne aura pour mission d’évaluer la situation des violences à l’égard des femmes en Algérie. «Durant cette mission, je compte m’entretenir avec les instances nationales en charge de combattre tous les aspects liés aux violences contre les femmes, afin de mieux comprendre le phénomène dans le contexte algérien», a précisé Mme Manjoo, citée dans un communiqué de l’ONU.

L’envoyée spéciale devra également s’enquérir des suites données par le gouvernement aux recommandations contenues dans le rapport de mission de Mme Yakin Erturk, la précédente rapporteuse qui a effectué une première visite en Algérie, entre le 21 et 31 janvier 2007.

«Je profiterai également de cette visite pour apprécier les progrès accomplis depuis la mission de la précédente rapporteuse spéciale en 2007», a ajouté la rapporteuse indépendante des droits de l’homme. Au cours de sa visite, l’experte se rendra à Alger, Constantine, Oran et Hassi-Messaoud. La rapporteuse spéciale de l’ONU rencontrera des responsables du gouvernement, des organisations de la société civile, des représentants du système des Nations uni

Sur la base des informations recueillies pendant la visite, Mme Manjoo présentera un rapport contenant ses observations et recommandations finales lors d’une session ultérieure du Conseil des droits de l’homme. Le précédent rapport de Mme Yakin Erturk a fait un constat alarmant sur la situation des femmes en Algérie et la violence dont elles souffrent. La rapporteuse de l’ONU avait recommandé à l’Algérie d’apporter «des mesures correctives nécessaires» afin d’instaurer l’égalité en droits et en devoirs entre les deux sexes.

L’envoyée spéciale de l’ONU, qui a entendu la version de 13 associations de défense des droits de la femme, avait contredit la thèse des autorités publiques sur la prise en charge effective des victimes des violences conjugales et sur la promotion des droits féminins.

Mme Yakin Erturk avait estimé que des réformes significatives ont été introduites dans le code de la famille, mais sans pour autant mettre fin aux discriminations. L’enquêtrice avait noté, en particulier, «le difficile vécu des femmes pauvres, des mères célibataires, des divorcées et des analphabètes».

Elle avait souligné notamment «l’ampleur de la violence conjugale et le harcèlement sexuel en milieu professionnel», dont sont victimes les femmes algériennes. Elle a été notamment étonnée par la résignation des victimes, qui ne déposent que rarement une plainte contre leurs agresseurs, quand il s’agit d’un membre proche de la famille. Dans ce chapitre, la rapporteuse de l’ONU avait jugé que le phénomène de la violence faite aux femmes

«demeure invisible du fait que les tabous sociaux qui entourent la violence dans la société et le manque de réponse et de soutien institutionnel suffisants aux victimes de violence réduisent les femmes au silence et perpétuent la violence». La rapporteuse avait reconnu néanmoins «l’engagement de l’Algérie» à améliorer la situation des femmes.

Elle affirmé dans ce sens, que les autorités du pays «ont réussi, en peu d’années, à garantir, pour les filles, l’accès à l’instruction, puis pour les femmes de larges possibilités d’assumer des fonctions importantes dans pratiquement tous les domaines professionnels».

Par Hocine L.