Ennahda trouve un remplaçant à Hamadi Jebali Ali Laârayedh, nouveau Chef du gouvernement tunisien

Ennahda trouve un remplaçant à Hamadi Jebali Ali Laârayedh, nouveau Chef du gouvernement tunisien

Ce qui n’était que rumeur est devenu officiel. Ali Laârayedh, actuel ministre de l’Intérieur, a remplacé Hamadi Jebali, qui a démissionné, mardi, de son poste de Premier ministre.

D’après des fuites des coulisses du Conseil de la choura du mouvement Ennahda, tenu dans la nuit de jeudi à vendredi, Ali Laârayedh, était en tête de liste des candidats pressenti pour le poste de chef du gouvernement. A choisir entre Mohamed Ben Salem (agriculture), Noureddine Bhiri (justice) ou encore Abdellatif Mekki (santé), les Tunisiens préfèrent mieux Ali Laârayedh. Autrement dit, le parti a annoncé que M. Jebali s’était “excusé de ne pouvoir accepter son offre d’être le candidat au poste de chef du gouvernement”.

Le majlis choura d’Ennahda, l’instance consultative de 130 membres, s’est réuni en début de soirée dans un hôtel de la banlieue de Tunis. Les journalistes étaient interdits d’accès pour assister à la réunion. Selon Fathi Ayadi, président du Conseil de la choura, le mouvement a convenu que seul un candidat issu des dirigeants d’Ennahda sera capable de prendre en charge les exigences de la prochaine phase, qui ne sera pas de tout repos pour diriger le pays. Rappelons toutefois que Hamadi Jebali a démissionné après avoir échoué à former un gouvernement de technocrates, face à l’opposition d’Ennahda. Cette initiative visait à sortir le pays de sa pire crise politique depuis la chute de l’ex-président Ben Ali, provoquée par l’assassinat de l’opposant anti-islamiste, Chokri Belaïd, le 6 février.

Discours télévisé de Hamadi Jebali

Le chef du gouvernement démissionnaire s’est adressé jeudi soir au peuple tunisien. Dans son bref discours télévisé, Hamadi Jebali, sur un ton émotif et à cœur ouvert, a tiré définitivement sa révérence. “Je m’adresse au peuple, d’abord pour éclaircir et réaffirmer que ce fut un grand honneur pour moi d’avoir été le chef du premier gouvernement d’après la révolution. J’ai cherché à réformer et j’ai présenté mon initiative en vue de rectifier les erreurs commises, erreurs propres à toute action humaine. Je reste convaincu que mon initiative relative à un gouvernement de compétences apolitiques est toujours la meilleure voie en vue de réaliser les priorités suivantes : emploi, restauration de la sécurité, développement, organisation le plus rapidement possible des élections générales et lutte contre la cherté de la vie.”

Et de souligner : “Malheureusement, mon initiative n’a pas rencontré le soutien politique auquel je m’attendais. J’ai fini par présenter ma démission au président de la République. Il m’est difficile d’accepter la proposition de mon parti d’être son candidat en vue de constituer le prochain gouvernement. Mon refus ne relève pas de l’entêtement. Je ne vois pas plutôt de chances d’y réussir. J’ai décliné l’offre de mon parti, car je reste persuadé qu’une autre solution est possible : un gouvernement de compétences indépendantes, soutenu par tous les partis politiques, loin des tiraillements.”

Pour M. Jebali, la responsabilité est partagée. Il déclare à ce sujet : “J’assume moi-même, en premier lieu, la responsabilité de l’échec de mon initiative. Les membres du gouvernement, les partis politiques, plus particulièrement ceux qui ont participé à la rencontre de négociations tenue vendredi dernier, ont aussi leur part de responsabilité. Nous sommes tous responsables, y compris les médias. Là, je n’accuse personne.” Subtiles accusations, il demande aux journalistes : “Ayez pitié du citoyen, n’aggravez pas davantage la situation et ne jetez pas de l’huile sur le feu.” S’adressant aux parties syndicales, M. Jebali leur rappelle que la Tunisie mérite “une trêve sociale de huit mois”. Et d’enchaîner : “Les hommes d’affaires et les investisseurs sont également responsables de ce qui s’est passé. Ils ne devaient pas trop attendre, mais il fallait leur réunir les conditions pour qu’ils agissent.”

M. Jebali s’est également adressé aux pays frères et amis : “Je leur demande de soutenir notre expérience en nous prodiguant les conseils qu’il faut et en s’abstenant de s’ingérer dans nos affaires intérieures.” Au terme de son discours, Jebali conclut : “Je remercie notre armée républicaine, nos forces de sécurité qui se sacrifient pour assumer leurs fonctions. Je présente au peuple mes excuses. J’ai déçu les espoirs qui étaient placés en ma personne. Toutefois, je suis toujours optimiste. La révolution a triomphé. Nous sommes un grand peuple. Tous les Tunisiens finiront par reprendre la voie de la raison.”

I. O