La musique de Beethoven, de Marcel Khalifa et de Oumaima El Khalil emplit les lieux, nous sommes au siège immense et prestigieux du plus grand parti islamiste de Tunisie, le mouvement Ennahda, situé dans le quartier huppé de « Monplaisir », et des projecteurs éclairent comme -dans les fêtes des grands partis- la soirée à laquelle assiste les nahdistes qui ont scandés le slogan « fidèles…honnêtes », pour fêter la victoire du mouvement aux premières élections libres que connait la Tunisie depuis la révolution du jasmin, et loin des chants et des slogans religieux qui pourraient augmenter la peur des tunisiens de l’ « intégrisme »,les dirigeants du partis ont adopté une attitude « moderne sur le modèle turc ».
Le parti Ennahda n’a pas attendu l’annonce des résultats pour fêter son écrasante victoire aux élections de l’assemblée constituante, jusqu’à deux heures du matin, des dizaines de journalistes de tous les pays, des centaines de militants du mouvement et des citoyens se sont réunis devant le siège d’ennahda, l’atmosphère était à la fête dans les tentes installées par le mouvement pour ses invités et ses militants, avec beaucoup de modernité dans l’organisation et dans le décor, et même dans la manière d’installer l’estrade sur laquelle sera prononcée l’allocution du mouvement, était d’un haut niveau de modernité, ce que n’ont pas atteint les partis politiques en Algérie malgré leur longue expérience politique.. tel était le message d’ennahda pour rassurer les tunisiens et toutes les parties régionales et internationales qu’il est un parti moderne , qui effacerait l’image du parti religieux interdit que le régime de Ben Ali accusait de terrorisme, d’extrémisme, d’être rétrograde, et avec lequel il faisait peur à l’occident et aux pays voisins. La victoire des nahdistes, parmi lesquels se trouvaient des cadres, des dirigeants, des jeunes hommes et des jeunes filles des femmes portant le hidjab et d’autres n’en portant pas, est le fruit des efforts fournis par le mouvement, Oussama Ben Salem, le fils du mathématicien tunisien Moncef Ben Salem, et candidat du parti déclarait à El Khabar « les machines de propagande dirigées par les partis démocratiques contre Ennahda se sont brisés, lorsqu’ils l’ont décrit comme un projet rétrograde émanant d’Iran et du Soudan, et financé par le Qatar »certains dirigeants du partis avaient les larmes aux yeux en raison du sentiment d’avoir vaincu la volonté de répression dont le mouvement et les militants ont fait l’objet durant 23 ans à l’époque de Ben Ali, et avant à l’époque de Bourguiba. L’assistant personnel et conseiller en communication de Cheikh Rached Ghannouchi, Mouad Lakhrij a précisé que « le mouvement ne veut pas anticiper les événements et fêter sa victoire aux élections, autant que de fêter la victoire de la démocratie ». Les jeunes du mouvement distribuaient pendant ce temps- la aux journalistes des jasmins, et a onze heures et demi le président de l’instance électorale du mouvement Kamel El Jelassi est apparu pour annoncer que le mouvement avaient les résultats, les dirigeants du parti débattaient avant cela pour savoir s’ils devaient annoncer les résultats avant l’annonce de l’instance indépendante électorale des résultats, certains pensaient que ce serait une erreur politique pour le parti. Kamel El Jelassi a évoqué lors de l’entretien avec la presse la nécessité de se préparer au travail, et a appelé les partisans du parti au calme. Ennahda s’emploie aujourd’hui a reconstruire ses institutions après « la fin de la période de la prison et de la persécution, et à être présent dans les universités et dans les syndicats, ce qui est permis tant que cela se fasse dans le cadre de la loi et de la concurrence loyale ».