Tout indique que Mokhtar Belmokhtar n’est pas étranger à l’affaire
On croit savoir que les sept diplomates algériens détenus au Mali ont été libérés hier. Si l’information s’avérait juste, ce serait un grand succès pour les autorités algériennes qui auraient réussi là où beaucoup d’autres nations ont échoué.
Depuis leur enlèvement jeudi dernier à Gao, l’Algérie n’a pas interrompu ses efforts pour aboutir à cet épilogue. Le consul Boualem Sias et ses collaborateurs pourront donc rejoindre leurs familles qui ont déjà été évacuées depuis quelques jours. La libération des otages intervient le jour même où la revendication de leur rapt a été endossée par un groupe dissident d’Al Qaîda au Maghreb islamique. Il s’agit du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest. Malgré cette revendication, tout indique que Mokhtar Belmokhtar n’est pas étranger à l’affaire. Il ne reste plus qu’à chercher le lien entre les deux acteurs qui tentent d’imposer leur diktat au Sahel. En tout, c’est avec Belmokhtar, qui fut l’émir de la zone Sud pour le compte d’Aqmi, que des négociations étaient engagées par le biais de représentants du mouvement azawad. Celui qui a déclaré son divorce d’avec Abou Zeïd, chef d’Aqmi, aurait donc fini par comprendre qu’il a ligué tous les pays du Sahel ainsi que le mouvement azawad contre lui et qu’il était dans son intérêt d’éviter une déferlante militaire contre ses bases. L’Azawad a très vite saisi que ce rapt allait entacher sa quête d’indépendance et il a promis d’aider l’Algérie à libérer les otages. Jusqu’à hier, à la mi-journée, l’Algérie n’avait pas été destinataire des revendications des ravisseurs. Cela ne l’a pas empêchée de déployer ses capacités pour obtenir la libération des diplomates au moment où Français, Espagnols et Italiens sont détenus depuis des mois sans pouvoir être sauvés de l’emprise de leurs ravisseurs.
Samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait indiqué que la cellule de crise mise en place suit en permanence les développements liés à cette affaire. Son traitement impose, selon lui, beaucoup de discrétion. Il a rappelé que le gouvernement s’est engagé à tout mettre en oeuvre pour le rapatriement des diplomates. Toute cette affaire s’inscrit dans un contexte particulier avec la proclamation d’un Etat indépendant au Nord-Mali faisant suite au coup d’Etat militaire dans le pays. Toutes ces complications ont certainement rendu les recherches très ardues. Les sept diplomates algériens, le consul et six de ses collaborateurs, étaient d’ailleurs conduits vers une destination inconnue du vaste désert. Les autorités algériennes établissent également un lien entre cet enlèvement et un certain nombre d’actions récentes, dont celle ayant visé le siège de la Gendarmerie nationale à Tamanrasset et la prise d’otages à Tindouf, dans les camps de réfugiés sahraouis. Hier, Rezzag Bara, conseiller auprès de la présidence de la République, a souligné qu’il y a des groupes terroristes extrémistes qui veulent déstabiliser la région mais que l’Algérie saura trouver avec ses partenaires les moyens adéquats pour faire face à cette menace. Hormis la déstabilisation, ce sont les rançons payées par les Occidentaux qui intéressent terroristes et bandits. Le tout sous la houlette d’Abou Zeïd et de Belmokhtar.
Hier, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a exprimé à
Nouakchott en (Mauritanie) les remerciements de l’Algérie aux pays du champ pour les marques de solidarité manifestées suite à l’enlèvement du personnel du consulat à Gao, «dont la libération est une priorité et une exigence» pour laquelle oeuvrent de manière résolue toutes les institutions de l’Etat algérien. Cette affaire rappelle celle opérée par Aqmi il y a quelques années et dont les auteurs ont été jugés hier.
Une peine de 20 ans de prison a été prononcée par le tribunal criminel près la cour d’Alger à l’encontre de Belhabous Adou Ben Yaya pour appartenance à un groupe terroriste activant dans le Sahara algérien et malien sous les ordres de Mokhtar Belmokhtar, alias Belaouar. Le magistrat Ben Kharchi Omar a prononcé une peine de 5 années de prison ferme à l’encontre de Beldjoudi Mustapha. Le procès aide à mieux saisir le mode opératoire des preneurs d’otages. On a appris que le terroriste a aidé Belhabous Adou Ben Yaya à sécuriser le passage des groupes de ses pairs dans la région de Messaâd à Djelfa. Les faits jugés remontent à juin 2010 lorsque Belhabous a recruté l’inculpé Beldjoudi Mustapha pour renforcer les rangs du groupe de Belmokhtar qui active dans le Sahara algérien et malien sous les ordres du Groupe salafiste pour la prédication et le combat.