Enlèvement et assassinat d’enfants, Faut-il rétablir la peine de mort ?

Enlèvement et assassinat d’enfants, Faut-il rétablir la peine de mort ?
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Le lâche assassinat de Haroun et Brahim, et bien avant, celui de Chaïma, Soundous, Yacine…, remet au goût du jour, une fois de plus, la question de la peine de mort sur lequel, l’Algérie observe un moratoire depuis maintenant 20 ans.

Les enlèvements, suivis de sévices sexuels et d’abominables assassinats, n’ont pas laissé indifférents d’abord les citoyens, puis les hommes politiques, animateurs de la société civile de tout bord.



Nous nous rappelons le discours de l’ex-Premier ministre, Ouyahia, à partir de Tizi Ouzou. Alors en compagne électorale pour son parti RND, s’était dit, lors d’un meeting, favorable à la peine de mort dans trois cas : « la prise d’otage, le trafic de stupéfiants et le détournement de deniers publics ». Ainsi, Ahmed Ouyahia avait réclamé aux pouvoirs publics d’appliquer la peine de mort contre les auteurs de ces trois crimes, qui font tant de mal à l’Algérie.

Le professeur Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem), lui aussi, n’a pas hésité à appeler au rétablissement de la peine de mort contre les crimes commis sur des enfants, qui deviennent de plus en plus fréquents.

LG Algérie

« La peine de mort doit être rétablie dans les cas d’enlèvements, d’agressions sexuelles et d’assassinats d’enfants », a-t-il plaidé sur les ondes de la Radio nationale. Le professeur Khiati est intervenu suite à l’assassinat de la petite Chaïma à Mahelma, Zéralda, à l’ouest d’Alger, par son kidnappeur.

Un assassinat qui avait provoqué une véritable onde de choc au sein de la population. « Chaque enlèvement d’enfant est une disparition de trop », avait soutenu le président de la Forem qui a dressé un tableau sombre sur la situation de l’enfance algérienne : pas moins de 400 enfants enlevés, près de 10 000 cas d’abus sexuels recensés chaque année, plus de 50 000 enfants maltraités et quelque 30 000 vivent dans la rue.

Me Kesentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), quoique vaguement, ne s’est pas dit contre la peine de mort, surtout quant il s’agit d’enlèvement et d’assassinat d’enfants. Pourtant fervent défenseur de l’abolition définitive de cette peine capitale, il a estimé approprié la création de l’exception, et le recours à son application contre les assassins intentionnels avec préméditation et les kidnappeurs d’enfants.

Les juristes divergent

Avant-hier encore, des juristes se sont réunis à Alger pour discuter de ce phénomène et de ses différentes facettes. S’agissant de l’application de la peine maximale, des divergences notables étaient relevées.

A ce propos, l’universitaire et juriste M.Hocine Bouchina, a estimé que les opérations d’enlèvement  » sont une sorte de pulsions isolées qui se manifestent sous l’effet de la vengeance, et traduisent une situation de dépravation des mœurs « , le durcissement de la peine à l’encontre d’un auteur d’enlèvement,  » n’est pas là, la meilleure solution  » pour éradiquer ce phénomène. Il a expliqué que l’expérience a démontré que  » plus la peine sera lourde, plus le crime s’amplifie « .

Il a ajouté dans ce sillage que  » le législateur, lorsqu’il a durci la peine relative au trafic de la drogue, ce phénomène s’est accentué, idem pour le code de la circulation qui a été révisé et pris la forme d’un  » code pénal bis « , mais malheureusement, les accidents de la route n’ont fait qu’augmenter « .

 » Le meilleur remède pour éliminer ce phénomène, réside essentiellement dans la révision du système éducatif, social, moral et religieux « , a-t-il indiqué, faisant observer que  » la société civile joue un rôle fondamental dans ce domaine « . Pour sa part, Me Sadek Chaib, avocat à la Cour suprême, souligne, quant à lui, que la solution serait  » d’imposer une sanction sévère et exemplaire à l’encontre du kidnappeur, voire même l’isoler dans sa cellule de prison en le privant d’une libération conditionnelle quelles que soient les causes « . Il a affirmé que  » l’emprisonnement à vie  » doit être la peine qu’il faut infliger à ce genre de criminels, mais pas la  » peine capitale « , justifiant ses propos par le fait que  » l’application de la peine de mort  » serait un service rendu au criminel.

Pour ce qui est de l’enlèvement assorti d’une demande de rançon, Me Chaib a souligné qu’une grande partie des familles des victimes d’enlèvements  » paient la rançon pour obtenir la libération de leurs enfants sans recourir aux services de sécurité « , appelant à  » durcir la peine contre le payeur de la rançon, dans la mesure où il encourage le kidnappeur à récidiver « . Me Khaled Bourayou a indiqué, quant à lui, que l’escalade du phénomène d’agressions contre les personnes, dénote la dégradation des valeurs sociales et morales en Algérie.

 » La solution pour remédier à ce phénomène, notamment lorsqu’il s’agit d’enfants, est d’imposer de lourdes peines à l’encontre des criminels pour qu’ils servent d’exemples à d’autres « , a estimé Me Bourayou pour qui, les peines doivent évoluer en fonction des crimes, à l’instar «des crimes d’atteinte à la pudeur».

Par Hamid Fekhart