Qui sanctionner et qui devrait endosser la responsabilité de la disparition du petit Laith ?
L’enquête pour retrouver le bébé enlevé la semaine dernière suit son cours tandis que la direction du CHU Benbadis de Constantine est sur le point d’équiper tous les services de l’établissement de caméras de surveillance.
Dans ce contexte, la direction, qui n’a pas diffusé le moindre communiqué de presse, a procédé à la suspension de toute l’équipe de garde (composée de six personnes) en fonction durant cette nuit du 26 au 27 mai. L’enlèvement du petit Laith, né il y a une dizaine de jours, a suscité colère et tristesse parmi ses proches, mais aussi au sein de la population.
Il met à nu le climat d’insécurité qui règne à l’intérieur du plus important hôpital de la région Est. En effet, comment se fait-il que des individus pénètrent à l’intérieur d’un service aussi sensible que la nurserie, enlèvent un nouveau-né puis sortent sans qu’aucun agent de sécurité ne remarque leur présence ?
se demandent la famille et les proches de Laith qui ont organisé un sit-in samedi dernier. Rappelons que le personnel médical du service de maternité n’a cessé d’alerter sur la dégradation du service, aussi bien en ce qui concerne la surcharge que l’insécurité des lieux.
Une sage-femme nous a déclaré : « Nous sommes déçus par l’attitude de notre administration qui devrait nous protéger et non le contraire. Nous avons réclamé, à maintes reprises, plus de sécurité et d’hygiène, comme nous avons posé le problème de surcharge. Il faut savoir que les gens nous agressent tous les jours. Vendredi dernier, une femme sur le point d’accoucher a menacé, avec un couteau, une sage-femme. Nous ne sommes pas censées recevoir les familles des malades, comme nous ne sommes pas tenues de surveiller le service.
Une infirmière a certes une responsabilité, mais la sécurité n’est pas de son ressort, surtout que les gens manquent de civisme. Certains pénètrent même à l’intérieur des salles d’opération. Dans les maternités de Sidi Mabrouk ou du Khroub, ils ne rencontrent pas ce genre de problèmes », nous a-t-elle confié. Le sentiment de frustration et d’inquiétude était patent chez le personnel médical de la maternité, hier, après la sanction des six mis en cause.
Beaucoup parmi les infirmiers et les médecins nous ont affirmé que des actions sont à prévoir les prochains jours pour dénoncer leurs conditions de travail. La maternité du CHU Benbabis traite jusqu’à une quarantaine d’accouchements par jour. Elle manque de médecins (un seul maître assistant) et est dans un état de délabrement. Pis, la direction a décidé de réhabiliter le service sans pour autant le fermer.
« Certains étages sont en plein chantier. Comme les malades, nous sommes obligés de subir les nuisances. Les maçons se promènent dans le service alors qu’il était plus judicieux de le fermer entièrement dès le lancement des travaux », nous affirme une infirmière. Dans un tel contexte, le personnel médical envisage d’organiser un mouvement de protestation. « Nous réfléchissons actuellement à prendre une décision avec le soutien des syndicats. Une grève n’est pas à écarter », a-t-elle soutenu.
Kaïs Benachour