Dans un communiqué, datant d’avant-hier, l’organisation terroriste Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) vient de revendiquer le rapt d’une ressortissante italienne, Maria Sandra Mariani, enlevée le 3 février dernier à Djanet, à 90 km de la frontière avec le Niger. Les terroristes au nombre de quatorze se sont présentés durant le coucher de soleil de jeudi dernier non loin d’une agence de voyages.
Sur place, ils ont enlevé quatre personnes, dont trois Algériens, et la touriste italienne. A bord de deux véhicules 4×4 de type Toyota Station, les quatre otages seront emmenés vers une destination inconnue. Quelques heures plus tard, les trois Algériens seront relâchés, près de la frontière algéro-nigérienne. Idem, pour Maria Sandra Mariani, cette dernière sera emmenée par les terroristes vers le Niger. Suite à ce nouveau rapt, les services de sécurité algériens avaient mené une opération de recherche afin de localiser le groupe terroriste. Toutefois, aucune trace n’a été trouvée, tandis que le groupe, lui, avait déjà dépassé la frontière. Selon le communiqué d’Aqmi, le rapt a été commis par la phalange de l’Est d’Aqmi. Il s’agit, du groupe dirigé par Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbas. Ce dernier a ordonné à ses acolytes d’enlever la ressortissante italienne. Ce groupe terroriste serait à l’origine du rapt des cinq Français, le 16 septembre de l’année précédente. Il serait également derrière le kidnapping des deux Français, à Niamey, au Niger, le 2 janvier dernier. Cette recrudescence des enlèvements dans cette zone inquiète de plus en plus les services de sécurité algériens tout comme leurs homologues nigériens. D’habitude, c’est la phalange de l’Ouest, dirigée par Hammadou Abid, ou appelé également Abdelhamid Zeid, alias Abou Zeid, qui est à l’origine de chaque rapt dans la région, voire dans l’autre partie de la bande sahélo-saharienne.
Cependant, cette montée très spectaculaire des opérations de rapts dans la partie est du Sahel est un mauvais signe pour la sécurité de la région. Autrement dit, une guerre de leadership est en train de se dessiner dans la région, entre deux chefs sanguinaires, Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar. Ces deux émirs se sont lancés dans une «concurrence» en opérant, chacun, des rapts afin de faire un nom, tout en essayant d’attirer le respect et la bénédiction du chef spirituel d’Al Qaïda mère, en l’occurrence Oussama Ben Laden.
Selon des experts de la question sécuritaire d’autres rapts ne sont pas à écarter dans la région, d’autant que les activités des deux phalanges sont en croissance terrible. Il est important de signaler que les deux phalanges jouissent d’une aide très précieuse des contrebandiers d’armes et de drogue. Ces derniers enlèvent à leur tour des Occidentaux pour être, par la suite, mis aux mains des terroristes à qui ils négocient des rançons, pour être enfin partagées entre les terroristes et contrebandiers. Un marchandage très rentable pour les deux parties, mais qui profite le plus aux terroristes d’Aqmi qui, face à cette situation, tirent leurs bénéfices à l’échelle mondiale.
Sofiane Abi