Enlevé le 15 Novembre dernier,Le Dr Djelal retrouve les siens à Ighil Bouzrou

Enlevé le 15 Novembre dernier,Le Dr Djelal retrouve les siens à Ighil Bouzrou

Les routes de Kabylie sont devenues de véritables coupe-gorge

Le médecin, d’une modestie déconcertante, a indiqué aux journalistes qu’il n’a été enlevé ni pour verser une rançon ni pour soigner un terroriste important ou le bras droit de l’ «émir» Droukdel.

Il fallait beaucoup de courage aux membres de la famille Djelal d’Ighil Bouzrou, pour patienter avec autant de résignation durant vingt jours, afin que la journée d’hier, tant espérée, arrive. Il était libre, sain et sauf. Le Dr Abdennacer Djelal a même parlé aux journalistes avec une mine décontractée sans avoir l’air de vouloir cacher quoi que ce soit aux hommes de la presse. Sauf une chose. Les raisons de son enlèvement. Le médecin, d’une modestie déconcertante, a indiqué aux journalistes qu’il n’a été enlevé ni pour verser une rançon ni pour soigner un terroriste important ou le bras droit de l’«émir» Droukdel. L’ex-otage a réfuté toutes les spéculations qui ont alimenté la presse pendant plusieurs jours, notamment les premiers jours ayant succédé au rapt. Tout est faux. Il s’agit enfin de tout autre chose dont le docteur ne parlera pas. On n’en saura pas plus puisque l’interlocuteur des journalistes a laissé entendre que ce sont les services de sécurité qui auront l’information en premier. Le Dr Abdennacer Djelal, qui avait l’air entièrement détendu malgré une barbe de quelques jours, s’est rendu à la mi-journée à la brigade de gendarmerie d’Irdjen où il devait faire sa déposition.

L’homme, avant de partir, a également résumé les conditions de son séjour forcé au maquis et a tenu à dire qu’il n’a pas été maltraité. On lui a demandé de prier. Il a répondu qu’il s’agit d’un acte à accomplir avec conviction. Malgré cette réponse pugnace, l’otage n’a pas eu droit à des représailles. Il a plutôt eu droit, selon ses propres révélations, à des cigarettes quotidiennement et même à des journaux où il a pu suivre au jour le jour comment l’information inhérente à sa captivité avait été traitée. De même que les terroristes le consultaient concernant le menu du jour. C’est dire que, tel que décrit par l’otage, il ne s’agissait pas d’un kidnapping comme les autres. Le médecin cardiologue a ajouté, affirmatif, que ses ravisseurs sont des terroristes et des islamistes. Il a rapporté que ces derniers partageaient leur temps entre la lecture du Coran et les prières presque ininterrompues.

Le médecin a retrouvé les siens dans la soirée de dimanche à lundi derniers, selon ses propres précisions. Il était minuit quand on lui ôta le bandeau autour de ses yeux. Il quitta le véhicule de ses ravisseurs à moins d’un kilomètre de chez lui, au village d’Ighil Bouzrou, situé dans une zone montagneuse et à proximité d’une route escarpée et très étroite. Une route qu’il est déconseillé de fréquenter, nous a affirmé un ami habitant dans la même commune. Il vaut mieux passer par le chef- lieu communal à Ath Aïssi. C’est dire qu’il ne s’agit pas d’un chemin sécurisé. Il faut dire toutefois que c’est une route secondaire qu’empruntait tranquillement le Dr Djelal matin et soir pour rejoindre son cabinet médical situé en face du stade du 1er-Novembre de la ville de Tizi Ouzou jusqu’au 15 novembre dernier. Ce dernier, accompagné de sa femme et de ses enfants, tombe dans un faux barrage. Sa famille est relâchée et lui, enlevé. Au premier jour de son enlèvement, il téléphone à sa femme pour la rassurer. Puis, c’est le silence radio. Aucune autre information n’a filtré de ce kidnapping. Des citoyens et des comités de village ont tenté de lancer des actions de protestation pour exiger la libération mais ils ont vite été dissuadés par la famille du cardiologue.

Depuis, seuls quelques journaux rappelaient de temps à autre que le médecin était toujours en captivité. Quelques médias osaient également des spéculations mais qui ont toutes été réfutées hier par le concerné lui-même qui a dit qu’il s’agissait plutôt d’autre chose qu’on saura peut-être bientôt par les services de sécurité.