On dit qu’il y a une fin à tout, et apparemment c’est le cas des rêves des islamistes en Algérie qui espéraient la gloire dans le cadre de la tempête du printemps arabe.
Le seul parti qui croyait être l’héritier du courant islamiste, en l’occurrence le Mouvement de la société pour la paix, ne sait plus sur quel pied danser en ce qui concerne les prochaines présidentielles.
Il y a deux ans, dans la foulée du printemps arabe, le président du MSP se voyait déjà président de la République et son parti majoritaire dans les Assemblées élues. Il a même créé une alliance islamiste avec les partis Ennahdha et El Islah, appelée «Alliance de l’Algérie verte». Mais cette dernière n’a fait qu’affaiblir de plus en plus le parti du défunt Nahnah.
Quand le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a claqué la porte du MSP et créé sa propre formation politique (Taj), Bouguerra Soltani a été catégorique. «Je ne démissionnerai pas», a été sa réponse à une question des journalistes, lors de la précédente session du conseil consultatif du parti. Mais Soltani n’a pas tenu parole et vient de jeter l’éponge. Dans une allocution, ce vendredi dernier, à l’ouverture des travaux de la 2e session ordinaire du conseil consultatif du mouvement, Bouguerra Soltani a annoncé qu’il ne briguera pas un nouveau mandat en 2013. Donc il ne sera pas candidat lors du prochain congrès du parti attendu pour le mois de juin prochain.
Il ne faut pas oublier que Bouguerra Soltani occupe le poste de président du MSP depuis 2003, soit depuis la mort de Mahfoudh Nahnah. Soltani a échappé à la destitution suite à la protestation menée par l’ancien ministre de l’Industrie, Abdelmadjid Menasra, qui a renoncé à sa candidature lors du dernier congrès du parti. Menasra n’a pas attendu longtemps pour créer son propre parti politique, «Le front du changement», qui a emporté avec lui quelques militants du MSP mais sans créer de séisme au sein de la formation politique. D’ailleurs, le parti de Menasra s’est aventuré sans succès dans les précédentes élections législatives. Le coup le plus dur pour Soltani a été le départ de Amar Ghoul, tête de liste de l’Alliance verte à Alger lors des précédentes législatives, reconduit comme ministre des Travaux publics. Soltani n’a pas expliqué sa démission, se contentant de dire : «J’invite tous les militants du MSP, y compris les dissidents, à faire une bonne lecture de ce message et à en comprendre les motivations». Selon lui, le MSP a besoin «des efforts de tous les militants fidèles et de la contribution de ses enfants pour le parachèvement de l’édification de ses institutions». Il a ajouté : «Mon souci est d’organiser un congrès sûr qui tire les enseignements des deux précédents, un congrès capable de contribuer à la promotion de la culture d’alternance et loin de toute interprétation susceptible d’écarter cette initiative responsable de son contexte historique, politique, éthique et organisationnel». Une manière pour Soltani d’éviter une autre interprétation de son geste qui serait en relation avec les prochaines présidentielles. Maintenant que Soltani a annoncé qu’il ne sera pas candidat à la présidence du parti lors du prochain congrès, le MSP est tenu de chercher un nouvel leader et se positionner pour les prochaines présidentielles. Pour le «Taj», c’est clair, il affiche son franc soutien au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s’il venait à annoncer sa candidature pour un quatrième mandat. Concernant les mouvements Ennahdha et El Islah, ils sont en dégradation depuis leur crise interne avec le départ de leur fondateur, Abdellah Djeballah et leur alliance avec le MPS ne leur a pas apporté grand-chose. L’ex-leader de ces deux partis, qui avait connu un temps de gloire au temps d’El Islah, essaye de rester debout sur la scène politique e, créant son parti «Le front pour le développement et la justice». Cependant, la gifle de sa participation aux élections législatives n’a pas permis à ce parti de se positionner. Vendredi, Djaballah a appelé à confier l’amendement de la Constitution à des personnes compétentes qui représentent différents courants activant dans le pays afin qu’elle bénéficie d‘«un consensus national». Pour Djaballah, «il faut préserver l’unité nationale et assurer l’alternance pacifique et la participation effective au pouvoir».
Par Nacera Chennafi