Après sa deuxième réunion que son instance de concertation et de suivi avait tenue le 25 septembre dernier au quartier général de Ali Benflis, la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) passe à l’action de terrain, bien qu’il s’agisse pour l’instant que d’activités timides de la part de certains partis politiques.
La formation, qui demeure jusque-là présente sur le terrain, n’est autre que le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Son président, Abderrezak Mokri, est en pleine forme et multiplie les déplacements dans les wilayas. Après un programme chargé à l’est du pays, notamment dans la wilaya de Tébessa, le chef islamiste devait atterrir, hier, à Médéa, avant d’aller la semaine prochaine dans les wilayas de Sidi Bel Abbès et Aïn Témouchente. Ses activités interviennent après la dernière recommandation issue de la réunion de l’instance de concertation et de suivi de la CLTD, laquelle avait porté sur la nécessité d’aller à la rencontre de la population pour expliquer davantage la démarche et le projet de transition. Hélas, c’était compter sans les moyens et les capacités des différents membres de cette coordination de l’opposition.
Et pour preuve, hormis le MSP, on ne retrouve presque aucun parti politique, encore moins une personnalité sur le terrain. Une action, donc, le moins que l’on puisse dire « aléatoire », au point d’avoir l’impression que les violons ne sont pas accordés.
Les absents

Pourtant, même si les congés de l’Aïd ont pris fin, certains partis n’ont pas encore marqué leur entrée. Du côté de Jil Jadid, un grand meeting est prévu pour le 10 octobre prochain, « au cas où l’administration de la wilaya d’Alger nous accorde l’autorisation pour la salle Mohamed-Zinet », nous explique Soufiane Sekhri, chargé de la communication au sein du parti de Djilali Soufiane. Selon lui, les préparatifs vont bon train et une demande d’autorisation pour ce meeting a déjà été déposée au niveau des services concernés. Si aucun obstacle ne vient chambouler le programme de Jil Jadid, ce dernier tiendra son premier meeting comme prévu vendredi prochain.
Pour un autre parti de la CLTD, Enahdha en l’occurrence, « le bureau national devrait se réunir jeudi prochain pour arrêter un programme d’action au niveau des wilayas », nous a déclaré M. Khebaba, cadre du parti et chef du groupe parlementaire de l’Aliance de l’Algérie verte (AAV). Notre interlocuteur fera savoir, cependant, qu’un grand meeting est prévu pour la fin du mois en cours dans la wilaya de Constantine.
Selon lui, le fait que des partis sont déjà sur le terrain, contrairement à d’autres, n’influe en rien la démarche de l’opposition, puisque cette dernière « travaille désormais en bloc ». Plus encore, « les moyens financiers, la structuration locale et organique de chacun des partis ne sont pas les mêmes », argue M. Khebaba pour qui «l’essentiel demeure le fait que toutes les parties prenantes à la démarche de la CNTD soient d’accord sur la démarche à même d’arriver à une transition démocratique par les moyens pacifiques ». Cependant, faut-il le reconnaitre, l’absence du RCD, du FJD ou encore de personnalités, à l’instar d’Ahmed Benbitour et de Ali Benflis, signifierait que les uns ne sont pas sur la même longueur d’ondes que les autres. A moins que parmi ces absents, il y ait ceux qui auraient peur d’affronter la population, rien ne justifie cet « immobilisme », d’autant que l’opposition est appelée à donner l’image d’un groupe homogène et dans le discours et dans l’action.
Les ambitieux
A la question de savoir si Mouloud Hamrouche était toujours avec la CLTD, puisque l’homme n’a pas répondu favorablement à l’invitation des deux dernières réunions de l’instance de concertation et de suivi, M. Khebaba n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer une « position confuse » de l’homme des réformes. « Il partage des idées avec notre coordination, mais ne veut pas lâcher le bout du fil qu’il tient pour l’armée », estime notre interlocuteur, non sans reconnaitre que Hamrouche reste une personnalité de poids, dont la CNLTD a beaucoup à gagner de son expérience. Il n’est un secret pour personne que Hamrouche ne se permettrait pas de se « noyer » au sein de l’opposition et d’oublier ses ambitions personnelles pour la magistrature suprême du pays. Un sentiment qui anime une autre personnalité, à savoir Ali Benflis en l’occurrence. Coordinateur du Pôle des forces du changement (PFC), l’ex-candidat malheureux à la présidentielle du 17 avril 2014 avance à pas sûrs dans son projet de parti politique. Il est d’ailleurs convoqué au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, en novembre prochain, d’après son entourage. Reste à savoir si la création d’un parti politique par Benflis aurait des conséquences sur la démarche de l’opposition en général et de la CLTD en particulier ? En tout cas, avec le grand nombre de partisans, de « petites » formations politiques et autres personnalités qu’il draine derrière lui, l’ancien chef de gouvernement sous Bouteflika serait même tenté de faire cavalier seul dans le cas où il n’arriverait pas à s’imposer en leader au sein de l’opposition réunie. Les prochains jours et semaines apporteront plus d’éclaircissements…