Engagement des belges dans la guerre d’algérie : Quand l’humanisme triomphe

Engagement des belges dans la guerre d’algérie : Quand l’humanisme triomphe

La solidarité avec le peuple et les militants algériens était en quelque sorte une réponse à un appel lancé par des personnes en danger.

Au péril de leur vie et en totale contradiction avec la position de la Belgique officielle, des Belges se sont engagés corps et âme aux côtés des Algériens durant leur révolution. C’est en somme ce qu’a dégagé hier, comme leçon principale le Colloque international «Front du Nord: des Belges et la guerre d’Algérie», tenu à la Bibliothèque nationale d’El Hamma-Alger. En présence du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, de celui de la Communication, Djamel Kaouane, de la Culture, Azzedine Mihoubi et de l’ambassadeur de la Belgique, Pierre Gillon ainsi que d’une forte assistance, plusieurs témoins encore en vie ont tenu à parler de leur engagement.

Relatés dans un film documentaire réalisé par Hugues le Paige, ancien journaliste belge, des militants belges ont exprimé d’abord la raison de leur engagement et ensuite la façon avec laquelle ils avaient soutenu la cause algérienne. Partisans tous des idées de gauche et du communisme, les témoins ont indiqué qu’il était lâche et condamnable de ne pas se solidariser avec un peuple en détresse et en quête de l’indépendance. Ainsi pour certains témoins, la solidarité avec le peuple et les militants algériens était en quelque sorte une réponse à un appel lancé par des personnes en danger.

Racontant en outre la façon avec laquelle ils aidaient justement les moudjahidine algériens de la Fédération de France, bon nombre de témoins ont souligné que souvent l’assistance consistait à héberger, assurer du transport, faire transiter des militants du FLN, défendre ces derniers devant les tribunaux et publier des papiers soutenant le combat des Algériens dans des revues et des journaux. Pour les témoins, de tels gestes n’étaient pas du tout faciles à réussir, car les autorités belges qui soutenaient la France, veillaient à déjouer le moindre mouvement ou réseau soutenant les militants du FLN, et ce, sur demande des autorités françaises. Il faut dire que la cause algérienne n’était pas du tout connue en Belgique.

«Les Belges et leur gouvernement étaient toujours convaincus du fait que le territoire algérien appartenait à la France», ont déploré plusieurs témoins à travers le film documentaire dont, hélas plusieurs d’entre eux sont décédés maintenant. Intervenant de son côté pour expliquer les raisons de la tenue de ce colloque, l’ambassadeur de la Belgique Pierre Gillon a indiqué que «cette initiative s’inscrit parfaitement dans notre devoir de mémoire, la mémoire commune entre la Belgique et l’Algérie», soulignant qu’il s’agit d’un petit morceau de l’histoire de la Belgique qui sera examiné à l’occasion de cette rencontre.

C’est l’histoire de Belges qui ont aidé leurs frères algériens sur le territoire belge et dans le nord de la France, dans leur lutte pour l’indépendance de l’Algérie», a-t-il indiqué, relevant son intention d’organiser d’autres rencontres pour aborder des aspects liés à la thématique du colloque. Invité pour témoigner sur cette solidarité l’avocat et le grand militant de la Fédération de France Ali Haroune a fait savoir que le rôle qu’ont joué les Belges est historique et inoubliable. Car il était déterminant à plusieurs moments et il a concerné plusieurs fronts.

Par ailleurs, en donnant le coup d’envoi pour ce colloque le ministre des Moudjahidine Tayeb Zitouni s’est dit très content de partager ce moment de mémoire et d’histoire.

Le ministre des Moudjahidine a profité aussi de l’occasion pour remercier les Belges pour leur engagement aux côtés des Algériens. «Je profite de cette occasion pour rendre un grand hommage et une pensée profonde aux âmes de ceux qui nous ont quittés et à saluer avec une immense gratitude celles et ceux qui sont vivants en leur souhaitant santé et bien-être. Tayeb Zitouni n’a pas manqué en outre de souligner l’universalité des principes de la guerre d’Algérie ayant contribué à la libération de plusieurs pays des ténèbres du colonialisme. Présentant lui aussi une brève allocution à cette occasion, le ministre de la Communication Djamel Kaouane a exprimé sa reconnaissance pour ces hommes et femmes belges de l’ombre qui ont aidé l’Algérie et sa cause. «Ces femmes et hommes qui avaient alors su voir dans le sursaut algérien l’une des causes les plus nobles de la modernité, ont eu le courage de se délester de leurs oeillères euro-centristes pour s’inscrire, et de quelle manière, dans ces pages d’histoire que le peuple algérien a écrites.»