L’avocate Fatma-Zohra Benbraham a appelé la société civile, notamment le mouvement associatif, à lutter contre l’appellation des enfants nés hors mariages « X ».
Selon elle, la loi française relative à l’adoption de cette catégorie est toujours en vigueur en Algérie. « Cela ne devrait pas avoir lieu dans notre pays car l’islam autorise la kafala qui protège l’enfant ainsi que sa filiation », a-t-elle expliqué, hier, lors d’une rencontre organisée, à Alger, par l’association « Enfant Innocent », sur la prise en charge des enfants nés sous « X ».
Pour cette avocate, la convention internationale de l’enfant stipule que la filiation est un droit et vient en application du droit musulman et du droit positif. Et si, selon elle, le christianisme a favorisé, entre le 15e et le 16e siècle les appellations sous « X » pour les enfants nés hors mariage, c’était dans l’intérêt « de les récupérer pour les placer dans des couvents, des églises ou de servir comme chaire à canon pendant les guerres et les croisades ». Selon Me Fatma-Zohra Benbraham, la naissance en elle-même est un acte naturel.
Dans la religion musulmane, a-t-elle poursuivi, le prophète Mohammed (QSSSL) a protégé El Ghamidia, une femme qui avait commis l’adultère. « Le Prophète lui avait permis d’allaiter son enfant né d’une relation extraconjugale avant de le placer en kafala auprès des siens et d’appliquer la sentence à la bonne femme », a-t-elle souligné.
Pour sa part, Kamel Chekat, théologien, a précisé que la religion musulmane préconise la culture du secret. Raison pour laquelle il a cité un verset coranique : « Citez-les par le nom de leur père, et s’ils n’en ont pas, ils sont vos frères dans la religion » (Sourate El Ahzab). A ses yeux, la question des enfants nés hors mariage n’est pas l’affaire des religieux seulement. « C’est toute la société qui doit s’impliquer et contribuer à trouver de bonnes mesures car la religion musulmane est pour agir et non pour interdire », a-t-il précisé.
Selon lui, il faut travailler de concert avec les potentialités car il y a moyen d’adopter de nouvelles mesures. « La solution se trouve dans le Coran et il est impératif de forcer la participation de l’Etat en tant que personne morale à un impact sociétal », a-t-il ajouté. Le docteur Tidjani, chercheur en sociologie, a indiqué que la religion musulmane défend la légitimité des ces enfants qui doivent être bien considérés, entretenus et pris en charge convenablement.
Dans ce contexte, il a évoqué trois principaux points. Le premier porte sur l’importance de la sensibilisation sur la kafala. Le deuxième concerne la prise en charge de cette frange au-delà de 18 ans. « L’Etat doit assurer la prise en charge des enfants nés hors mariage au-delà de 18 ans », a recommandé la conférencière. Le dernier point a trait à l’intégration de ces enfants et leur participation à l’édification de la société en tant que personne à part entière.
Rym Harhoura