Enfants nés sous X en Algérie : L’ADN pour lever les mystères

Enfants nés sous X en Algérie : L’ADN pour lever les mystères

Maître Fatima Benbraham, avocate et militante pour les droits de l’homme, a plaidé hier à Alger, en marge d’une conférence de presse portant sur ce thème, intitulée «la recherche obligatoire de l’ADN pour le droit à l’identité de l’enfant sans obligation de mariage».

La question des enfants nés sous x en Algérie, demeure à ce jour, l’un des problèmes vitaux de la société algérienne. Ces derniers ne sont toujours pas considérés comme étant des êtres humains à part entière. Le drame vécu par ces derniers se traduit par une marginalisation, voire une exclusion totale de notre société. Et pour cause, souvent ces enfants abandonnés ne peuvent accéder à leurs origines sachant que l’accouchement se fait de façon anonyme. Par ailleurs, un vide juridique subsiste en la matière; ces enfants, là, ne sont protégés par aucune loi. A cet égard, maître Fatima Benbraham, avocate et militante pour les droits de l’homme, a plaidé hier à Alger, en marge d’une conférence de presse portant sur ce thème, intitulée «la recherche obligatoire de l’ADN pour le droit à l’identité de l’enfant sans obligation de mariage». Selon elle, la justice doit impérativement obliger les géniteurs de l’enfant à donner leurs noms «à condition toutefois, que cela se fasse dans le secret». Maître Benbraham explique que cette procédure permettra à l’enfant né hors mariage, une fois atteint la majorité, de s’enquérir des informations détaillées sur ses origines. Elle estime qu’en Algérie, le problème réside dans le fait que le gouvernement interdise pour un quelconque laboratoire d’effectuer une opération du genre. S’étalant davantage sur les difficultés de procéder à une recherche ADN, Fatima Benbraham a indiqué que pour cette opération «on exige une ordonnance du procureur de la République». Mais souvent, celui-ci justifie qu’il n’est pas en mesure d’octroyer un tel document, car ne relevant pas de ses prérogatives. Idem du côté du juge, qui lui aussi se défendra de ne pas pouvoir fournir une telle ordonnance pour les mêmes raisons. «Disons, que c’est une sorte de cercle vicieux», avance l’avocate. Cette dernière fera d’ailleurs remarquer que c’est pour cette raison, «qu’aucune décision d’ADN n’a été exécutée à ce jour en Algérie». D’après elle, l’Algérie est à la traîne dans ce domaine et se contente d’appliquer des textes dont les lois ont été inspirées par la France et qui datent du XVIIe siècle, quand Saint Vincent de Paul appliqua le concept de l’accouchement sous X. Celui-ci consiste à aider la femme à accoucher et de la laisser partir sans laisser de trace. «Ce qu’il faut savoir c’est que la France a depuis, beaucoup avancé sur ce plan-là, tandis que notre pays stagne», soutient-elle. Elle rappelle en effet que les femmes qui accouchent sous X en Algérie, ne sont pas tenues de divulguer leur identité. Sa traçabilité devient par conséquent impossible à retrouver. Pour maître Benbraham, «le danger que constitue cette négligence, c’est que dans nombre de cas, ces enfants, n’ayant pas connaissance de leurs origines se sont mariés avec leurs soeurs ou leurs frères sans le savoir». Et ce, en sus de n’avoir droit à aucun statut dans la société ou autres «privilèges» d’une personne née de parents connus. Paradoxalement, elle relève que le droit musulman se prononce en faveur de l’enfant. Preuve en est, c’est à l’époque du prophète Mohammed (Qsssl),que l’accouchement sous X a été en quelque sorte aboli. L’enfant illégitime avait ainsi un statut comme le commun de ses semblables. Zohra Benbraham se demande dès lors, «pourquoi nous n’appliquons pas ceci de nos jours?». D’après elle c’est simple, une fois que la femme accouche de son enfant, elle peut le confier aux services compétents, cela dit, il faut la contraindre à donner son nom, mais dans le secret, a-t-elle encore rappelé.

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