Enfants des marins des MV Blida et MV Nedroma,Le miracle n’a pas eu lieu pour leur « Journée »

Enfants des marins des MV Blida et MV Nedroma,Le miracle n’a pas eu lieu pour leur « Journée »

La Journée internationale de l’enfant, censée être la plus joyeuse de l’année pour tous les enfants, sera placée sous le signe de la détresse pour les enfants des dix-sept marins algériens du MV Blida, pris en otage par les pirates somaliens ainsi que les dix-huit autres, du MV Nedrouma, bloqués à Pekin en Chine suite au conflit financier qui les oppose à l’affréteur grec de leur navire. Les enfants de ces marins observent aujourd’hui, un autre sit-in, devant le siège de l’ex-CNAN à Kouba.

Ces enfants veulent à travers cette action, exprimer et crier leur détresse, eux qui sont «sans papa» depuis plus d’un an pour certains d’entre eux. « Je veux seulement mon père, pour cette Journée de l’enfant, je suis perdu sans lui et je me sens orphelin alors que maman dit qu’il est toujours vivant », nous a confié l’enfant d’un des marins kidnappés joint hier par téléphone. Des mots qui décrivent l’angoisse que vivent ces enfants depuis des mois. « Mes neveux vivent un vide affectif affreux, même si j’essaie d’y remédier, depuis le détournement du navire , en restant toujours à leurs côtés, mais l’affection de leur père est irremplaçable et là après un semestre d’absence nous n’arrivons plus à trouver de réponses à leurs questions », nous a affirmé M. Achour, l’un des représentants des familles des otages lui-même frère d’un des marins pris en otage. Il faut dire que l’absence de ces chefs de famille a eu un impact très négatif sur les enfants dont le rendement scolaire s’est, selon leurs proches, « nettement dégradé vu la grande perturbation au sein de la famille ». Ils s’isolent, se replient sur eux-mêmes et parfois même culpabilisent puisque dans leur subconscient leurs papas sont partis travailler pour eux et si ce n’étaient pas les charges de la vie, ils seraient toujours ici à leurs côtés, nous dira une des mamans en détresse.

L’un des enfants a envoyé à notre rédaction cette lettre poignante adressée à son papa souhaitant qu’on l’a publie dans l’espoir que son papa puisse la lire.

Le cri d’un enfant « en otage »

« J’ai 8 ans déjà,

Entendez-moi tous !

Je veux mon papa… ce message est pour toi mon papa

Excuse-moi papa je n’ai pas pu me concentrer en classe pendant les compositions.

Je suis pointé du doigt parce que je suis devenu le mal classé depuis que tu es retenu en otage, en Somalie

Djeddi El Hadj est décédé «Allah yarahmou», il m’a laissé une « Wassia » pour toi.

Ton dernier regard lui est resté en pleurs.

Mon petit frère est né sans ta présence papa…

Mon tonton s’est occupé comme si tu étais présent pour son inscription à l’état-civil de notre commune en lui attribuant le prénom de feu grand-père «Allah yarahmou».

Il est très beau papa ! Il ressemble à feu grand-père.

Je sais que tu trembles de joie et en pleurs pour le voir ! Ne t’inquiète pas papa ! Maman est toujours là !

Nous t’attendons pour la fête de la « aâkika ». Tu sais papa tous les matins que Dieu fait, je regarde la mer à l’horizon et prie Dieu le Tout-Puissant de te voir revenir sur le bâteau «MV Blida» comme d’habitude papa.

Tu sais papa, notre sort est entre les mains de Dieu le Tout- Puissant, d’ailleurs tous les vendredis des prières sont prononcées pour votre libération dans les mosquées de Béni Saf, de Aït Témouchent, de Collo, de Jijel, de Annaba, de Hadjout, de Bou Ismaïl, de Dellys, de Soustara, Lla Casbah, des Tagarins, de Bologine, de Tizi-Ouzou, de Hammam Melouane et surtout tous les voisins de notre quartier.

Mes forces s’épuisent avec le temps, et surtout maman qui cache mal son désarroi avec des pleurs silencieux dans un coin de la chambre la porte fermée pour ne pas augmenter notre désolation.

Tu sais papa, les fêtes ce n’est pas pour nous !

Après l’Aïd el-Kebir, El Mawlid Ennabawi, le 8 Mars, le 1er Mai, la Fête des mamans, aujourd’hui c’est ma journée universelle de l’enfance et tu n’est pas là papa ; hélas !

Le mois du Ramadhan el karim arrive bientôt, je prie Dieu le Tout- Puissant que tu sois là.

Je voudrais tant avec toi papa faire mes premiers jours de carème en guise de remerciements à Dieu pour toi.

Presse-toi un peu, l’attente devient trop longue et déchirante.

Je souhaite que tu sois libre papa parce que j’ai du mal à travailler en classe.

On m’a toujours dit que notre chère Algérie était toujours aux côté des Africains et des pauvres.

Qu’est-ce qu’on a fait à la Somalie papa ?

Notre grand père le président Abdelaziz Bouteflika est bien fort, je suis sûr qu’il est là pour vous défendre.

Ca cri est un appel dédié à tous les enfants du monde qui souffrent terriblement dans leur triste vie en célèbrant la Journée universelle de l’enfance ».

Les enfants de la grande famille des otages du «MV Blida»

Par : C. K.