Beaucoup d’encre a coulé et de nombreuses dissertations ont été faites sur la souffrance des cancéreux chez nous. Quand il s’agit d’adultes, le drame est déchirant et interpelle tout un chacun, mais quand il est question d’enfants, la situation devient tout simplement insupportable et les responsables du secteur se doivent d’agir, et vite.
Et que dire des enfants atteints du cancer ? Leur situation n’est pas meilleure. C’est le désarroi. Un reportage diffusé ce mercredi matin, sur les ondes de la Chaîne III, est bouleversant ! Le journaliste n’en trouvait pas les mots.
Au service d’oncologie pédiatrique du CPMC, une fille de trois ans, atteinte d’un cancer, crie sa douleur. Sa mère est anéantie. «On n’a pas de place pour votre fille», lui a-t-on signifié. «Je suis venue de bonne heure. J’attends toujours puisque pour l’heure, aucune place n’est disponible», a-t-elle témoigné. A l’intérieur du service, le constat est frappant : les consultations se font même dans les bureaux. «C’est inadmissible», jugent les médecins traitants. «Nous sommes dépassés. Nous disposons uniquement de sept lits d’hospitalisation et cinq autres pour le traitement dilatoire. C’est vraiment du pas possible», a déploré le chef de service d’oncologie pédiatrique. «Il faut mettre tous les moyens pour une prise en charge de ces enfants, pas uniquement en termes de locaux, mais aussi de moyens matériels», a-t-elle soutenu.
Quant au Pr Kamel Bouzid, connu pour ses positions fermes, il a, une fois de plus, renouvelé son appel pressant pour la création d’autres centres. «En ce qui concerne l’oncologie pédiatrique, il y a effectivement un manque de places. Un projet qui date depuis des années a prévu la réalisation d’un centre d’oncologie pédiatrique au CHU de Bab El-Oued. Nous avons, une fois de plus, sollicité les autorités dans ce cadre et nous espérons que ce sera pris en considération. La seule solution, c’est du concret. Il existe un service du genre à l’hôpital de Messerghine (Oran).
Il en faut un à Alger et un autre, probablement dans l’Est», a-t-il déclaré. 50 ans après l’indépendance n’est-il pas judicieux de se dire pourquoi sommes-nous arrivés à cette situation ? Pour le chef du service oncologie du Centre Pierre et Marie-Curie pour la radiothérapie, à titre illustratif, malgré les efforts des autorités en matière d’acquisition d’équipements, de construction de nouveaux centres, la situation est pire qu’en octobre 2011. Il est clair que les cancéreux vivent l’enfer. Leur situation scandaleuse a fait couler beaucoup d’encre et a suscité moult réactions, sans que les choses évoluent favorablement pour autant.
Dans une Algérie qui enregistre chaque année entre 40 000 à 44 000 nouveaux cas de cancer, certains malades attendent parfois plusieurs mois avant d’obtenir un rendez-vous dans l’un des cinq centres de radiothérapie qui existent actuellement. Et ce n’est nullement un problème de moyens financiers, sachant que le budget alloué au ministère de la Santé dans le cadre de la loi de finances 2012 est de…306 925 642 000 DA.
C’est plutôt la question de la gestion qu’il faudrait revoir, d’autant plus que le remplacement de l’ex-ministre Djamel Ould Abbès par Abdelaziz Ziari n’a pas apporté les solutions adéquates.
Le calvaire continue, y compris avec la nomination, en janvier dernier, du Pr Messaoud Zitouni par le président de la République pour assurer le suivi et l’évaluation du plan national cancer.
F.H