Les actes de violences contre les enfants ne cessent de progresser
«Parfois derrière un sourire se cache une tristesse.» C’est horrible. L’Algérie baigne toujours dans les tabous les plus meurtriers. Et c’est tout un peuple qui en fait les frais.
Les enfants et les femmes sont la frange vulnérable, qui paient le lourd tribut au prix souvent de leur vie. Les toutes dernières statistiques, qui fusent par-ci et par-là ces dernières semaines concernant les violences sexuelles sur enfants, les enfants abandonnés, les violences sur les femmes, les naissances hors mariages, révèlent des chiffres non seulement alarmants mais renseignent sur ce qui risque de ressembler à un véritable génocide.
Des enfants agressés sexuellement
«Près de 7000 cas d’agression sexuelle contre des enfants et 9000 appels de détresse au numéro vert du Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (Nada) ont été enregistrés en 2010», la révélation a été faite par le président du réseau, Abderrahmane Araar, intervenant, à l’issue des travaux des deux journées de sensibilisation organisées à l’occasion du 22e anniversaire de l’adoption par l’Algérie de la Convention internationale sur les droits de l’enfant. La psychologue au réseau Nada, Mme Barsa Salima, a souligné que «la majorité des cas d’agression sexuelle enregistrés durant ces dernières années concerne les garçons âgés de 3 à 6 ans» Même si certaines voix dites «officielles» tentent de présenter l’Algérie comme détentrice de la première place aux plans arabe et africain en matière d’application des résolutions internationales portant protection de l’enfant, la réalité est toute autre. Ce n’est pas une histoire de chiffres et de places, mais une question de cri et de détresse quand il s’agit de vie humaine. D’ailleurs, même les chiffres ne doivent pas conforter ces mêmes officiels.
Une femme violentée toutes les heures
Durant les 9 premiers mois de l’année en cours, 7042 femmes victimes de violence, ont porté plainte cette année contre leur mari. 24 décès ont été aussi enregistrés cette année. Des chiffres qui tombent bien sûr comme en chaque année lors de la célébration de la Journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes.
Jusque-là, il s’agit de femmes qui ont osé briser le silence et dénoncer les violences qu’elles subissent. Quant aux femmes qui n’osent toujours pas. Même les chiffres se retrouvent violentés. Des centaines de milliers de victimes crèvent encore dans la sauvagerie. Quelques dizaines encore n’en sortent qu’une fois mortes.
La commissaire principale à la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) chargée des affaires de violence contre la femme, Kheira Messaoudène, révèle que «les actes de violence ne cessent de progresser, notamment dans la capitale, où 1238 cas de violence ont été recensés».
A cet égard, la présidente du réseau Wassila, et sociologue Dalila Djerbal, a souligné que «bien que l’Algérie ait amendé ces textes et que les coups et blessures sont considérés comme un délit puni d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison lorsqu’il y a préméditation ou port d’armes, cela reste insuffisant pour enrayer la violence à l’égard de la femme, d’autant que les victimes, par peur du divorce ou de vengeance, hésitent souvent à porter plainte.»
Connecter ce monde de sauvagerie que vit la femme algérienne à celui, encore beaucoup plus «criminel», en l’occurrence l’enfance violentée, agressée sexuellement ou abandonnée, pour les observateurs les moins «agressifs», le mot «génocide» lacère comme une lame.
Le tabou des enfants abandonnés
Quel est le sort d’un enfant né d’une liaison dite «illégitime» en Algérie? Malheureusement, la plupart sont carrément abandonnés dans la rue, dans des poubelles, sur le trottoir ou carrément assassiné. Pour des considérations pseudo-sociales et pseudo-religieuses, le sujet en Algérie constitue un tabou. L’enfant né sous «X», est bien sûr une victime. «C’est la victime qui paie à la place de ceux qui ont fauté», a lâché la présidente de l’Association d’aide aux enfants abandonnés «Bara’a» dans la wilaya de Batna, Mme Bensalah Souad.
Cette grande défenseuse des enfants abandonnés s’est interrogée dans le tas: «Comment est-ce que les gens arrivent à dormir sachant que d’autres paient leur faute?», avant de lâcher: «C’est simplement inconcevable». En données chiffrées, les plus sensibles doivent s’abstenir. Rien que de 2003 à 2005, le chiffre passe de 3000 à 5000. Depuis, il faut dire que ce dernier a presque doublé. Si on prend la moyenne de 4000 enfants abandonnés chaque année, aujourd’hui, plus de 400.000 en moins de dix ans sont abandonnés. La réalité est encore beaucoup plus terrible.
Les enfants adultérins font partie du non-dit de la société algérienne. En étant abandonnés, ces derniers posent des problèmes sociaux, économiques, sanitaires, juridiques et éthiques. L’Etat doit établir, en toute urgence, une stratégie globale à la dimension du problème. Pour peu que le courage des hommes l’emporte sur la lâcheté du silence…