Pour les Algériens, évoquer le secteur de l’énergie c’est éprouver un sentiment d’orgueil national. Au-delà des revenus financiers engrangés par le pays à travers la production et l’exportation des hydrocarbures, c’est toute l’idée du recouvrement de la souveraineté nationale et de récupération de leurs richesses naturelles un certain 24 février1971 qui font leur fierté.
La nationalisation des mines en 1967, celle des hydrocarbures en 1971, constituent des décisions majeures qui ont déterminé, inspiré et impulsé toute la politique de développement économique et social de l’Algérie post- indépendance ; même si cette dernière a été “empreinte de populisme”. Mais, aujourd’hui, l’évolution des rapports de production et d’échanges internationaux, conséquemment à l’émergence du processus de mondialisation et de globalisation de l’économie interpelle les décideurs algériens, pour d’une part, sortir d’un système mono-exportateur, et d’autre part, aller résolument vers un nouveau paradigme économique qui rompt définitivement avec la rente pétrolière.
Au demeurant, les crises successives des économies occidentales -depuis notamment 2008 avec la problématiques des subrprimes et aujourd’hui celle de la dette souveraine et de la probable implosion de la zone euro, couplée à la reconfiguration des enjeux énergétiques internationaux- ne leur laissent aucun choix. Au risque de retomber dans la dramatique situation de 1988, il est urgent de réagir au-delà des professions de foi. Il s’agit de la sauvegarde de la nation, de la sécurité nationale et de la préservation des intérêts des générations futures. C’est pourquoi, les enjeux liés aux énergies renouvelables, sont, à l’évidence, de nature stratégique et politique, aux retombées économiques et financières, qu’il serait naïf, voire dangereux, d’en sous-estimer l’impact à moyen et long termes, au plan régional et international. L’Algérie se situe au cœur de ces défis d’aujourd’hui et de demain, pour des raisons liées à la fois à l’évolution constante des besoins énergétiques de son marché intérieur, mais, également, aux contraintes dues à sa position géostratégique, qui suscite et nourrit visées et convoitises extérieures. Par ailleurs, ce qui se passe à nos frontières Sud et Sud-est aujourd’hui, ne peut pas ne pas avoir de lien direct ou indirect avec les ressources énergétiques que recèle cette région. Troisième pays mondial en termes de capacités d’énergies renouvelables (compte tenu de l’immensité de son territoire et de son potentiel éolien et notamment d’ensoleillement, estimé à 3 000 heures / an), après l’Allemagne et l’Espagne, l’Algérie, selon certains analystes et experts des énergies alternatives, dispose d’un potentiel énergétique qui représente environ quatre fois la consommation mondiale annuelle. Cependant, notre pays, qui fait partie de la région Mena, serait à la traîne des autres pays -de cet espace – tels que l’Égypte, le Maroc, la Jordanie et la Tunisie qui ont entrepris des investissements ambitieux dans le secteur de la production de l’électricité. Ils doivent, en principe, y compris l’Algérie du reste, bénéficier d’un budget de 5,5 milliards de dollars accordés par la Banque mondiale pour financer des projets d’énergie solaire qui seront opérationnels à l’horizon 2015, et qui généreront une capacité de production d’électricité de 9 000 MGWatts. Sur le front intérieur, Les débats entre experts algériens et étrangers nous prédisent, dans un futur pas lointain, un tarissement de nos ressources en hydrocarbures et nous promettent un statut de pays importateur d’énergie d’ici 2020-2025. De fait, une prise de conscience des décideurs algériens quant aux risques de réalisation de ces prévisions, et compte tenu de la tendance lourde que prend la recherche scientifique et technique en vue d’impulser les investissements dans le secteur des énergies nouvelles dans les pays développés, semble se dessiner. En vérité, Les lignes ainsi que les mentalités ont commencé à bouger dans ce domaine depuis bien longtemps. Dans le prolongement de cette dynamique, qui a commencé avec l’introduction du nucléaire à des fins civiles, un plan national de développement des énergies renouvelables a été défini et arrêté pour la période allant de 2008 à2017. Dans le cadre de ce plan, l’Algérie, prévoit d’investir 317millions d’euros. Cette opération alternative se traduira par une production d’électricité de 18 000 MGWatts dont 12 000 destinés aux besoins du marché local et 6 000 à l’exportation. Cet important projet, sera implanté à Bellil(Laghouat) ville qui abritera également l’Institut algérien des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (IAEREE) dont la mission consistera à former et à développer les compétences nationales dans le secteur des énergies renouvelables. Selon certaines sources, l’État algérien prévoit de porter la part des énergies alternatives dans le bilan électrique national à 6% en 2017 et 25% en 2050. De tels objectifs nous renvoient nécessairement au projet “Desertec”, aux enjeux financiers considérables qui le sous tendent – coût estimatif : 400 milliards d’euros-, à l’engagement des pays européens à participer au financement de ce mégaprojet, à travers notamment des opérations de partenariat et de montage financier avec les États nord-africains, qui impliqueraient leurs entreprises et leurs banques. Les résultats attendus de ces investissements, consistent, entre autres, à fournir à l’Europe 15% de ses besoins en électricité à l’horizon 2050 et à l’aider à atteindre un seuil de 20% d’électricité propre, contre 8% actuellement. Par ailleurs, ce projet, dont on devine aisément les enjeux stratégiques, économiques et financiers, n’est pas, du point de vue du concept, très éloigné de la vision algérienne, sauf que notre pays conditionne son adhésion à cette démarche multilatérale (Europe-Nord de l’Afrique notamment) par le transfert des technologies, la formation des ressources humaine et par un partenariat gagnant-gagnant. Dans ce contexte, et à propos de la position de l’Algérie sur le projet “Desertec”, l’actuel ministre de l’Énergie et des Mines, a déclaré : “Nous allons étudier toutes les possibilités de développement des énergies renouvelables, non seulement au niveau national mais aussi au niveau régional”. il reste cependant, d’après les spécialistes, que les autorités algériennes ne s’engagent pas suffisamment dans cette voie et le niveau modeste des investissement qu’elles consacrent au développent des énergies nouvelles et renouvelables atteste des réticences constatées.
A. H.