« La promotion des énergies renouvelables constitue un axe majeur de la politique énergétique et environnementale de l’Algérie » indique la mission économique de l’ambassade de France dans un document consacré aux énergies renouvelables en Algérie.
Le document souligne que « le pays possède un potentiel très important en énergie solaire ». Avec un ensoleillement annuel moyen évalué à 2000 heures et un territoire composé à 86% de désert saharien, sa puissance solaire est estimée à environ 1700 KWh/m²/an dans le nord du pays et 2650 KWh/m²/an dans le sud, ce qui correspond à une capacité électrique 8 fois supérieur aux réserves de gaz naturel du pays, et au plus grand champs solaire du monde.
Le texte estime que le potentiel de développement des autres énergies renouvelables est plus modeste, notamment pour l’hydroélectricité et l’éolien où les vitesses de vent varient entre 2 et 6 m/s seulement. Le potentiel de la biomasse, qui comprend le recyclage des déchets issus des activités humaines, des déchets urbains et agricoles, est estimé à 1,33 MTEP/an.
La géothermie présente des perspectives plus favorables avec 200 sources d’eau chaudes répertoriées et des capacités annuelles estimées à 700MW annuels. Le document note que « la part des énergies renouvelable dans le mix énergétique algérien demeure encore limitée ».
Sur les 11389 MW de capacité électrique installée dans le pays en 2011, 97% proviennent du gaz naturel, 0,9% des centrales diesels et 0,8% des installations hydrauliques tandis que les centrales hybrides dont seulement une partie est produite par énergie solaire (le reste est produit par le gaz naturel) représentent 1,3%.
Le gouvernement algérien s’est fixé des objectifs ambitieux de développement des énergies renouvelables à travers l’adoption du Programme national de développement des énergies renouvelables (PNDER) en février 2011.
Cette feuille de route sur 20 ans prévoit une couverture de 37 % des besoins en électricité du pays par l’énergie solaire thermique et photovoltaïque d’ici 2030, et de 3 % des besoins par l’énergie éolienne.
Cette progression représenterait une capacité additionnelle en puissance installée de 12 000 MW, dont 8 200 MW en solaire thermique, 2 800 MW en solaire photovoltaïque décentralisé et 1 000 MW en éolien. Le plan algérien prévoit également de dédier une capacité de 10 000 MW à l’exportation, sous condition de financements et de garanties extérieurs. L’Algérie a ainsi défini un système de rachat d’électricité issue des énergies renouvelables.
La loi relative à l’électricité et la distribution publique du gaz par canalisation (loi n°02-01 du 5 Février 2002, JO n°8) consacre un régime spécial qui autorise, sous conditions, la vente à un tarif préférentiel d’électricité produite à partir des énergies renouvelables, au gestionnaire du réseau de transport d’électricité.
Le montant de cette prime est fixé par décret exécutif n°04-92 du 25 mars 2004 et varie entre 100 et 300% du coût du KWh selon la source d’énergie éligible au régime spécial (hydraulique, éolien, ou solaire).
Le document indique que « la réalisation du PNDER requiert un effort financier conséquent de la part du gouvernement ». Le coût de sa mise en œuvre est estimé à 15 milliards d’euros (MDS €) sur la période 2011-2020 soit environ 11,5 MDS € supplémentaires par rapport à un programme traditionnel de production d’électricité de même capacité.
Les textes législatifs prévoient la création du Fonds National des Energies Renouvelables (FNDER) abondé chaque année à hauteur de 0,5% du produit de la fiscalité pétrolière, afin de participer au financement du projet. Ce programme comprend une stratégie de développement industriel de la filière solaire dans le but de maximiser les retombées positives de ces investissements sur l’économie nationale.
Concernant la filière photovoltaïque, le PNDER vise une intégration locale à 60% de la production PV d’ici à 2013 puis 80% à l’horizon 2030 tandis que pour les installations solaires thermiques, le ministère de l’énergie et des mines compte faire appel à une large part d’équipements et de savoir-faire importés et vise une part d’intégration locale de 7 % dans la phase de démarrage puis 50% à l’horizon 2020.
Le PNDER prévoit une mise en œuvre progressive du programme en 3 phases successive d’ici à 2020 : La réalisation de projets pilotes pour tester les technologies disponibles (2011-2013) avec 111 MW attendus à la fin 2013 ; puis le démarrage opérationnel du programme (2014-2015) avec 655 MW réalisé à la fin 2015 ; enfin le développement du programme à grande échelle (2016-2020) avec 2570 MW à la fin 2020.
La concrétisation de la phase pilote se traduit par le lancement de plusieurs centrales de capacité réduite en partenariat avec des entreprises occidentales, principalement photovoltaïques.
Alors que 111 MW sont attendues à la fin 2013, dont 76 MW en solaire de photovoltaïque (PV), 25 MW en solaire thermique et 10 MW en éolien, la centrale hybride solaire/gaz à Hassi R’mel d’une capacité de 120 MW par le gaz et 30 MW par l’énergie solaire thermique a été inaugurée en 2011, tandis que la ferme éolienne près d’Adrar d’une capacité de 10 mégawatts est en voie de finalisation.
Depuis 2012, la priorité a été donnée au lancement de projets pilotes photovoltaïques de petite envergure recourant aux différentes technologies disponibles dans cette branche par l’émission d’appels d’offre nationaux et internationaux.
Dans cette perspective, des avancées ont été réalisées pour encourager le développement vertical de la filière photovoltaïque en mettant l’accent notamment sur la R&D et la maîtrise des procédés solaires pour favoriser la progression technologique de l’Algérie.
A cette fin, l’émission d’appel d’offre pour la réalisation en cours d’ unités de fabrication de panneau PV visant à faire émerger l’industrie solaire algérienne, et le renforcement des capacités institutionnelles locales en matière de technologies photovoltaïques à travers la conclusion de partenariats avec des centres de recherches européens constituent les pistes privilégiées.
A. S.