Energies nouvelles : Le Sahara pourrait alimenter toute l’Europe

Energies nouvelles : Le Sahara pourrait alimenter toute l’Europe

Les écologistes mènent des actions pour vulgariser la consommation de l’énergie «verte» ; les économistes pour leur part calculent encore sur une rentabilité à court terme des investissements dans le secteur de l’énergie renouvelable et les politiques de tous bords hésitent à décider franchement sur l’option du développement en matière d’énergie renouvelable.

La réticence politique et financière, observée chez de nombreux pays, qui disposent des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon), apparaît au grand jour. En majorité, les Etats préfèrent investir dans le pétrole, le gaz et le nucléaire plutôt que dans les économies des énergies.



Les dirigeants de ces pays savent pertinemment que le développement de l’énergie verte bouleversera sans aucun doute la carte mondiale de l’énergie, et beaucoup de pays perdront leur pouvoir. L’Algérie bénéficie d’un gisement inépuisable grâce au Sahara, d’autant plus que la chaleur solaire se transforme en énergie électrique.

Ce gisement demeure encore inexploité. On peut produire de l’énergie solaire concentrée. L’Etat de Californie (USA), qui se projette dans l’avenir pour devancer le temps, a décidé de construire une centrale électrique 10 fois plus grande que celle d’Alméria (sud de l’Espagne).

En effet, un groupe d’industriels en Espagne a décidé de développer ce type d’énergie pour alimenter 500 000 habitants à partir de la centrale d’Alméria, une source d’énergie gratuite et inépuisable.

Le plus grand parc éolien du monde a été inauguré, en septembre dernier, au large des côtes sud de l’Angleterre. Ce projet consistait à l’implantation dans la mer de 100 machines (éoliennes, ndlr) d’une hauteur de 115 m qui utilisent la force des vents pour produire de l’énergie électrique. Ce projet alimentera des foyers dont le nombre avoisine 245 000 habitants.

Les responsables de ce projet prévoient de tripler la capacité de production dans les 4 années à venir. Dans le domaine de l’énergie solaire, la technologie ne cesse d’enregistrer une croissance incroyable. Les atouts des énergies renouvelables sont multiples, comme c’est le cas de l’énergie éolienne.

Le vent, l’eau et les rayons du soleil produisent de l’énergie électrique sans risque écologique. «Si vous implantez des éoliennes sur une superficie de 2025 km2, nous déclare le Dr. J.P. Charles, l’Algérie sera en mesure de fournir de l’énergie électrique pour toute l’Europe. Juste pour vous dire la chance que détient l’Algérie».

La réalisation de la 1ère centrale éolienne en 2010, dans la wilaya d’Adrar, un projet faut-il le souligner financé par Sonelgaz, aura coûté 30 millions d’euros selon les chercheurs scientifiques qui avaient participé au 1er séminaire méditerranéen sur l’énergie éolienne qui s’est déroulé à l’UDES (Unité de développement des énergies solaires) de Bou Ismaïl (Tipasa).

Des études sont en cours pour déterminer les lieux d’implantation des futures centrales éoliennes en Algérie. Cet autre chercheur européen abonde dans les débats et déclare : «En Allemagne, l’énergie éolienne permettra de créer 300 000 emplois d’ici 2020», dit-il. Pour l’instant en Algérie, c’est au niveau de projet. Ce mégachantier, qui commence à voir le jour, s’articule sur le développement des énergies propres qui regroupera l’éolienne, la photovoltaïque et le thermo solaire.

Ce sera une autre source de revenus pour l’Algérie. Les potentialités naturelles de notre pays permettront de fournir de l’énergie électrique à de nombreux pays de l’Europe, du bassin méditerranéen et même du Moyen-Orient.

Le montant de l’investissement pour ce projet nécessitera une enveloppe financière de 400 milliards d’euros, des moyens financiers pour la construction des installations et la mise en place des réseaux de transport de l’énergie.

Certains chercheurs observent que les énergies renouvelables ne sont pas permanentes dans beaucoup de pays, car tout dépendra de la disponibilité des vents et des rayons du soleil, ce qui n’est pas le cas pour l’Algérie.

Un projet stratégique est en cours de démarrage à Hassi R’mel, il s’agit d’une station bi- énergique (solaire et gaz) qui favorisera une liaison à travers une ligne électrique à haute tension entre Hassi R’mel (Algérie) et Aachen (Allemagne).

Tout le long du trajet de cette ligne électrique à haute tension, certaines régions des wilayas bénéficieront des avantages économiques et sociaux. L’Algérie prévoit de construire une cinquantaine de stations similaires à celle de Hassi R’mel dans différentes régions.

«Des responsables officiels français reconnaissent à huis clos que l’éolien est moins polluant que le nucléaire, nous dit-il, car 9 g de CO2 sont produits par l’éolien et le nucléaire dégage 12 g de CO2», conclut-il.

L’exemple européen. L’Europe a pris conscience des pertes économiques, d’où son engagement à mettre en place des lignes de transport d’électricité à longue distance pour alimenter un grand nombre de foyers et autres points consommateurs d’énergie électrique.

La fonctionnalité de ces lignes électriques s’effectuera en continue et plus jamais en alternatif afin de réduire les pertes par effet joule. L’Allemagne, locomotive de l’Europe, accuse 10 années de retard sur l’usager, à cause justement de cette absence des lignes de transport de l’énergie électrique à grande distance. L’énergie éolienne sert à réchauffer l’eau en 1er lieu.

De par l’immensité de notre Sahara, l’énergie thermosolaire est en mesure d’alimenter en énergie électrique propre tout le pays. Si, aujourd’hui, les technologies avancent à grands pas, le problème de l’énergie ne doit en aucune manière se poser.

Pour développer toutes ces énergies renouvelables, pas du tout polluantes, et laisser un précieux héritage pour les générations futures, les pouvoirs politiques doivent afficher concrètement leur volonté pour s’engager dans les investissements dans le secteur des énergies renouvelables. Une législation devra servir de garde-fous pour tranquilliser les investisseurs.

Les grands médias, à leur tour, doivent se mobiliser pour sensibiliser les citoyens et les opérateurs économiques à une utilisation de cette énergie électrique propre. Les régions isolées pourront bénéficier des atouts de l’énergie renouvelable (éclairage public, éclairage domestique, électrification rurale, chauffage des serres agricoles, alimentation en électricité des ateliers de l’artisanat, pompage de l’eau, entres autres).

La Gendarmerie nationale utilise ces procédés pour éclairer des unités de son institution. L’énergie renouvelable est actuellement considérée comme étant l’alternative la plus appropriée et également la plus importante pour faire face à l’épuisement des énergies fossiles.

La pollution avance à grand pas et menace l’avenir de la planète. L’Algérie a intérêt à franchir le pas pour se lancer dans la concrétisation des projets du Centre de développement des énergies renouvelables. La recherche ne suffit pas, si elle n’est pas suivie par un acte politique courageux.

La Tunisie se prépare pour accueillir en 2012 un séminaire méditerranéen dans ce sens, pour être à l’avant-garde dans la mise en place de ces technologies favorables à son développement économique. L’Algérie qui possède d’énormes moyens, par rapport à de nombreux pays, hésite encore dans cette nouvelle politique économico-environnementale, relative à la mise en place dans son vaste territoire de stations de production des énergies propres.

M’hamed Houaoura