Les énergies non conventionnelles seront au cœur de la conférence internationale sur l’industrie du gaz en Algérie qui aura lieu les 12 et 13 octobre à Oran. L’événement traitera « des ressources non conventionnelles en Algérie : un potentiel et des perspectives » et un autre thème intitulé : « 50 ans dans l’industrie du GNL ».
A noter que le potentiel de l’Algérie en ressources non conventionnelles, notamment en gaz de schiste, « sera particulièrement mis en exergue » le premier jour à travers des communications ayant pour objectifs d’informer et de débattre les perspectives de développement sur le long terme. La deuxième journée sera consacrée à des conférences ayant trait à la valorisation de l’expérience de l’Algérie dans l’industrie du gaz naturel liquéfié par la célébration du cinquantenaire de la mise en service, en 1964, de Camel, à Arzew, première usine de liquéfaction du gaz au monde.
Cette conférence intervient alors que le débat sur l’exploitation du gaz de schiste fait encore opposer les favorables aux contempteurs de cette option. A la tête des pourfendeurs de l’exploitation de ce gaz non conventionnel, Abdelmadjid Attar, ancien P-DG de Sonatrach, qui estime que le gaz de schiste est une source d’énergie appréciable certes, mais qu’en Algérie, on est au stade de son évaluation. Il souligne même que le pays ne dispose pas des moyens logistiques, techniques et économiques pour l’exploiter comme c’est le cas aux Etats-Unis par exemple.
« Si bien qu’à l’heure actuelle, l’exploitation d’un puits de gaz de schiste avec les moyens dont nous disposons nous coûtera 10 à 15 millions de dollars US, alors qu’aux Etats-Unis son prix est de 3 millions USD », a-t-il appuyé. Pour Nazim Zouiouèche, ex-P-DG de Sonatrach et expert international en énergie, l’exploitation des gaz de schiste pose deux problèmes : le premier réside dans son coût et le second dans la durée de vie d’un puits d’hydrocarbures non conventionnels. L’Algérie n’a non seulement pas les moyens logistiques d’exploiter ces gaz dits non conventionnels, mais, en plus, le coût d’exploitation sera plus cher que le prix de vente, ce qui reviendrait à travailler à perte », a-t-il lancé confirmant l’avis de M. Attar. « Au bout d’un an de production, un puits d’hydrocarbures non conventionnels décline de 40%, a-t-il expliqué, contre moins de 10% pour un puits d’hydrocarbures dits conventionnels », relève-t-il. Pour Amor Khelif, directeur de recherche au Centre de recherches en économie appliquée pour le développement (Cread), le développement du gaz de schiste ne fera qu’empêcher l’Algérie de diversifier son économie. Chez les opposants au gaz de schiste, le constat est sans appel : le gaz de schiste n’est pas une priorité pour l’Algérie ajoutant que l’accent doit être mis sur les énergies renouvelables.
Youcef Yousfi seul contre tous !
Selon les statistiques des organismes internationaux spécialisés, l’Algérie renfermerait le troisième potentiel d’hydrocarbures non conventionnels (de schiste), derrière la Chine (1re) et l’Argentine (2e). Un pays comme la Chine aurait pu être un pionnier dans le domaine, soulignent les trois experts. Or, le 21 mai dernier, Pékin a signé avec Moscou un méga-contrat d’approvisionnement en gaz d’une valeur de 400 milliards de dollars (291 milliards d’euros). Presque seul contre tous, le ministre algérien de l’Energie Youcef Yousfi continue de défendre l’option du gaz de schiste affirmant que les « tentatives de diabolisation » du schiste visaient les pays producteurs qui prônent « le nationalisme énergétique » pour asseoir leur souveraineté sur leurs ressources naturelles.
Le ministre a reconnu au moins qu’une partie des opposants à l’exploitation de ce gaz étaient « sincères », car « la peur de ce qui est nouveau » accentue leurs craintes. « Il y a la peur de ce qui est nouveau, les gens qui ignorent sont sincères, il faut leur expliquer. C’est ce que nous faisons aujourd’hui », a déclaré le ministre lors d’une de ses sorties sur le terrain assurant que « le gouvernement n’a rien à cacher » sur ce dossier. Répondant aux accusations de certains partis politiques qui ont considéré que l’autorisation accordée par le Conseil des ministres pour des forages pilotes du schiste comme une continuité de la politique de « la rente pétrolière », le ministre a affirmé que l’Algérie est contrainte, à moyen terme, de compter sur cette manne financière pétrolière pour financer son développement. Pour Nazim Zouiouèche, le résultat du 4e appel d’offres de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) lancé en janvier 2014 et dont les résultats ont été dévoilés dernièrement, traduit l’« échec » de la nouvelle stratégie énergétique du gouvernement qui consiste notamment à miser sur les ressources non-conventionnelles (gaz de schiste) pour attirer les investisseurs étrangers dans l’amont pétro-gazier.
« L’absence des offres sur les périmètres renfermant des ressources non conventionnelles a été un échec cuisant. Les parcelles destinées à l’exploitation de l’énergie non conventionnelle représentaient 50% des périmètres proposés pas Alnaft, mais aucune offre n’a été reçue dans ce sens », a-t-il analysé. De son côté, Sid Ali Betata, P-DG d’Alnaft, a défendu le 4e appel d’offres en soulignant que l’Algérie tenait à l’exploitation de toutes les ressources disponibles pour asseoir son indépendance énergétique.