La colère des jeunes chômeurs de manière générale et particulièrement celle des chômeurs du Sud – sortis dans la rue pour réclamer à cor et à cri le droit au travail – a conduit le gouvernement à faire certaines concessions, notamment le recours «systématique», encore cette année, à une loi de finances complémentaire.
La grogne des jeunes chômeurs oblige, le gouvernement lâche du lest. La colère des jeunes chômeurs de manière générale et particulièrement celle des chômeurs du Sud – sortis dans la rue pour réclamer à cor et cri le droit au travail – a conduit le gouvernement à faire certaines concessions, notamment le recours, encore cette année, à une loi de finances complémentaire qui est devenue systématique. A celle-ci, malgré les mesures de «prudence» prises par le gouvernement, vient s’ajouter une batterie de mesures urgentes en faveur de l’emploi pour absorber la colère des jeunes chômeurs du Sud. Intervenant hier les ondes de la Radio nationale, le ministre des Finances, Karim Djoudi a confirmé le recours encore cette année à une loi de finances complémentaire (LFC) pour, dit-il,
«prendre en charge les nouvelles dépenses urgentes et imprévues de 2013». Djoudi a rappelé, d’autre part, que la loi de finances pour 2013 consacre 4 335 milliards de dinars pour les dépenses de fonctionnement. Ceci dit, la masse salariale prise en charge par le budget de l’Etat est estimée à 2 600 milliards DA en 2013 (plus de 34 milliards de dollars) alors que les transferts sociaux atteignent 1 300 milliards DA (17 milliards de dollars), a indiqué mardi à Alger le ministre des Finances Karim Djoudi. En outre, le premier argentier du pays a précisé que la LFC prendra en charge, entre autres, le coût budgétaire des préparatifs de l’organisation de la manifestation culturelle «Constantine capitale de la culture arabe pour 2015», a précisé Djoudi sur les ondes de la Radio nationale.
Quant aux dépenses inscrites dans le cadre du programme de soutien à l’emploi et à l’investissement dans le Grand Sud, annoncé récemment par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, il a souligné que le recours à une enveloppe budgétaire supplémentaire relative à ce programme n’était pas encore tranché. «Si nous avons besoin de recourir à des crédits supplémentaires pour prendre en charge le programme du Grand Sud nous le ferons», a-t-il dit en rappelant que la loi de finances initiale de 2013 comportait déjà une enveloppe pour l’investissement dans le Sud, notamment dans le cadre du Fonds du Sud et des Hauts Plateaux. Sur une question de savoir si le retour systématique aux lois de finances complémentaires ces dernières années témoignait d’une «incapacité de maîtrise de la dépense» chez le gouvernement, une observation d’ailleurs faite par des experts et des parlementaires, Djoudi a assuré que ce n’était pas un problème de manque de prévisions.
«Ce n’est pas un problème de prévisions en tant que tel mais juste le besoin de prendre en charge les nouveaux projets d’urgence qui apparaissent», a-t-il argumenté. Fin 2012, Sellal avait avancé que de nouvelles facilitations au profit de l’investissement pourraient être introduites par la loi de finances complémentaire de 2013.
La loi de finances initiale de 2013, qui n’a pas introduit de nouveaux impôts mais seulement des incitations fiscales au profit des PME, prévoit une hausse de 10% des recettes et une baisse de 11% des dépenses par rapport à 2012, avec un déficit budgétaire avoisinant les 19% du PIB. Auparavant, le département de Djoudi avait averti que l’Algérie avait besoin d’une approche plus prudente en matière de dépenses, notamment celles de fonctionnement qui auraient atteint leur plafond en 2012. Adoptée à la majorité en novembre dernier par le Parlement, la loi de finances 2013 doit permettre la mise en œuvre sur le terrain des objectifs du plan d’action du gouvernement Sellal ainsi que l’avant-dernière tranche du plan quinquennal du président de la République. Aussi, cette loi traduit dans la forme les préoccupations des citoyens, celles de l’emploi surtout, tout en veillant sur les équilibres macro-financiers de l’Algérie. Karim Djoudi avait expliqué qu’il n’était pas question de revenir sur les dépenses induites, entre autres, par le soutien des dispositifs d’aide à la création d’emploi, les postes budgétaires et les transferts sociaux. En revanche, il y aura réduction sur les dépenses de fonctionnement de l’Etat et du déficit du Trésor et diminution des dépenses des équipements.
Par Yazid Madi