En visite aujourd’hui à Tripoli Medelci «à l’écoute des responsables libyens»

En visite aujourd’hui à Tripoli Medelci «à l’écoute des responsables libyens»
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«Il n’y a rien à normaliser entre deux pays qui ont des relations normales». C’est ce qu’a déclaré hier Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, en marge de la cérémonie d’ouverture de la session de printemps 2012 de l’APN, à la veille de son départ pour Tripoli.

En effet, pour le chef de la diplomatie les relations entre l’Algérie et le Conseil de transition libyen (CNT) sont parfaitement normales, et que par conséquent «il n’y a rien à normaliser». Voilà ce qui annonce la fin, du moins pour l’Algérie, des zones de turbulences et tout semble donc rentrer dans l’ordre dans le ciel algéro-libyen en attendant de filer le parfait amour. Il est évident qu’il y va de l’intérêt des deux pays, condamnés à partager un avenir commun, d’avoir des relations «normales» voire même de les consolider, d’autant plus que le mot d’ordre en ce moment chez les dirigeants maghrébins est la reconstruction de l’UMA (Union maghrébine arabe) notamment dans la conjoncture actuelle où les relations intermaghrébines demeurent une nécessité incontournable pour faire face aux nouvelles exigences et aux nouveaux enjeux tant nationaux, régionaux que mondiaux.

C’est donc dans cet esprit de conciliation et de réconciliation que Mourad Medelci a favorablement répondu à l’invitation de son homologue libyen, Achour Saad Ben Khayal, en se rendant aujourd’hui à Tripoli pour une visite de travail d’une journée. Une première visite d’un responsable algérien depuis la chute du régime de Mouammar Kaddafi, au cours de laquelle les deux parties vont «examiner tous les points, et surtout écouter nos amis libyens sur ce qu’ils considèrent comme les points d’ancrage les plus importants de nos relations bilatérales», a fait savoir le chef de la diplomatie algérienne. Et d’ajouter que sa visite est une «étape parmi une série de visites à effectuer dans les deux pays». Il rappellera dans ce contexte, la rencontre du président Bouteflika avec Mustapha Abdeljalil, président du CNT libyen, les entretiens entre les Premiers ministres des deux pays à Addis-Abeba, ainsi que la visite effectuée, il y a quelques semaines, par une importante délégation algérienne conduite par le secrétaire général du ministère de l’Intérieur. Pour Amar Belani, porte-parole du MAE, cette visite s’inscrit dans le cadre de «la concertation politique sur des questions d’intérêt commun» et «intervient dans le prolongement des contacts établis à différents niveaux entre les deux pays dont la volonté est de renforcer leurs relations de coopération pour les hisser au niveau de la qualité des liens fraternels et historiques qui unissent leurs deux peuples».

Rappelant dans ce contexte que l’Algérie a exprimé à maintes reprises et dans différents fora son soutien aux efforts menés par le gouvernement libyen pour «restaurer la stabilité du pays en faisant face aux défis sécuritaires, et pour consolider la transition démocratique dans le cadre de la mise en œuvre de la déclaration constitutionnelle d’août 2011». Ainsi, le rapprochement des deux pays devrait leur permettre, notamment, de collaborer dans le domaine sécuritaire, en dégradation dans la région depuis le début du conflit et accentué par la circulation des armes détournées de l’ex-armée de Kaddafi. C’est d’ailleurs dans cette perception des choses qu’un procès-verbal a été signé à Alger en février dernier entre les deux pays, à l’issue de la réunion de la commission conjointe de sécurité algéro-libyenne.

LG Algérie

Ceci étant, faut-il rappeler que les relations entre l’Algérie et le CNT libyen au pouvoir à Tripoli, depuis la chute en septembre 2011 du régime de Mouammar Kaddafi, n’ont pas toujours été au beau fixe. En ce sens où durant la révolution libyenne, le CNT a reproché à plusieurs reprises la position de «non-ingérence» de l’Algérie dans ce qui a été le conflit libyen. Le CNT, plus d’une fois, fera dans la provocation et ira même jusqu’à accuser l’Algérie de soutenir le régime de l’ex-guide libyen et de lui fournir de l’aide, dont des mercenaires, pour étouffer la révolution libyenne. Et d’ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, le CNT libyen a menacé de rompre ses relations diplomatiques avec ses «pays voisins» qui refusent l’extradition des membres de la famille Kaddafi réfugiés en Algérie. Mais face à ces provocations, l’Algérie a su garder la tête froide, affirmant par la voix de son chef de la diplomatie qu’il n’y a «aucune ambiguïté» dans la position algérienne concernant le conflit en Libye, et que l’Algérie a marqué sa «différence» au début du conflit «tout simplement parce qu’elle a porté l’espoir que l’affaire libyenne va être réglée par la paix sans intervention d’une force étrangère». Il estimera que sa neutralité vis-à-vis de ce conflit ne signifiait aucunement une complicité avec le régime de Kaddafi. Quant à l’extradition des membres de la famille Kaddafi, Dahou Ould Kablia, ministre de l’Intérieur, a récemment formellement démenti une demande du CNT libyen, soutenant que «l’Algérie n’a pas encore pris connaissance d’une telle demande».

Par Lynda Naili Bourebrab