EN U-17: L’Algérie voit déjà plus loin

EN U-17: L’Algérie voit déjà plus loin

Des internationaux dans les plus grands championnats et une qualification pour la Coupe du Monde de la FIFA 2010 à portée de main : l’Algérie revient sur le devant de la scène. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Car derrière ces porte-drapeaux, c’est tout le football national qui renaît. En témoigne la qualification des U-17 pour la Coupe du Monde de la FIFA 2009, la première dans l’histoire du pays. Avant de s’envoler pour le Nigeria, son sélectionneur Otmane Ibrir s’est entretenu avec FIFA.com pour évoquer les ambitions algériennes.

« Nous sommes conscients que notre football est en plein renouveau et nous voulons y jouer un rôle » lâche d’entrée l’homme qui a mené les jeunes Fennecs à leur première épreuve reine de la catégorie. « Pendant longtemps, on est resté à la traine. Pas par manque de volonté, mais de moyens. Aujourd’hui, on essaie de changer les choses et notre football en profite à tous les niveaux. » Sa modestie l’empêche de le reconnaître, mais Ibrir est l’un des principaux acteurs de cette renaissance.



A son arrivée à la fédération algérienne en janvier 2007, l’ancien international espoir se lance dans la mise en place de la première académie de football du pays. « Avec l’organisation de la CAN Cadets en Algérie en 2009, nous voulions pouvoir aligner une équipe compétitive », explique-t-il. « On a fait les premiers stages entre février et juin 2007 puis on a créé, avec le concours du ministère de l’éducation, cette académie au lycée sportif d’Alger. Les joueurs sélectionnés suivent leur cycle scolaire tout en effectuant en parallèle la préparation sportive. » Aujourd’hui, trois promotions ont déjà fait leurs classes, dont celle qui se rendra au Nigeria. Une première récompense pour le travail effectué.

Ecrire l’histoire

« Je répète souvent à mes joueurs qu’ils sont en train d’écrire l’histoire du foot algérien et que demain, ils pourront dire à leurs enfants ‘j’ai participé à ce renouveau’ », ajoute Ibrir, qui a fait l’essentiel de sa carrière de joueur au Canada. »Nous voulons progresser et réussir, pas simplement pour nous, mais pour toutes les générations qui nous suivront. La Coupe du Monde n’est pas la ligne d’arrivée. C’est une étape, importante certes, mais une simple étape dans le processus de reconstruction. »

Faut-il y voir un manque d’ambition ? « Au contraire ! », rétorque l’ancien joueur de l’Impact de Montréal.  « Soyons réalistes, nous allons jouer contre des équipes qui ont une expérience et des structures largement supérieures aux nôtres. Mais nous jouerons sans complexe pour faire honneur à l’Algérie. Pas seulement au niveau des résultats, mais aussi du comportement et du fairplay. » L’Uruguay, l’Italie et la République de Corée, adversaires algériens dans le Groupe F, sont prévenus : ils affronteront une équipe aussi motivée que respectueuse.

Face à des adversaires aussi expérimentés, Ibrir sait que sa formation ne part pas favorite mais garde la qualification dans un coin de la tête. « Notre objectif est d’atteindre le deuxième tour », confirme l’ancien sélectionneur des U-17 canadiens. « Je sais de quoi mon équipe est capable quand elle évolue à son meilleur niveau. Mais je ne sais pas si ça va suffire si les autres équipes sont aussi à leur meilleur niveau ! Si on ne passe pas, il faudra positiver car on aura acquis de l’expérience pour aider au développement de notre football. »

Faire progresser le football national, un leitmotiv dans la bouche d’Ibrir, conscient que son pays sort de 20 années de vaches maigres. Educateur dans l’âme, l’entraîneur des jeunes Verts a aussi une grande culture tactique, dont il se sert pour faire changer les mentalités. « Au Canada, j’ai travaillé avec  des entraîneurs renommés, français, allemands et hollandais. J’ai une culture tactique internationale », explique-t-il. « Mais mon point de départ pour travailler, c’est le profil du footballeur algérien. Avec ses qualités et ses défauts. »

Apprendre à défendre

« Disons que le footballeur algérien n’est pas naturellement porté vers la défense », précise-t-il en riant de son euphémisme. « Nos joueurs sont doués techniquement, vifs et rapides. Le problème, c’est quand on n’a pas le ballon. On doit apprendre à bien défendre. J’essaie de donner à mon équipe une culture défensive qu’elle n’a pas et qu’on n’a jamais eue en Algérie. » Mais les Fennecs ont d’autres atouts.  » Nous jouons en mouvement, en essayant d’allier technique, rapidité et disponibilité. C’est notre seule chance car physiquement, nous ne serons jamais aussi puissants que les joueurs d’Afrique noire ou d’Allemagne. »

L’Allemagne justement, l’Algérie l’a rencontrée lors de son dernier stage de préparation. Et les Nord-Africains s’en souviendront. « Nous avons perdu 6:0. Ça a été un réveil brutal », regrette Ibrir. « Mais ça nous a permis de mesurer l’écart qui nous sépare encore du très haut niveau. »

Pas de quoi doucher l’enthousiasme algérien cependant. « C’est la meilleure manière de réaliser la difficulté d’une Coupe du Monde », conclut Otmane Ibrir. « On se frotte au très haut niveau. C’est un investissement sur le long terme dont les joueurs se serviront dans les catégories supérieures. Cela permettra au football algérien de poursuivre son renouveau. » Quand on vous dit qu’il n’a que ce mot-là à la bouche…