Je donnais la semaine dernière dans ces colonnes des exemples d’informations et d’analyses biaisées ou fausses que diffusent certains médias étrangers sur l’économie algérienne. De bonne foi ou , peu importe, cette mauvaise image renvoyée coûte cher à l’économie algérienne. Car, nonobstant la récurrente question du climat des affaires, les conditions d’insertion internationale de l’économie algérienne, notamment en matière d’échanges économiques et d’investissements, sont toujours corrélées à l’image donnée ou perçue.
Aussi la priorité fixée par le nouveau ministre de la Communication visant à améliorer l’image du pays à l’étranger me semble tout à fait fondée sous réserve qu’il y inclue l’image économique. La tenue de la Foire internationale d’Alger est un moment récurrent et particulier pendant lequel la communauté internationale des affaires se forge une conviction sur la pratique des affaires en infirmant ou en validant les visions fausses véhiculées par certains médias. D’où l’intérêt de rénover la nature et le contenu des messages émis lors de la tenue des Foires internationales d’Alger et autres salons spécialisés.
C’est de la responsabilité conjointe des institutions concernées du pays et de la communauté nationale des affaires. Les avis peuvent diverger sur un certain nombre de points de politiques économiques entre les deux séries d’acteurs ; cela est dans la nature des choses et se traite dans les canaux appropriés de concertation et de dialogue social. Mais l’intérêt de ces deux parties en matière de sauvegarde de l’image et de messages émis est commun, sachant par ailleurs que les insuffisances et contraintes de l’économie du pays sont largement analysées par les économistes algériens sans aucun tabou.
Nul n’est besoin d’en rajouter d’autant que les avancées de l’économie algérienne sont rarement mises en exergue. Alors, à titre d’exercice, examinons, en partant des conditions de préparation et de déroulement de la 47e Foire internationale d’Alger, la valeur ajoutée de cette dernière en matière d’image et de message économiques et les insuffisances enregistrées en la matière. J’observerai d’abord que le casting a été bon. Le choix des États-Unis comme invité d’honneur par exemple.
Ce faisant, le message lancé traduit la volonté algérienne d’aller vers l’équilibre de la balance commerciale, excédentaire à notre profit, par l’acquisition, en partenariat ou non, des technologies tangibles et intangibles dans les secteurs de la pharmacie, des TIC, des biens d’équipements électriques mais aussi des biens d’équipements hydrocarbures. Deuxième chose : la tendance à la parité dans la participation se renforce. Ainsi sur 1 045 entreprises présentes 453 sont nationales et 592 sont étrangères.
Enfin le plus important est dans l’information donnée par le journal en ligne Huffpost Maghreb qui parle d’une “Foire internationale très partenariat” en relevant que “30% des entreprises algériens de la Foire ont noué des partenariats avec des entreprises étrangères”. Ce media nous a donné en prime un article intéressant et pertinent sur la “Foire internationale d’Alger, 47 éditions, 50 ans d’histoire” (huffpostmaghreb.com).
À l’inverse le choix de placer l’événement sous le signe d’“une Algérie forte et sereine” me paraît moins porteur. Non pas que cela ne soit pas vrai, mais c’est trop générique pour le monde des affaires et en vérité plus approprié pour une campagne d’élections politiques que pour un événement économique de cette nature. J’ajouterai pour être complet que la prestation du Premier ministre lors de l’inauguration a recadré le message. Il a eu, cette fois-ci, la bonne formule pour les participants : “Vendre vos produits c’est bien, les produire sur place c’est mieux”.
La déclaration d’Henry S. Ensher, ambassadeur des États-Unis à Alger, en direction surtout des entreprises américaines présentes, est intéressante à relever en termes de nature du message émis. Il a ainsi insisté sur le fait que “le marché algérien a des potentialités importantes, des ressources humaines qualifiées développées et une croissance économique soutenue”. Cela contribuera à ouvrir la voie à des partenariats technologiques et industriels innovants qui s’appuient sur un marché algérien émergent solvable. L’approche contractuelle déjà engagée par Sonelgaz avec son partenaire General Electric peut servir de modèle.
D’autres filières, hors hydrocarbures, telles que la pharmacie, l’agroalimentaire, les TIC par exemple vont probablement suivre. En conclusion, un tel type de choix d’invité d’honneur devra être reproduit systématiquement avec les autres pays grands partenaires économiques. Mais au préalable, il convient de se fixer les objectifs qu’on souhaite atteindre, de sorte à peser sur le volume et la structure des échanges bilatéraux en fonction de notre stratégie industrielle. Pour ce faire, deux conditions sont à réunir : une coordination intersectorielle opérationnelle et flexible et une vision économique prospective claire. Est-ce le cas aujourd’hui ? Je vous avoue ne pas le savoir.
M. M