Et maintenant autour des Syriens de faire leur révolution. Au moins une centaine de personnes ont été tuées mercredi 23 mars à Deraa, noyau de la contestation contre le pouvoir en Syrie qui a débordé dans des villes voisines malgré un déploiement massif de l’armée et des forces anti-émeute. Agé de 45 ans, le président Bachar Al Assad a hérité du pouvoir en juillet 2000 à la mort de son père Hafez Al Assad.
Selon des témoins et des militants des droits de l’Homme, ce sont au moins une centaine de personnes qui ont été tuées mercredi à Deraa, principal foyer de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad dans le sud de la Syrie.
« Nous avons reçu 25 cadavres mercredi, à 17 heures. Ils avaient tous des traces de balles », témoignait un responsable de l’hôpital de Deraa.
Mercredi, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des centaines de jeunes qui marchaient dans cette ville proche de la frontière jordanienne, au cri de « Liberté ».
Des manifestations ont été recensées dans tout le pays depuis une semaine. A Damas et en province, des affiches réclamant la « Liberté » commencent à remplacer celles omniprésentes consacrées à la gloire du président Assad et aux « réalisations historiques » du parti Baas.
Au pouvoir depuis bientôt un demi-siècle, ce parti gouverne en vertu de l’état d’urgence.
Des organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé jeudi des arrestations massives en Syrie, dont celle d’un étudiant blogueur.
Un étudiant en journalisme et blogueur syrien, Ahmad Hadifa, 28 ans, a été arrêté aujourd’hui à Damas par les services de sécurité, a indiqué l’Observatoire syrien pour les droits de l’Homme (OSDH) dans un communiqué.
M. Hadifa avait déjà été arrêté pendant six jours en février sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui, selon l’ONG.
Il a été interpellé « en raison de ses activités sur Facebook en faveur des protestations à Deraa » (sud), fief de la contestation, a précisé l’OSDH, dénonçant l’arrestation du blogueur ainsi que « les arrestations sans précédent de militants de la société civile lancées par les services de sécurité ».
Amnesty International a ainsi dressé une liste de 93 personnes arrêtées ce mois-ci dans plusieurs villes de Syrie, tout en estimant dans un communiqué que « le nombre réel de personnes arrêtées est vraisemblablement beaucoup plus élevé ».
Il s’agirait de personnes âgées de 14 à 45 ans, comprenant des étudiants, des intellectuels, des journalistes et des militants.
Les autorités syriennes ont imputé ces victimes à un « gang armé ». Ce « gang armé a attaqué après minuit une équipe médicale dans une ambulance qui passait près de la mosquée Al-Omari, tuant un médecin, un aide-soignant et le chauffeur », a affirmé l’agence officielle Sana.
« Les forces de l’ordre qui étaient proches des lieux sont intervenues, elles ont pu toucher certains et arrêter d’autres » membres de la bande armée, a ajouté l’agence.
La Syrie est dirigée depuis 2000 par Bachar Al-Assad, 45 ans, élu en juillet 2000 à 97,62 % des suffrages. Fils cadet de l’ancien président Hafez Al-Assad (1930-2000), Bachar avait, à l’origine, une faible appétence pour la politique.
À la mort de son père, le parlement syrien amende la constitution pour abaisser l’âge minimum du candidat à la présidentielle de 40 à 34 ans.
Du sur mesure pour Bachar, promu deux jours plus tard général en chef des forces armées syriennes. Le parlement le propose président le 25 juin 2000.
Il est reconduit après sa victoire avec 97,62% lors d’un référendum présidentiel organisé le 27 mai 2007.