La gestion hasardeuse, dont a fait l’objet cette caisse sociale depuis plusieurs années déjà, a tout simplement fini par la placer au bord du dépôt de bilan.
Si nous n’en sommes pas encore là, certes, la tendance n’en finit plus de se préciser sous l’oeil impassible des responsables concernés.
Le siège de la direction générale de la CNAS (Caisse nationale d’assurance sociale), qui a récemment vécu un sérieux mouvement de protestation déclenché par les travailleurs, risque fort de renouer avec la grogne sociale. C’est, en tous cas, ce que nous apprenons de sources proches de cette caisse sociale.
Ces dernières évoquent une gestion basée sur «l’intimidation» face au silence complice d’un syndicat UGTA aux ordres. Nos sources en veulent pour preuve le fait que désormais toute demande de mutation est suivie d’un transfert vers une antenne excentrée, ce qui s’apparente à une forme de «sanction », ajoutent que l’état général du bâtiment principal, que notre journal avait déjà visité, revenant avec des photos fort éloquentes, a encore empiré.
Cet édifice préfabriqué, dont la durée de vie est largement dépassée, recèlerait également de l’amiante. Plusieurs travailleurs en souffrent. Certains ont même contracté des maladies, et développé des allergies sans toutefois arriver à prouver que c’est lié à leurs conditions de travail.
Comment en aurait-il été autrement, du reste, puisque la loi de l’omerta a pratiquement été imposée au niveau de l’ensemble des directions et des services ? Voilà pourquoi, par exemple, personne ne sait que la CNAS est en rupture de stocks en ce qui concerne les cartes Chifa.
Cette situation, qui dure depuis quelques semaines déjà, précisent encore nos sources, a toutes les chances de perdurer jusqu’au début de l’année prochaine, avec tous les tracas que cela engendrerait pour les assurés sociaux.
Cette rupture de stocks, en tous cas, trahit la mauvaise gestion et les manques de moyens dont souffre cette caisse à cause de ses choix stratégiques tout simplement suicidaires. La CNAS, en effet, engrange de moins en moins d’argent.
Plusieurs raisons expliquent cet état de faits. D’abord, les cotisations sont en baisse constante à cause de la crise du chômage, de la réduction des emplois publics et du fait que le privé est souvent mauvais payeur, quand il ne verse pas carrément dans la fraude sociale, soit en omettant de déclarer ses employés, soit en «bidouillant» leurs fiches de paie afin de donner le moins d’argent possible à la CNAS.
Il faut ajouter à cela une population algérienne en continuel vieillissement. Or, les dépenses de la CNAS n’en finissent plus de grimper. Celle-ci honore une moyenne de 50 millions d’ordonnances par an. Avec la hausse continuelle des prix des médicaments, on ne peut que déduire que ses dépenses évoluent de manière exponentielle.
Cela a fortiori que la population aussi est en continuelle hausse, de même que le nombre d’assurés sociaux. Voilà pourquoi les experts avaient estimé, à juste titre, à l’époque qu’il était suicidaire de généraliser le tiers payant à tous les assurés sociaux. Cela a tout simplement fait exploser les dépenses de la CNAS.
Plus grave encore, maintenant cette caisse pense à se faire conventionner avec les médecins, les spécialistes, les ophtalmologistes, les hôpitaux, les cliniques privées, les laboratoires d’analyses médicaux… Autant dire que c’est la ruine assurée qui guette cette caisse où la grogne de ses employés n’en finit plus de gronder en sourdine. Jusqu’à quand ? Là est la question…
Ali Oussi