Pour le porte-parole du Conseil des lycées d’Alger, la stabilité du secteur de l’éducation est synonyme de stagnation. La conférence nationale sur l’éducation est l’un des acquis des mouvements de contestations selon Idir Achour, qui revendique le droit de grève.
Qu’elle soit illimitée ou renouvelable, la grève pour la plupart des syndicats de l’éducation a été la seule arme pour obtenir leurs revendications. C’est ce que laisse entendre le représentant du Cla en marge de la conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l’école. Pour Idir Achour il est faux de dire que c’est la stabilité qui fera avancer le secteur de l’éducation nationale. Au contraire, c’est grâce aux mouvements de grève que les travailleurs ont pu acquérir leurs droits et l’organisation de la conférence actuelle en est la preuve. «Le secteur de l’éducation est arrivé aujourd’hui à ces débats grâce au mouvement qu’il a connu », insiste-t-il avant de poursuivre que c’est le même mouvement qui a permis d’être dans une dynamique. «La stabilité est synonyme de stagnation du secteur. Les problèmes se règlent parce qu’il y a un mouvement et une dynamique», maintient-il encore en réponse au premier ministre qui avait lors de son discours d’ouverture, qualifié les grèves illimitées d’inacceptables. S’agissant par ailleurs des propositions du Cla, lors de ce rendez-vous, Idir achour a souligné qu’il s’agirait de quatre principaux points qu’il faut absolument prendre en considération. Il a cité dans ce sens, la nécessité d’une formation pour les formateurs parce qu’il estime que pour avoir un bon enseignant il faudra programmer des formations continuent et de qualité. Le deuxième point c’est la dégradation des infrastructures scolaires qui démotivent et les enseignants, et les élèves que la tutelle et les autorités concernées doivent absolument régler. Il s’agira également de mener une compagne politique pour redonner au savoir sa valeur dans la société. Le dernier point concerne selon Idir Achour toujours la réforme de l’enseignement secondaire. Le Cla propose dans ce sens, d’aller vers l’allégement de la durée de l’enseignement secondaire de trois à quatre ans pour permettre de compiler le vide pré-requis des élèves. Le même syndicat se dit contre, de l’approche par compétence qui est entrain d’être mise en place car ce sont les compétences qui doivent être au service du savoir et non pas le contraire.
La stabilité contre l’application des promesses pour l’UNPEF
Du côté de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF), le maintien de la stabilité dans le secteur de l’éducation nationale est automatiquement lié au respect de la tutelle à ses engagements.
Nous sommes prêts à assurer la stabilité du secteur de l’éducation pour période de 10 ans, mais à condition que les travailleurs retrouvent leur dignité et que la tutelle applique ses promesses sur le terrain, a déclaré le secrétaire général de l’UNPEF, Amraoui Messaoud qui explique que les travailleurs ne sont pas des amateurs de grèves, mais les circonstances les ont imposés.
Selon lui, le dialogue n’a pas donné ses fruits et c’est ce qui a poussé les enseignants à la grève. Concernant la conférence sur l’évaluation de l’école, Amraoui dira qu’il a été surpris de voir un programme différent de celui qui leur a été soumis auparavant. Les thèmes des ateliers de travail a été changé, regrette-il avant de poursuivre que le débat ne sera pas à la hauteur puisque son syndicat ne s’y était pas bien préparé. Pour le syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), il est impératif de revoir la méthode de l’enseignement depuis le primaire. Le secrétaire général de ce syndicat, Boualem Amoura, propose dans ce contexte de revenir à 6 ans pour le cycle primaire. Il faudra également, poursuit-il de revoir les coefficients des matières, ainsi que le volume horaire dans le cycle moyen. Pour le secondaire, il propose de passer à la spécialisation et à l’introduction de l’enseignement technique.
Pour ce qui est par ailleurs du bac, le Satef propose de passer vers un bac de deux parties (première partie du bac concerne les matières secondaires) pour les différentes filières et en terminal, il sera question de passer les matières essentielles. Concernant la fiche technique, le même syndicat se dit, contre son application parce qu’il y a des enseignants qui gonflent les notes de leurs élèves.
Pour sa part le coordinateur national du Cnapest, Nouar Larbi propose de donner plus d’importance aux matières structurantes comme les maths et les langues dans le cycle primaire. Pour les autres matières, il estime qu’elles doivent être étudiés autant qu’étude de texte et ce, afin de renforcer les capacités de l’élève et développer l’esprit analytique chez lui. Par ailleurs, le représentant du Cnapest estime que le Bac devrait être un examen de réflexion. «Nous devons enseigner à nos élèves, comment ils doivent penser et non qu’est ce qu’ils doivent penser», recommande-t-il. Pour ce qui est des revendications socioprofessionnelles de son syndicat, Nouar larbi, indique qu’il a eu gain de cause, seulement est survenue à la suite d’une grève difficile autant pour les élèves que pour les enseignants.
Ania Nait Chalal