En remplacement de Kofi Annan : Damas soutient Lakhdar Brahimi

En remplacement de Kofi Annan : Damas soutient Lakhdar Brahimi
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Lakhdar Brahimi est-il réellement l’homme de la dernière chance, dans le dossier syrien? Pressenti pour succéder à Kofi Annan, comme médiateur onusien et de la Ligue arabe en Syrie, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères sait qu’il aura besoin du soutien formel du Conseil de sécurité de l’ONU, pour mener à bien sa mission. Le diplomate algérien ne veut certainement pas revivre l’expérience de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, le Ghanéen Kofi Annan qui avait été nommé, en février dernier, en charge des affaires syriennes, avant de démissionner le 2 août, en déplorant justement le manque de soutien des puissants parmi les 15, à sa mission. Même s’il a reçu des assurances de Damas, M. Brahimi sait pertinemment que la sortie de crise passera inévitablement par le Conseil de sécurité qui reste fortement divisé sur ce dossier. «M. Brahimi veut que le Conseil approuve sa nomination», a déclaré un diplomate, avant d’ajouter que cet adoubement est «crucial». Fort de son expérience en tant qu’envoyé de l’ONU en Afghanistan et en Irak, l’homme n’ignore pas également qu’il devra convaincre Moscou et Pékin. Depuis le début de la crise syrienne, il y a 17 mois, la Russie et la Chine ont opposé, à trois reprises, leur veto au Conseil de sécurité à des résolutions visant à faire pression sur le gouvernement syrien. Mais pour le moment, rien n’a été formalisé quant à la succession de M. Annan puisque les négociations, autour de cette nomination, ne sont pas encore terminées et la nomination de M. Brahimi devrait être annoncée, au début de la semaine prochaine. Le choix du diplomate algérien aurait été dicté par le SG de l’ONU, Ban Ki-moon alors que d’autres noms figurent sur une short list d’éventuels candidats pressentis au poste d’émissaire spécial. On y retrouve l’ancien secrétaire général de l’Otan Javier Solana, l’ex-président finlandais Martti Ahtisaari et l’ex-chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos.

Le Prix Nobel finlandais fait également partie, tout comme M. Brahimi, du groupe des «Elders» (anciens), qui réunit des personnalités œuvrant au règlement des conflits dans le monde, à l’image de l’ancien président américain Jimmy Carter ou l’archevêque sud-africain Desmond Tutu. Pour sa part, Washington n’a pas encore donné le nom de son favori à ce poste. Interrogée jeudi, par des journalistes sur la succession de M. Annan, l’ambassadrice américaine à l’ONU Susan Rice, tout en soulignant le travail accompli par ce dernier, a estimé qu’«il y a plusieurs modèles pour définir ce que doit être un envoyé spécial, quelle expérience doit-il avoir, quel doit être son rôle», sans pour autant se prononcer sur un candidat. Du côté des pays arabes, l’échec du plan de paix de Kofi Annan, imputé du reste, à Damas, justifie le désir de ses dirigeants, réunis depuis mardi en sommet extraordinaire, de suspendre la Syrie de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI). Une décision déjà prise par la Ligue arabe, fin 2011.



La nomination de Lakhdar Brahimi, dont on dit qu’il est proche des monarchies du Golfe, particulièrement de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite, ne ferait aucun doute du côté de la Ligue arabe dont les ministres des Affaires étrangères devaient discuter du nom du prochain médiateur international pour le dossier syrien. La réunion prévue, ce dimanche, a été annulée à la dernière minute.

SHORT LIST

Du côté de Damas, le gouvernement syrien soutiendrait la nomination de l’ex-ministre algérien, selon Ahmed Fawzi, porte-parole de Kofi Annan, repris par des médias occidentaux. Pourtant, on prête à M. Brahimi un coup de fil au ministre syrien des Affaires étrangères avec lequel, dit-on, il avait eu maille à partir. Il aurait trouvé un diplomate chaleureusement désireux de l’accueillir à Damas. Cependant, du côté des forces rebelles, les conditions exigées pour une rencontre s’avèrent plus complexes. Rappelons que dans le cadre de son plan de sortie de crise, M. Annan a effectué plusieurs visites en Syrie pour y rencontrer le président syrien Bachar el-Assad et les représentants de l’opposition extérieure et intérieure syrienne. Malgré tous les efforts déployés, son plan de paix en six points prévoyant cessez-le-feu, retrait militaire et transition démocratique, entre autres, est resté sans effets. Un diplomate onusien, parlant sous-couvert de l’anonymat, a indiqué que l’ONU et le Conseil pourraient être amenés à réviser le plan de paix de Kofi Annan. Le Qatar et l’Arabie Saoudite, dans le cadre de la Ligue arabe, chercheraient, en effet, à profiter de la démission de Kofi Annan pour réaménager son plan de paix et en faire une feuille de route avec, comme principal objectif, un changement de régime en Syrie.

Alors que le conflit s’aggrave, le Conseil de sécurité doit rapidement se prononcer sur l’avenir de la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (Misnus).

Le Conseil de sécurité a prolongé son mandat jusqu’au 19 août mais en avertissant que les observateurs partiraient si les conditions de sécurité et les perspectives de dialogue politique, entre pouvoir et opposition, ne s’amélioraient pas nettement. Et en évoquant les conditions de sécurité, l’attentat d’hier matin, visant une réunion d’officiers dans un bâtiment de l’état-major, situé à proximité de l’hôtel logeant la délégation de l’ONU, n’est pas pour arranger les choses. Revendiqué par les rebelles de l’Armée syrienne libre, l’explosion a eu lieu près d’un bâtiment appartenant à l’état-major général, dans un quartier résidentiel, en plein centre de la capitale, Damas.

Maher al-Nouaïmi, chef du bureau de coordination du commandement de l’ASL en Syrie, a affirmé à l’AFP que «150 personnes, dont 10 officiers qui sont en charge de réprimer les manifestations à Damas», participaient à cette réunion. Ce nouvel attentat intervient 9 jours après celui qui avait visé le siège de la radio-télévision. Le 18 juillet, quatre hauts responsables de la sécurité, dont le beau-frère du président Bachar al-Assad, avaient été tués dans un attentat à Damas, revendiqué par l’ASL.