La gare ferroviaire Agha d’Alger était paralysée, durant toute la matinée, d’hier par une grève des agents de sécurité de la Société nationale de transport ferroviaire (Sntif). Ils étaient presque une centaine d’agents à observer un arrêt de travail. Ils se sont même couchés à même les rails pour empêcher les trains de circuler. Ce n’est que vers 13 h que la téléopératrice a commencé à annoncer les nouveaux horaires des départs de trains, puisque le programme de la matinée a été complètement chamboulé, et ce, après satisfaction des revendications des grévistes.
Pour rappel, les agents sont à leur troisième mouvement depuis le début de l’année avec comme revendication principale la titularisation de quelque 850 agents. Ils réclament également d’inclure les heures supplémentaires et les déplacements dans leur système indemnitaire. De plus, les protestataires exigent la réintégration des 75 agents arbitrairement licenciés.
« Ici on vous licencie pour la moindre des choses, si on vous aperçoit avec un gobelet de café ou en train de feuilleter un journal vous êtes viré », témoigne Karim Rezak, licencié en 2005 alors qu’il avait assuré ses services même pendant le terrorisme, se défend-t-il. L’un de leurs représentants reçu par la direction de la SNTF, les invite à regagner leurs postes, parait-il que cette dernière a promis d’entamer la titularisation dès aujourd’hui à condition que les agents arrêtent leur grève.
Quoique sceptiques, puisque ils avaient déjà signé un P-V qui n’a pas été respecté. «Nous n’avons plus confiance en cette direction, la SNTF est une société de famille », diront-ils, tout de même, cette proposition a été acceptée et ils ont repris du service dans l’après midi.
En effet, les agents de sécurité ont observé leur première journée de protestation le mois de février puis en mai dernier de l’année en cours. La direction des ressources humaines de la SNTF avait, alors, décidé de titulariser 10 agents par mois et par région.
Soit un total de 40 agents pour les quatre régions, à savoir, d’Alger, Oran, Constantine et Annaba. Interpellée sur la mise en application de cette décision, pourtant contenue dans un P-V signé par les deux parties, la Sntf a répondu qu’une circulaire émanant du Premier ministre Ahmed Ouyahia exige du travailleur de justifier d’au moins dix années d’expérience.
C’est cette décision qui a irrité ces employés de la Sntf. Les dernières négociations avec la direction des ressources humaines, ont débouché sur la titularisation de 25 agents ayant plus de dix ans d’ancienneté chaque mois.
Ceux qui ne remplissaient pas cette condition auront un contrat de trois ans. D’ici le mois de février 2012, la direction aura régularisé tous les agents concernés. Les agents grévistes ont déclaré qu’ils ne vont plus tolérer qu’ «on piétine nos droits», ils menacent de reprendre leur mouvement de protestation au cas où cette décision ne serait pas appliquée.
D’après les protestataires que nous avons rencontrés sur les lieux, les responsables de la SNTF ont recruté presque une cinquantaine de jeunes en deux mois par la voie de l’Agence nationale de l’emploi (Anem), au détriment des plus anciens. Certains d’entre eux ont une expérience de plus de quatorze ans. L’État les avaient chargés de la protection des voyageurs et des biens pendant la décennie noire, précisent les grévistes.
Rebiha Akriche