Favoriser le recrutement au niveau local-une mesure prise par le gouvernement dans le sillage des contestations des chômeurs du Sud-est désormais une réalité palpable, notamment pour la société la plus prisée en Algérie, Sonatrach. La confirmation nous vient d’Oran : quelques 500 jeunes techniciens supérieurs en hydrocarbures seront recrutés, prochainement, au niveau de la zone pétrochimique d’Arzew.
C’est ce qu’a annoncé avant-hier, M. Abdelkader Benchouia, le vice président de l’activité Aval du groupe Sonatrach. Ce responsable a ajouté que «ces jeunes, résidant dans des zones proches de cette zone industrielle, à l’instar des communes de Bethioua, Ain El Bia, Arzew, Gdyel et Mers El Hadjadj, bénéficient de postes d’emploi au niveau des complexes du groupe Sonatrach d’Arzew, dans le cadre d’un plan d’emploi du groupe pétrolier algérien.»
Pour sa part, le wali d’Oran, M. Abdelmalek Boudiaf, s’est engagé à introduire de nouvelles spécialités liées aux métiers d’hydrocarbures, au niveau des centres de formation professionnelle de Bethioua et d’Arzew, qui se départagent dans l’une des plus grandes zones pétrochimiques du pays » en vue de faire accéder les jeunes de la région à des postes d’emploi ».
Notons qu’à l’instar du Sud, les communes de Bethioua, d’Arzew et d’Ain El Bia, ont connu, dernièrement, des mouvements de protestation de jeunes, ayant demandé de l’emploi dans la zone pétrochimique, et leur insertion après la fin de leurs contrats liés à la phase de réalisation des nouveaux complexes pétroliers. A vrai dire, le Wali d’Oran n’a fait qu’appliquer, à la lettre, les consignes du ministre de l’Intérieur et des collectivités locales. Celui-ci, s’adressant aux nouveaux walis, avait, pour rappel, insisté sur une réelle prise en charge des préoccupations des populations locales, en guise de réponse aux revendications des chômeurs du sud du pays. Il a, en outre, annoncé la signature d’une convention entre le ministère de l’Intérieur et celui de l’Energie et des mines pour la formation de la ressource humaine, et l’ouverture des postes d’emploi à la Sonatrach au profit des chômeurs de la région. Le ministre a, également, annoncé que des instructions seront bientôt adressées aux autorités locales pour « que tout recrutement dans les entreprises qui n’a pas l’aval de l’Agence de l’emploi, sera considéré comme nul et non avenu ». Plus loin encore, Ould Kablia, menace de sanctionner tous les responsables d’entreprises désobéissants. Dès lors, l’on se pose la question de la place des compétences dans cette mesure prise par le gouvernement, dans le contexte qu’on connaît, sachant que les experts de divers horizons tirent la sonnette d’alarme quant au déficit de celles-ci au niveau national. Les travailleurs étrangers, notamment les personnels d’encadrement, qui envahissent nos chantiers n’est qu’une preuve irréfutable de cette réalité que cette mesure pourrait bien accentuer. L’autre question qui vient à l’esprit des connaisseurs des réalités socioéconomiques algériennes, est la suivante : qu’en sera-t-il des régions où il n’y a pas d’industrie pétrochimique ou industrie tout court ? Il n’est un secret pour personne, que même dans le nord du pays -celles que les habitants du Sud accusent de » voler » les emplois- le chômage reste très élevé. Offrir les emplois de tout le Sud aux seuls habitants du Sud, peut, de ce fait, aggraver la situation. Partager les territoires en matière d’emplois, dans une économie non diversifiée se basant uniquement sur les hydrocarbures, peut prendre de nouvelles dimensions auxquelles l’appellation de » régionalisme » ne serait pas trop étrangère.

Par Hamid Fekhart