Le sucre est le quatrième d’importation en Algérie derrière les céréales, le lait et les huiles. L’Algérie importe en moyenne un million de tonnes de sucre par an
Les prix des matières premières alimentaires ont connu des fortunes diverses cette semaine, le cacao se stabilisant et le café poursuivant son repli, pénalisés par une baisse de l’intérêt des investisseurs, seul le sucre tire son épingle du jeu et poursuit sa hausse.
Après une période de sécheresse, les pluies qui tombent sur la ceinture caféière du sud-est du Brésil ont atténué les craintes sur les récoltes de 2011. De son côté, le Vietnam devrait exporter 19,5 millions de sacs cette année, soit 3 millions de sacs de plus que les estimations précédentes, alors que la production devrait également être abondante.
Les prix du sucre ont continué leur progression cette semaine, aidés par des inquiétudes sur l’offre. Les cours ont atteint vendredi dernier 683,20 livres la tonne à Londres, leur plus haut niveau depuis fin février.
Le surplus initialement prévu pour 2010/2011 est loin d’être aussi assuré qu’il y a quelques mois du fait de révisions de production à la baisse pour raisons météorologiques au Brésil, en Inde et en Russie. La récolte australienne, troisième exportateur mondial, devrait aussi être fortement affectée par de fortes pluies.
Quelles sont les conséquences pour notre pays ? Il faut savoir que l’Algérie importe en moyenne un million de tonnes de sucre par an (depuis 6 ans au moins) ; la consommation est estimée à environ 1,2 million de tonnes par an. Il est à noter également que le marché du sucre en Algérie est dominé par le groupe Cevital, qui projette d’arriver à produire 2 millions de tonnes par an.
Désormais, Cevital produit presque le double de la consommation algérienne, soit 1,8 million de tonnes dont 800 000 t sont destinées à l’exportation. On remarque que les capacités de production de sucre installées en Algérie se limitent au raffinage du sucre roux importé et le conditionnement du sucre blanc
Cette situation a fait du sucre le quatrième produit d’importation derrière les céréales, le lait et les huiles. Ces quatre produits détiennent les premiers postes d’importation avec environ 70% de la facture alimentaire totale.
Jusqu’à la fin des années 1980, l’industrie sucrière en Algérie a été sous le monopole de l’entreprise publique Enasucre (absence de concurrence et prise en charge de cette entreprise par l’Etat).
La décennie 1990 se distingue par un début d’ouverture vers l’investissement privé avec la création de plusieurs entreprises, notamment dans le secteur agroalimentaire.
Certaines de ces entreprises ont réussi à s’imposer rapidement dans leurs secteurs respectifs, à l’image du groupe Cevital pour le sucre. Ce succès est le résultat des gros investissements réalisés par ce groupe, mais également de l’environnement concurrentiel favorable (absence de concurrence, l’Enasucre étant en grosse difficulté financière) et le faible pouvoir de négociation des clients (entreprises de petite taille qui ne concentrent que 30% de la demande nationale).
L’analyse de la filière sucre algérienne révèle la dépendance totale du pays vis-à-vis des importations, mais aussi la faiblesse du tissu industriel en place.
Kamel Benelkadi